Les enfants et l'humour : les copains d'abord
Les enfants rient beaucoup entre eux, de tout sauf d'eux-mêmes. Tel est l'un des nombreux constats de l'étude menée par Junior City, spécialisé dans les études et le conseil sur la cible des 0-25 ans, sur les rapports que les enfants âgés de 7 à 11 ans entretiennent avec l'humour.
Je m'abonne
Qu'est ce qui fait rire les enfants de ce début de millénaire ? Telle est
la question que Junior City s'est posée pour cerner cette cible tant appréciée
des marketeurs. A l'humour "subtil" des adultes, la première constatation de
l'étude est la dimension sociale du rire pour les enfants. Un rire qui laisse
la part belle au comique de situation et au jeu. Et lui donne toute sa valeur
de sociabilisation. C'est donc dans les événements de la vie quotidienne, parmi
leurs proches et leur entourage que les enfants rencontrent le plus le rire et
l'humour. C'est même entre copains et copines qu'un tiers d'entre eux préfèrent
rigoler. En fait, en grandissant, ils passent progressivement de la bulle
parentale à celle des copains. Les petites filles ayant au départ plus ri avec
leur mère et les garçons avec leur père. Une fois dans la cour de récré, ce
sont les médias qui leur fournissent leur première matière à rigoler. Et plus
particulièrement la télé. Les émissions s'avèrent d'excellents supports. Mais
au hit-parade de "l'humour récré", ce sont encore les farces, les moqueries et
autres pitreries qui tiennent le haut du pavé. Jeter de l'eau sur les passants
ou effrayer les autres avec des araignées. Faire le "débile" ou lancer des
grimaces aux voitures restent des grands classiques, au même titre que les
formes préfabriquées, comme les devinettes et autres histoires drôles, voire
les jeux de société, les jeux collectifs ou de cour.
La pub source d'hilarité
A la télé, c'est dans le divertissement et le dessin
animé que les enfants trouvent la plus grande part d'humour. Si les élèves de
cours moyen sont sensiblement attirés par les émissions de variété, les plus
jeunes préfèrent les dessins animés. Les feuilletons et les sitcoms livrent
leur humour aux plus âgés. Ils apprécient, par exemple, l'humour parodique et
peut-être sexuellement transgressif de la série "Un gars, Une fille", ou les
mimiques de Mr Bean. La télévision leur permet également de découvrir les
spectacles des humoristes. Même si la moitié d'entre eux font surtout référence
à Jamel Debbouze. Quant aux publicités, si les enfants se révèlent souvent
incapables de les restituer selon le nom de la marque ou du produit, ils sont,
en revanche, prolixes en détails et anecdotes propres au scénario. C'est avant
tout l'histoire et son contenu qui les font rire, soit par l'absurdité des
situations, le détournement des codes, voire le comique de langage, les
pitreries ou les transformations et trucages... Côté supports écrits, c'est la
BD qui remporte la palme du rire. Loin devant les magazines ou les livres, que
seul Harry Potter et sa drôle de magie a réussi à sortir du lot. Au cinéma, ce
sont les comédies. Même si les plus âgés se tournent vers les films et les plus
petits les dessins animés. Quoi qu'il en soit, les enfants recherchent tous le
comique de langage. Et, dans le cas des dessins animés, ils plébiscitent même
le dévoiement des codes habituels. De là à penser que les mômes ont le sens de
l'humour, il y a tout de même un pas qu'il ne faut pas franchir. Car, s'ils
adorent rire, ils sont particulièrement susceptibles dès que l'on se moque de
leur petit monde ou de leur vie quotidienne. A un âge où il est difficile de
maîtriser ses émotions, les enfants se révèlent même incapables d'apprécier
l'humour dès lors que celui-ci les concerne. Même comportement avec les grands
problèmes de société, comme la mort, la violence ou l'actualité. Qui ont pour
les enfants une valeur de l'ordre du tragique. Preuve que, pour les enfants
plus que pour les adultes, l'humour relève plus d'une adhésion affective
qu'intellectuelle.
MÉTHODOLOGIE
Etude réalisée d'avril à juin 2002 auprès de 1 182 enfants, âgés de 7 à 11 ans, répartis sur 5 académies (Paris, Lille, Rouen, Lyon et Toulouse).