Les réflexions de Pierre Le Sourd, P-dg de Bristol-Myers Squibb/Upsa France Afrique.
«Le marketing des laboratoires pharmaceutiques évolue rapidement. Il existe
une véritable diversification de l'offre aujourd'hui avec d'un côté, des
produits d'innovation issus des biotechnologies et de la pharmaco-génomie, dont
la vocation est d'apporter des solutions thérapeutiques à des maladies comme le
cancer, le Sida, la maladie d'Alzheimer. Pour ce type de médicaments, il faudra
apprendre à gérer le rapport bénéfice/risque mais le marketing se fera sur la
performance. De l'autre, il y aura une demande très forte pour les médicaments
que j'appelle du bien-être, véritables biens de consommation destinés à
améliorer la qualité de vie et soigner des maladies sociétales comme les
maladies de l'apparence ou du vieillissement. Le marketing, dans ce cas, devra
être plus "grand public", avec toutes les dimensions de marque, de distribution
(problématique linéaire, merchandising, packaging, trade), de communication. Ce
que j'ignore, c'est la vitesse à laquelle seront développés ces différents
médicaments. Reste le problème de la prise en charge mais on peut envisager,
pour demain, des financements alternatifs. Le marketing devient plus global,
plus diversifié, plus personnalisé. Plus global, parce qu'une multinationale
doit prendre en compte la dimension au minimum européenne. Plus diversifié
parce que de nouveaux médias apparaissent dont Internet, qui apporte une
véritable révolution. Et plus personnalisé, parce que les laboratoires ne
s'adressent plus seulement au seul client-médecin mais aussi au client-payeur,
au client-consommateur-patient, au client-pharmacien avec tout ce que le CRM
peut apporter dans une approche constructive de la relation client. En dix ans,
les laboratoires pharmaceutiques sont passés du marketing de la performance à
un marketing de communication qui est en réalité un marketing de territoire. La
qualité n'est plus, à elle seule, discriminante, il s'agit aujourd'hui de
prendre en compte tous les éléments du mix marketing et toutes les cibles pour
aller jusqu'à la satisfaction du patient. Si, aujourd'hui ne compte que la
marque produit, demain on aura des marques ombrelles. Le nom du laboratoire
devra revêtir des valeurs discriminantes, gage de référence et de repères pour
le consommateur. La communication doit rester au centre de nos priorités. Pour
répondre à ces nouveaux besoins marketing, de nouveaux métiers font leur
apparition au sein des laboratoires pharmaceutiques à côté du responsable
marketing. Il s'agit notamment des gestionnaires de marques, des customer
managers, des trade managers et des disease managers. »