Les Français retrouvent le goût du goût
Pour la quatrième année consécutive, et dans le cadre de l'opération "Les Saveurs de l'année", les Français, interrogés par l'institut Louis Harris, jugent leur alimentation. Après quelques années de flottement, la confiance revient.
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Bonne nouvelle. Plus d'un Français sur deux trouve que le goût des produits
alimentaires se maintient, voire augmente ! C'est la première fois depuis
quatre ans que le taux des sceptiques du goût passe en dessous de la barre des
50 % (60 % en 1999). Mieux, ils sont 48 % à être optimistes sur les
perspectives d'avenir, contre 25 % il y a tout juste un an. En revanche,
l'écart se creuse entre les produits alimentaires transformés, jugés toujours
plus goûteux, et les produits frais qui peinent à retrouver la cote. Cette
amélioration sensible de la perception du goût par les Français cache
d'importantes disparités. Les produits industriels, à l'instar des laitages,
sont estimés de plus en plus goûteux par plus d'un Français sur deux. Jusqu'aux
traditionnelles conserves perçues comme plus savoureuses par un Français sur
quatre. Il n'en est pas de même pour les produits frais dont l'hémorragie
gustative, initiée depuis des années, s'accélère. On en viendrait presque à
s'interroger sur la valeur objective de ce discrédit. Tant certaines baisses
laissent pantois. A commencer par celle des oeufs, qui déçoivent 2 % de
Français en plus sur une année. Quoi qu'il en soit, les différentes filières
devraient sérieusement s'interroger sur les raisons de cette désaffection et
les moyens à mettre en oeuvre pour y remédier. Car, au-delà d'un simple critère
de reconnaissance, le goût tient une place majeure dans l'acte d'achat pour 82
% de nos concitoyens.
Plaisir et santé
Certaines
filières ont d'ailleurs commencé à initier le changement. Le pain a rallié plus
du tiers des papilles françaises en multipliant de nouvelles gammes
qualitatives. La viande, pour sa part, dans la tourmente du scandale de la
vache folle, a multiplié les actions de réassurance et de signes de qualité, ce
qui lui a permis de redresser timidement son score de 3 % cette année. Aucune
tendance n'est donc irréversible. Les Français eux-mêmes changent. En douceur.
Ils restent toujours très sensibles à la variable "plaisir" de leur
alimentation (47 %), mais l'associent désormais presque à égalité à la santé
(46 %). Faisant du couple plaisir/santé un incontournable du mix produit. Même
la caricature gargantuesque du Français n'aimant que les mets puissants et
forts en goût gagne en nuance. 77 % des Français déclarent privilégier le
raffinement... Et aux produits 100 % nature ou 100 % pratiques, ils choisissent
un mélange des deux (51 %). La seule chose sur laquelle ils ne transigent pas,
c'est le lien culturel viscéral qui les relie au goût. Un lien si étroit que 95
% d'entre eux verraient bien des cours de saveurs à l'école. Histoire
d'aiguiser les papilles et les esprits critiques de nos têtes blondes. Pour
l'heure, les Français préfèrent se fier à un ensemble de critères précis pour
reconnaître un produit alimentaire ayant du goût. La composition d'abord (86
%), l'aspect ensuite (81 %) et le label ou la certification enfin (80 %).
Faisant preuve d'une réelle maturité "qualitative", les Français se repèrent
également volontiers au mode de fabrication d'un produit (82 %) ou à son
origine géographique (75 %). Plus qu'à l'emballage (53 %) ou à la marque (59
%). Des variables marketing, au demeurant difficilement quantifiables par
déclaratif. Quant au goût des Français pour la découverte de nouvelles saveurs.
80 % d'entre eux y sont favorables, mais en voyage (34 %), pas sur leur marché
(14 %). Qui a dit que les Français étaient révolutionnaires ?
MÉTHODOLOGIE
Sondage réalisé par Louis Harris pour Les Saveurs de l'Année, les 30 juin et 1er juillet 2000, par téléphone auprès d'un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas.