Le service public fait parler ses mails
France Télévision repense sa relation avec les téléspectateurs et teste un nouveau système d'analyse de son courrier électronique en collaboration avec Sorgem Net & Média. Une manière de passer en douceur de la notion de marketing "tous publics" à celui de communauté. Et de poser les jalons d'une télévision plus interactive.
«Il a suffi d'un brief de Marc Tessier, P-dg de France Télévision, sur la
nécessité d'optimiser les indicateurs qualitatifs de suivi d'audience pour que
le service public s'aperçoive qu'il était assis sur une mine d'or de 5 000
mails électroniques mensuels », déclare Médéric Albouy, chargé de mission à la
direction des études et de la stratégie des programmes France Télévision. Un
nombre qui dépasse désormais celui des courriers traditionnels et constitue une
base de données disponible, gratuite et surtout riche d'enseignements sur la
programmation et l'institution elle-même. Sous réserve évidemment de ne plus la
gérer "à la petite semaine", comme cela était le cas auparavant, mais selon une
méthodologie et une approche systématisée, quitte à bousculer les habitudes. «
Toucher aux mails, c'est aussi toucher à l'affectivité liée au courrier
personnalisé, fait remarquer Médéric Albouy. En outre, nous avons encore à nous
faire un peu violence pour adhérer à une logique marketing sans complexe par
rapport aux chaînes privées. Et accepter qu'à côté du sacro-saint Médiamat
quantitatif vive un autre système plus qualitatif. » Mais, si l'objectif était
clair, la méthode l'était moins. Comment en effet analyser un volume de données
aussi important, trouver un compromis suffisamment subtil dans le traitement et
le rendu des informations collectées et aborder des sujets d'une diversité
aussi grande. Comment orienter et recenser les résultats et mettre en place une
procédure ? A cet effet, France Télévision a fait appel à Sorgem Net & Média,
spécialiste en text-mining sur la base d'un logiciel mis au point par IBM.
Cette technique permet d'extraire les mots pertinents d'un texte électronique
afin de définir des descripteurs ou unités sémantiques et de les regrouper
ensuite en classes (traitement classificatoire). Concrètement, cela permet aux
chaînes d'analyser qualitativement les éléments d'information sur une grille de
programme, des émissions, des journalistes, des animateurs ou des invités. Et
cela permet de prendre rapidement la "température". Comme cela a été le cas
pour Juste une question d'amour, une fiction traitant de la difficulté de vivre
son homosexualité pour deux jeunes garçons. Ce téléfilm, qui a connu une belle
audience, a également suscité un courrier électronique volumineux et permis à
la chaîne d'analyser les ressorts du succès : pertinence du sujet, délicatesse
du traitement. Afin de mettre en place la méthode, un test a été réalisé au
mois de janvier dernier sur 252 courriers (dont 35 ont été envoyés au
médiateur). Ce qui a permis en outre d'établir un mapping typologique (voir
carte) répartissant sur un axe les mails qui constatent et ceux qui demandent.
Et sur un autre, ceux qui parlent de la télé au sens large et ceux dont les
sujets sont plus ouverts sur le monde. Qu'il s'agisse d'une simple demande de
cassette, d'une demande d'emploi, de critiques sur des émissions, tous les
mails peuvent théoriquement être traités, malaxés, comparés pour, au final,
être dispatchés dans les services adéquats, service des téléspectateurs,
direction des ressources humaines, des journalistes, voire service des études
et suivi de la programmation. Charge à eux de répondre. Ce traitement
systématique devrait être généralisé en début d'année et s'insérer plus
largement dans la réflexion que mène actuellement le service public pour
optimiser ses relations avec les téléspectateurs. Après la création des
médiateurs, c'est le site internet qui prépare sa rentrée pour le premier
trimestre 2001 sous la houlette d'Edmond Zuccheli, le nouveau responsable de la
cellule interactive. Enrichi dans son contenu informatif et fort de nouveaux
partenariats, tout porte à croire qu'il offrira également une meilleure
lisibilité à l'interactivité (animation, stimulation à l'antenne, etc.). Et
permettra à France Télévision de poser les premiers jalons d'une communauté de
téléspectateurs. Un argument de différenciation supplémentaire sur un marché de
plus en plus concurrentiel. ISABEL GUTIERREZ «Il a suffi d'un brief de Marc
Tessier, P-dg de France Télévision, sur la nécessité d'optimiser les
indicateurs qualitatifs de suivi d'audience pour que le service public
s'aperçoive qu'il était assis sur une mine d'or de 5 000 mails électroniques
mensuels », déclare Médéric Albouy, chargé de mission à la direction des études
et de la stratégie des programmes France Télévision. Un nombre qui dépasse
désormais celui des courriers traditionnels et constitue une base de données
disponible, gratuite et surtout riche d'enseignements sur la programmation et
l'institution elle-même. Sous réserve évidemment de ne plus la gérer "à la
petite semaine", comme cela était le cas auparavant, mais selon une
méthodologie et une approche systématisée, quitte à bousculer les habitudes. «
Toucher aux mails, c'est aussi toucher à l'affectivité liée au courrier
personnalisé, fait remarquer Médéric Albouy. En outre, nous avons encore à nous
faire un peu violence pour adhérer à une logique marketing sans complexe par
rapport aux chaînes privées. Et accepter qu'à côté du sacro-saint Médiamat
quantitatif vive un autre système plus qualitatif. » Mais, si l'objectif était
clair, la méthode l'était moins. Comment en effet analyser un volume de données
aussi important, trouver un compromis suffisamment subtil dans le traitement et
le rendu des informations collectées et aborder des sujets d'une diversité
aussi grande. Comment orienter et recenser les résultats et mettre en place une
procédure ? A cet effet, France Télévision a fait appel à Sorgem Net & Média,
spécialiste en text-mining sur la base d'un logiciel mis au point par IBM.
Cette technique permet d'extraire les mots pertinents d'un texte électronique
afin de définir des descripteurs ou unités sémantiques et de les regrouper
ensuite en classes (traitement classificatoire). Concrètement, cela permet aux
chaînes d'analyser qualitativement les éléments d'information sur une grille de
programme, des émissions, des journalistes, des animateurs ou des invités. Et
cela permet de prendre rapidement la "température". Comme cela a été le cas
pour Juste une question d'amour, une fiction traitant de la difficulté de vivre
son homosexualité pour deux jeunes garçons. Ce téléfilm, qui a connu une belle
audience, a également suscité un courrier électronique volumineux et permis à
la chaîne d'analyser les ressorts du succès : pertinence du sujet, délicatesse
du traitement. Afin de mettre en place la méthode, un test a été réalisé au
mois de janvier dernier sur 252 courriers (dont 35 ont été envoyés au
médiateur). Ce qui a permis en outre d'établir un mapping typologique (voir
carte) répartissant sur un axe les mails qui constatent et ceux qui demandent.
Et sur un autre, ceux qui parlent de la télé au sens large et ceux dont les
sujets sont plus ouverts sur le monde. Qu'il s'agisse d'une simple demande de
cassette, d'une demande d'emploi, de critiques sur des émissions, tous les
mails peuvent théoriquement être traités, malaxés, comparés pour, au final,
être dispatchés dans les services adéquats, service des téléspectateurs,
direction des ressources humaines, des journalistes, voire service des études
et suivi de la programmation. Charge à eux de répondre. Ce traitement
systématique devrait être généralisé en début d'année et s'insérer plus
largement dans la réflexion que mène actuellement le service public pour
optimiser ses relations avec les téléspectateurs. Après la création des
médiateurs, c'est le site internet qui prépare sa rentrée pour le premier
trimestre 2001 sous la houlette d'Edmond Zuccheli, le nouveau responsable de la
cellule interactive. Enrichi dans son contenu informatif et fort de nouveaux
partenariats, tout porte à croire qu'il offrira également une meilleure
lisibilité à l'interactivité (animation, stimulation à l'antenne, etc.). Et
permettra à France Télévision de poser les premiers jalons d'une communauté de
téléspectateurs. Un argument de différenciation supplémentaire sur un marché de
plus en plus concurrentiel.