Les influenceurs, nouvelle génération de leaders d'opinion
Que le consommateur soit en passe de reprendre le pouvoir vis-à-vis des marques, plus personne n'en doute réellement. Qu'il devienne à titre individuel, et quel que soit son statut social un leader d'opinion, le fait semble acquis. Reste à savoir qui est vraiment ce consommateur expert. Le département Etudes d'Interdeco s'est penché sur la question et livre les grands traits de l'"influenceur".
Nous connaissions les leaders d'opinion, cible adorée des annonceurs et des
médiaplanneurs, il nous faudra dorénavant compter avec les "influenceurs".
L'influenceur étant dans la sphère privée ou professionnelle, l'équivalent du
jeune Jules des écoles primaires et de leur cour de récréation. De même que ce
dernier peut transformer ses camarades de jeux en fervents zélateurs de la
marque X ou Y, l'influenceur, ami, parent ou proche, est reconnu par son
entourage comme un expert à la parole neutre. Capable de faire ou défaire la
réputation d'une marque. C'est sur cette cible que vient de se pencher
Interdeco Expert.
Une identification nécessaire
« Ces
personnes repérées comme expertes dans leur domaine sont souvent sollicitées
par leurs proches et jouent un rôle stratégique pour les marques, indique Bruno
Schmutz, directeur d'études Interdeco-Expert. Dans une époque marquée par le
rôle croissant des groupes, des tribus et des réseaux, il nous est apparu
particulièrement opportun de mieux connaître ces individus clés capables
d'orienter les jugements collectifs, d'infléchir la tendance des marchés. Notre
étude avait un triple objectif : les identifier sur tous les marchés de la
consommation (banque, mode, téléphonie, voyages, alimentaire, voiture,
décoration...), déterminer leur profil et leurs points communs et enfin
comprendre leur fréquentation médias. » Pour mener à bien cette approche, le
département Etudes de la régie s'est appuyé sur des travaux menés aux
Etats-Unis et en Europe depuis les années 80 ainsi que sur ceux d'Eric
Vernette, spécialiste français du sujet. Intégrée au terrain de l'étude Simm
(10 000 personnes), cette recherche a permis d'identifier que 60 % de la
population française est leader sur au moins une catégorie de produits et 16 %
dans plus de quatre catégories de produits. En moyenne, un Français est
influenceur dans 2,2 catégories de produits.
Ouverts et réceptifs
« En termes de profil socio-démographique, nous
constatons qu'il n'existe pas, de fait, d'influenceur type. Il existe des
influenceurs femmes et hommes, de tout âge et de toute PCS. Les 20-24 ans sont
ainsi particulièrement influents dans les secteurs de la téléphonie et de
l'électronique alors que les 25-35 ans le sont avant tout sur le marché des
produits pour enfants, de l'ameublement ou encore de la décoration », note
Bruno Schmutz. C'est donc la personnalité et le mode de vie qui définissent
réellement l'influenceur. « Le trait commun à l'ensemble des influenceurs,
c'est leur mode de vie. Tous se caractérisent en effet par une vie sociale et
familiale dense. Ils sortent plus souvent que la moyenne des Français,
reçoivent fréquemment. Globalement, ils témoignent d'une grande ouverture
d'esprit sur le monde et sont plutôt optimistes quant à l'avenir Ce ne sont pas
des avant-gardistes mais ils sont sensibles à l'innovation », poursuit Bruno
Schmutz.
Pour une optimisation des cibles
En termes de
fréquentation médias, ces influenceurs sont sur-consommateurs de magazines,
radio et TV. Mais là encore, difficile de dresser un portrait type tant il est
clair que, selon le marché concerné, des variations apparaissent. Ainsi, les
influenceurs exerçant leur influence dans le monde d'internet, de la banque ou
de la micro-informatique sont des lecteurs assidus de la presse news. « Mais on
voit également, que la presse tourisme est lue par les leaders d'Internet ou de
la banque », constate Bruno Schmutz. Ces enseignements ont permis à la régie
d'identifier, dans chacune des catégories, les supports les plus lus ou les
plus appréciés. « Elle est, par exemple, le magazine féminin haut de gamme
préféré des leaders d'internet, et Le Point, l'hebdo d'actualité qui compte la
plus forte proportion de leaders banque », indique encore Bruno Schmutz.
Au-delà des sacro-saintes catégories socio-démographiques, de moins en moins
prédictives de la consommation, cette approche du marché devrait permettre aux
annonceurs d'optimiser les cibles et, par la même, de limiter les déperditions.
Un objectif bien salutaire.