Les télécoms et Internet font plonger le marché
Après quatre ans d'euphorie, le marché publicitaire français atterrit brutalement. Selon TNS Media Intelligence, les investissements publicitaires 2001 ont reculé de 1,3 % en brut par rapport à 2000.
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«Nous ne sommes pas dans un contexte similaire à celui de 1993. Les signaux
économiques ne sont pas au rouge, les ménages restent optimistes, leur
consommation continue de progresser. » Pour Eric Trousset, directeur marketing
du pôle investissements publicitaires de TNS Media Intelligence France, le net
fléchissement du marché publicitaire français en 2001 traduit avant tout le
climat d'expectative dans lequel la France, et plus généralement le monde, est
plongé. En effet, si le marché affiche une baisse de 1,3 % en brut par rapport
à 2000, les investissements plurimédias, 14,1 Md€, restent en hausse de 9 % par
rapport à 1999. La perte de 193 M€ s'explique par le retrait massif de trois
secteurs clés. A commencer par les télécoms. A elle seule, la baisse des
investissements de ce secteur est supérieure à celle du marché dans sa
globalité (- 23 %, soit 309 M€). Autre poids lourd, la distribution a également
moins investi en 2000 (- 5 %, soit 78 M€), tout comme le tourisme. Frappé de
plein fouet par les événements du 11 septembre, le secteur a mis un frein à ses
investissements (- 10 %, soit 44 M€). Aux côtés de ces marchés en berne,
certains secteurs ont fait preuve d'un dynamisme retrouvé. C'est le cas
notamment de la beauté et des boissons. Portée par l'innovation, la beauté fait
une belle percée avec des investissements en hausse de 7 % en 2001, après une
augmentation de 5 % en 2000. Quelques annonceurs ont ainsi fait exploser leurs
budgets publicitaires, à commencer par Roc (+ 59,5 %), Guerlain (+ 23 %),
Beiersdorf (+ 23 %), Procter & Gamble (+ 22 %) et LaScad (+ 14,5 %). Sur le
marché des boissons, l'arrivée d'une flopée de nouvelles marques d'eaux et les
lancements des aromatisées ont boosté les dépenses publicitaires (+ 13 %).
Des évolutions contrastées
Au niveau des médias, le
recul des investissements est relativement contrasté. Après une année 2000
record, qui avait vu les investissements atteindre les 39,1 MdF, la presse se
réveille avec "la gueule de bois". La PQN voit ainsi ses investissements
reculer de 13 %. En revanche, la presse magazine reste stable (+ 0,3 % par
rapport à 2000, loin cependant des + 12 % en valeur et + 7 % en volume
enregistrés en 2000). Dans cette vaste famille, la presse télé (+ 11 %), la
presse déco (+ 8 %) et la presse féminine (+ 3 %) bénéficient d'un intérêt
croissant de la part des annonceurs. En revanche, les news et les magazines
économiques, victimes de la régression de la communication financière et du
désinvestissement du secteur télécoms et Internet, enregistrent des pertes
importantes, respectivement - 9 % et - 11 %. Même cause, mêmes effets, la
télévision enregistre également une baisse des investissements (voir MM n°
67). Avec une croissance de 3 % en 2001, la radio connaît encore de bons
résultats. Mais l'embellie profite essentiellement aux musicales, qui
progressent de 12 %, quand les généralistes baissent uniformément de 12 %. En
2001, les ondes ont été largement investies par la distribution qui a mis à
profit la réactivité du média. 2001 aura également été, du moins en données
brutes, une bonne année pour l'affichage, en hausse de 8,4 %. La grande
consommation, et notamment les boissons (+ 64 %), l'alimentaire (+ 25 %), la
beauté (+ 22 %) et l'entretien (+ 58 %) ont été séduits par le média. Tout
comme l'automobile, qui a fortement augmenté les budgets alloués à l'affichage.
Enfin, porté par une hausse de 10 % de la fréquentation des salles, merci
Amélie, le cinéma enregistre un gain de près de 2 %. Le secteur de la beauté a
été le plus dynamique avec une progression de 86 %, suivis par la
culture-loisirs, + 48 %, et l'alimentaire, + 17 %. A contrario, les télécoms
ont déserté les salles obscures (- 65 %). Après quatre années de croissance
oscillant entre 9 et 10 %, la baisse enregistrée en 2001 laisse-t-elle présager
un retour aux vaches maigres ou bien traduit-elle l'anticipation d'une crise
souvent évoquée, toujours redoutée, mais qui, pour l'heure, et selon Pierre
Marty, directeur du pôle investissements publicitaires de TNS Media
Intelligence, « ne se fait pas vraiment jour ». Un coup d'oeil sur le marché
américain pourrait apporter un début de réponse. « Une hausse de 1,5 % des
investissements publicitaires est attendue en 2002 aux Etats-Unis. Le marché
devrait se situer aux alentours de 96,1 Md$. Lors de la première moitié de
l'année, le ralentissement doit se poursuivre, mais de façon plus tempérée.
C'est seulement au 3e trimestre que le marché devrait commencer à rebondir pour
l'ensemble des médias », pronostique David Peeler, directeur général de TNS
Media Intelligence US.