Les Français face au risque alimentaire
En cas de crises alimentaires, la moitié des Français modifieraient leurs comportements alimentaires. Attitude sur laquelle l‘Observatoire de la Sécurité Alimentaire, mis en place par Ipsos Observer, veut attirer l‘attention des entreprises agroalimentaires et de la distribution.
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Sur les 54 catégories de produits alimentaires passées au crible de
l'Observatoire de la Santé Alimentaire d'Ipsos Observer, rares sont celles qui
échappent à des préoccupations sanitaires. Si les Français s'interrogent peu
sur les risques quand ils mangent du chocolat, des pâtes ou quand ils boivent
du café ou de l'eau embouteillée, il n'en va pas de même des plats cuisinés, de
la charcuterie, de la viande, et surtout de l'eau du robinet. « Il existe un
écart de 1 à 3 entre les catégories les moins exposées et les plus exposées,
remarque Thomas Tougard, Dga d'Ipsos Observer. Quant au lait, aux produits
ultra-frais, aux légumes ou à l'eau en bouteille nature, s'ils échappent aux
questions pour le moment (des organismes comme le Cidil ne cessent d'oeuvrer
pour rassurer les consommateurs), le jour où une crise survient, elle risque
d'être très pénalisante pour les volumes. » En fait, souligne Benoît Tranzer,
Dg d'Ipsos Observer, « il n'y a pas de catégories préservées, toutes peuvent
être, un jour ou l'autre, touchées ».
Comment rassurer les consommateurs ?
« Il n'y a pas de réponses globales à la sécurité
alimentaire en termes de marketing, poursuit Benoît Tranzer. Une chose est
sûre, les Français considèrent aujourd'hui qu'il est plus important de faire
attention à ce qu'ils mangent que de faire de l'exercice. » Mais les Français
ne sont pas égaux devant le risque alimentaire et réagissent différemment.
L'Observatoire a dégagé une typologie en dix familles classant les Français en
fonction de leur niveau d'inquiétude exprimée sur l'évolution des problèmes de
sécurité alimentaire dans les prochaines années. Sur les dix familles, quatre
sont les plus sensibles à la sécurité alimentaire. Ensemble, elles représentent
près d'un tiers de la population. C'est à elles que les marques et les
distributeurs devraient s'intéresser en priorité car, très réactives en cas de
crise, elles risquent de peser le plus sur les marchés et les volumes. Et la
confiance qu'elles accordent aussi bien aux marques qu'aux enseignes pour
veiller à la qualité et à la sécurité alimentaire est relativement faible. «
L'objectif de cet Observatoire est ambitieux, admet Benoît Tranzer. Il s'agit
de comprendre les influences et les mécanismes des crises sur les comportements
des consommateurs pour identifier les leviers opérationnels qui permettront de
réagir efficacement face à une crise. » L'Observatoire intégrera, pour son
édition 2003, de nouvelles problématiques (label, chaîne du froid, OGM,
colorants et conservateurs...). Ipsos Observer réfléchit également à une
version européenne de son Observatoire, qui portera en priorité sur la France,
l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Espagne.
LES FAMILLES LES PLUS SENSIBLES À LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Les Gardiens du goût (10 %) : leurs inquiétudes pour l'avenir sont particulièrement fortes pour ce qui pourrait altérer le goût des aliments (OGM...). Ils ont déjà modifié certains de leurs comportements de consommation et d'achat et le feront encore en cas de problèmes. Proactifs, ils cherchent à s'informer par tous les moyens. Les ConsomActeurs (8 %) : un peu plus jeunes que les autres familles, ce sont eux qui font bouger les volumes. Ils ont fortement modifié leur comportement de consommation de viande et de charcuterie et ont une vision très pragmatique de la sécurité alimentaire. Plutôt méfiants à l'égard des acteurs économiques et politiques, ils sont très influençables par certains émetteurs (la télévision, notamment). Les Bio-éthiques (8 %) : les précédentes crises alimentaires les ont fait basculer dans de nouveaux comportements alimentaires dont le critère principal est la qualité prouvée des aliments qu'ils consomment. Ils sont peu influençables et relativement méfiants. Les Contestataires Militants (4 %) : peu nombreux mais très virulents, leur vision très pessimiste de l'avenir sur les risques alimentaires les rend méfiants face aux acteurs économiques et politiques. Ils sont à la recherche d'une forte réassurance. A défaut, ils s'engageront encore plus dans la défense de ce qu'ils considèrent comme un droit à part entière : celui de consommer des aliments dont les risques ont été totalement écartés.