Le packaging joue la star...
La fonction et le statut du packaging sont-ils en train de changer ? Nous savons tous que l'emballage est d'une importance capitale dans le mix-produit. Qu'à lui seul, il est un facteur d'échec ou de succès d'un produit de grande consommation. C'est d'ailleurs le premier élément qui est modifié pour relancer les ventes. Et, aujourd'hui, en plus de cette lourde responsabilité, le packaging est en passe de devenir la star publicitaire la moins bien payée du monde...
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Avez-vous remarqué les panneaux d'affichage cet été ? Les top models
devaient être en RTT ou en vacances. La star des affiches, c'était le
packaging. Festival du packaging ou nouvelle façon de communiquer ? Dans un
article intitulé "Plaidoyer pour une nouvelle créativité des marques", publié
en 1996 dans la Revue des Marques, Maurice Lévy, président du directoire de
Publicis, dénonçait déjà les effets pervers d'un "star system" à la Française.
Il allait même jusqu'à faire une véritable apologie de l'innovation et du
produit, à tel point que j'ai cru un instant qu'un designer lui tenait la
plume. Je cite : « Et c'est justement l'innovation qui nourrit la marque, non
la marque qui nourrit le produit (...). Il ne suffira pas à une marque d'avoir
une belle image, elle devra apporter des innovations pertinentes, offrir les
bénéfices les plus forts et rendre le service le plus efficace. Et ceux qui
sauront, sur les trois dimensions, apporter un regard neuf, un nouveau produit,
un nouveau bénéfice, un nouveau service, ceux-là gagneront. » La majorité des
grandes marques françaises se sont construites à grands coups de publicités
fondées sur un imaginaire fort et porteur qui privilégiait une relation
émotionnelle avec les consommateurs. La marque était traitée comme une star.
Les produits et leurs bénéfices étaient relégués au second plan, voire
inexistants. Au mieux, un petit "pack shot" était apposé en bas à droite pour
faire plaisir au client. La fin des années 1990 a définitivement enterré ce
type de communication truffée d'effets spéciaux pour faire rêver ou pour
choquer le consommateur. Désormais, les Français font davantage confiance aux
valeurs intrinsèques des produits qu'au pseudo discours publicitaire qu'en font
leurs marques. Danone en est d'ailleurs une parfaite démonstration : selon son
état-major, même au plus fort de la tourmente, les ventes de Lu n'ont pas
fléchi. Evidemment, c'est tellement bon un Petit-Beurre Lu. Lorsqu'on aime, on
ne compte pas le nombre de licenciés... Le designer a pour vocation de
valoriser les bénéfices du produit de façon esthétique et fonctionnelle. C'est
principalement par la forme et le décor du packaging qu'il peut exprimer
pleinement la spécificité de l'offre. Aujourd'hui, les principales innovations
en grande consommation sont en fait des nouveaux packagings de produits qui
existaient auparavant sous une autre forme. Selon l'étude Réussites/Echecs
2000, réalisée par XTC, 66 % des modifications destinées à repositionner ou à
améliorer un produit se résument à un travail sur le conditionnement et le
packaging. Il faut dire qu'en matière de service et praticité, il y a encore
beaucoup à faire...
Vers un design publicitaire
Le
packaging est bel et bien devenu le premier et l'ultime vecteur de
communication du produit. Ce n'est pas un hasard si les groupes de publicité se
jettent sur les agences de design comme la misère sur du bon pain. Pas étonnant
non plus que le packaging devienne la star de la pub. Il était temps, car les
Anglo-Saxons, maîtres de la "publicité produit" étaient un peu seuls sur ce
terrain. Les Frenchies ne se compromettaient à montrer l'emballage que pour
des raisons juridiques, lorsqu'ils n'avaient pas le choix, pour communiquer sur
des alcools, par exemple. Mais c'est fait, les publicitaires se sont "lâchés"
pour le plus grand plaisir des designers qui découvrent leurs créations en 4 x
3 dans les rues. Toutes les familles de produits y passent... Le packaging,
lorsqu'il est bien pensé, peut soutenir à lui seul le discours publicitaire. Le
shampooing Ultra Doux, les jus de fruit Granini, les nettoyants ménagers Ajax
se déclinent en affichage selon les codes graphiques et les formes de leurs
packagings. Les alcools avec J&B, Suze et Heineken jouent brillamment avec
leurs bouteilles. Enfin, je décernerai l'Oscar du "design publicitaire" à
Vittel pour sa bouteille musclée, aux pectoraux et aux abdominaux de
culturiste. Cette bouteille en a fait rêver plus d'une puisque, chez Publicis,
on nous affirme que de nombreuses consommatrices ont cherché désespérément la
bouteille dans les linéaires. Le "design publicitaire", voilà un nouveau marché
intéressant. Pour les "designeux" ou pour les "pubeux" ?