Le nouvel Eldorado du décisionnel 1/3
La Business Intelligence est un concept qui fait fureur dans les entreprises : les séminaires se multiplient, le terme est repris dans la plupart des campagnes de publicité des éditeurs informatiques. Mais qu'en est-il vraiment ? Effet de mode ou véritable charpente de l'aide à la décision, elle présente tout au moins l'intérêt de fédérer les services marketing, commercial, vente, finance, autour d'objectifs communs de résultats.
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«Le concept de la Business Intelligence n'est pas nouveau. Les premiers
outils d'aide à la décision ont fait leur apparition dans les années 80, suivis
par les logiciels analytiques dans les années 90. Egalement appelée
informatique décisionnelle, la Business Intelligence a d'abord été utilisée par
les départements informatiques et marketing des entreprises », indique John
Eng, chef de produit chez Microsoft. Avec la globalisation des marchés et la
concurrence de plus en plus exacerbée, la Business Intelligence est devenue une
application de plus en plus stratégique pour l'ensemble des fonctions de
l'entreprise. Pour un directeur commercial, elle permet d'analyser la
rentabilité d'un client, de mieux transmettre des données à son équipe de vente
ou encore de faire un suivi précis et régulier des ventes selon des critères
définis (par localisation géographique, par typologie de client, par ligne de
produit...). Au sein d'un call center, elle permet d'optimiser les réponses des
télévendeurs en fonction des bases de connaissances clients. Le directeur
marketing pourra, de son côté, mieux analyser l'impact d'une opération de
promotion, affiner sa vision du marché, optimiser ses campagnes marketing,
établir une typologie de clients en fonction des critères de profitabilité,
adapter les programmes de fidélisation aux profils d'acheteurs, etc. « En
1997, la Business Intelligence a été un peu occultée par la montée en puissance
du CRM. Il ne faut pas pour autant croire qu'elle est forcément centrée sur le
client. Elle concerne toutes les fonctions de l'entreprise, dès lors qu'il
s'agit d'exploiter des données opérationnelles pour faciliter les prises de
décisions », explique, de son côté, Renaud Fillaz de Vilaine, directeur associé
chez Business & Decision. La grande valeur ajoutée de la Business Intelligence
réside en fait dans sa capacité à rapprocher et fédérer les différentes sources
d'information des départements de l'entreprise, de permettre une analyse
transversale en rapprochant, par exemple, les données des commandes, des
ventes, des clients, des livraisons afin d'analyser les performances d'une
entreprise et de les confronter aux prévisions. Au sein des Laboratoires Roche
Nicolas, le système de Business Intelligence, mis en place par Business &
Decision, est destiné à optimiser l'analyse et le pilotage de l'activité
commerciale et marketing (force de vente, commande des produits
d'automédication et de prescription courante, facturation, livraisons et
analyse de la concurrence...). L'application décisionnelle fournit aux 25
managers de l'entreprise, de la direction générale au marketing en passant par
le service clients et le contrôle de gestion, un ensemble de rapports et de
synthèses destinés, d'une part, à l'analyse de la performance commerciale (par
exemple, le suivi de l'évolution du chiffre d'affaires), d'autre part, à
piloter les forces de vente de type VRP et visiteurs médicaux, enfin à mieux
cibler les campagnes marketing stratégiques et opérationnelles. « Nous avons
souhaité mettre en place un système qui puisse répondre automatiquement et
directement aux différents besoins d'analyse de nos managers, commente Claude
Sengel, directeur des systèmes d'information des Laboratoires Roche Nicolas.
Aujourd'hui, un chef de marque peut vérifier par ses propres moyens et
quotidiennement comment la dernière initiative marketing ou publicité TV peut
se traduire sur le terrain, avec un niveau très fin de granularité. »
L'objectif de la BI est donc de mieux utiliser l'information existante au sein
de l'entreprise, parfois dormante, souvent inexploitée, pour la transformer en
information utile, intelligible, support d'une meilleure prise de décision. Le
marché des applications de Business Intelligence est d'ailleurs l'un des rares
secteurs des technologies de l'information qui, dans le contexte de crise
actuelle, se porte plutôt bien. Le cabinet Merill Lynch estime que son taux de
croissance sera d'environ 30 % par an pour les cinq prochaines années.
Les outils de la Business Intelligence
Dans un système
de Business Intelligence, la problématique est triple. D'une part, il s'agit
d'extraire et de nettoyer les données d'un système marketing opérationnel ou
d'une BDDM, d'autre part, d'organiser et consolider ces données dans une
structure adaptée (datamart métier ou datawarehouse) et enfin, de fournir aux
utilisateurs concernés des outils d'interrogation, de restitution et d'analyse.
A chacune de ces problématiques correspond en fait une gamme de logiciels. On
retrouve les outils ETL (Extraction, Transformation, Loading) d'extraction de
données, proposés par des éditeurs comme Cognos (DecisionStream), Hummingbird
(Genio) ou Informatica (Powercenter). « Ces outils sont
essentiels dès lors qu'il convient de gérer de très fortes volumétries de
données, comme c'est souvent le cas dans des départements marketing et vente »,
commente Yves Cointrelle, directeur du développement d'Homsys, SSII spécialisée
dans l'intégration d'applications analytiques. Les BDD multidimensionnelles
OLAP, comme Microsoft SQL Server 2000, Oracle 9i ou IBM DB2, sont également
essentielles dès lors que l'on souhaite réaliser des analyses très rapides sur
de gros volumes de données. « Ce sera, par exemple, le cas dans le secteur de
la grande distribution pour déduire des comportements d'achat de consommateurs
en complément d'outils de data mining et d'analyse prédictive ou encore pour
localiser des comportements d'achat par rapports aux points de vente, via un
outil de géomarketing », précise Yves Cointrelle.
Agrigel centralise ses données pour une meilleure vision de ses activités
Société spécialisée dans la distribution de produits alimentaires surgelés, Agrigel a subi dans les années 1990 une forte décentralisation de sa gestion suite à un programme de croissance interne. Son système d'information était réparti sur une trentaine de divisions régionales et ne favorisait pas une vision globale des activités. Chacune des divisions possédait ses propres tarifs. « Nous étions capables de voir la rentabilité de tous les secteurs de l'entreprise, mais pas d'analyser l'information sous-jacente à ces indicateurs », explique Yves Madec, directeur de l'organisation et des systèmes d'information. Agrigel a donc fait le choix stratégique d'un système de gestion centralisée destiné à faciliter la prise de décision. L'entreprise souhaitait exploiter ses données pour comprendre la baisse de fidélité de ses clients et définir des indicateurs de performance clés (KPI) cohérents à travers toutes ses entités commerciales. Agrigel recherchait une solution d'intégration de données capable de fournir une vision globale de son activité avec un haut degré de flexibilité. « La simplicité de mise en oeuvre de l'outil Kalido était déterminante car nous ne voulions pas passer des années avant d'obtenir les premiers résultats », poursuit Yves Madec. Aujourd'hui, Agrigel peut produire des données cohérentes sur les ventes et le marketing de ses 25 divisions régionales, et ce, malgré les disparités de codification et l'évolution permanente de ses offres produits. Ses initiatives marketing ont également profité de la nouvelle solution grâce à une segmentation des clients plus simple et plus précise dans le cadre de campagnes ciblées et à l'analyse détaillée des performances obtenues.