Le meuble est de retour!
Le secteur du meuble reprend durablement des couleurs, après des années moroses. Selon l'institut spécialiste de l'ameublement Ipea, le marché est aujourd'hui estimé à 9 milliards d'euros et connaît une hausse pour la troisième année consécutive. Signe de cette embellie, le Salon du meuble, Maison & Objet et Planète meuble ont affiché une belle fréquentation en janvier. «Le meuble, et surtout le design, est de retour», s'enthousiasme Frédéric Rossi-Liegibel, directeur stratégies d'Extrême Paris. Une bonne nouvelle car, pour l'heure, 60 % des volumes passent par des distributeurs mass market et le marché du design de signature représente moins de 5 % en France. Selon Gérard Laize et Frédéric Loeb (Domovision), les pistes à suivre pour coller aux évolutions des modes de vie sont au nombre de quatre: l'éco-conception, la modularité, le confort et l'asymétrie. Des détails qui devraient faire la différence quel que soit le courant, la tendance ou le style.
Une quête du naturel
- Pour s'échapper de la vie urbaine, le citadin recherche un mobilier qui lui évoque la nature, comme un refuge, une bulle. Une quête de naturel qui passe par le choix des matières ou la forme du mobilier qui se rêve minéral (Livingstones de smarinde-sign) et qui va jusqu'à l'éco-conception (Forège). «Aucun designer ne peut aujourd'hui laisser la préoccupation environnementale de côté», souligne Gérard Laize, directeur général du VIA. Si le recyclage reste encore anecdotique,on s'oriente de plus en plus vers l'économie de matière, l'utilisation de matériaux naturels comme le bois ou encore les matières synthétiques non polluantes.
Le high-tech, présent mais invisible
- Le développement des nouvelles technologies change notre façon de vivre et donc notre mobilier. L'ergonomie des sièges se fait plus confortable pour s'adapter à la nouvelle «génération vautrée» qui reste de plus en plus longtemps assise devant l'ordinateur ou l'écran de télévision.
@ Eloueni & Brument
La matière du mobilier se tord, se noue, se tisse, devient pulpeuse ou douce comme la peau pour créer des meubles d'exception. La technologie est omniprésente mais se fait invisible. Parallèlement, le monde virtuel s'invite dans les créations des jeunes designers, notamment du point de vue graphique.
Revisiter l'ancien
- Le mobilier revisite les styles historiques ou étrangers à sa façon. Cette année, la mode est au «Newpompadour» avec des matières poudrées, des photographies en lieu et place des tapisseries d'époque (Renomade Philippe Coudray): un style libéré, féminin et sensuel. On part aussi chercher l'inspiration à l'étranger; que ce soit du côté du soleil levant, dans une Chine ou un Japon «rêvés» avec des laques rouges rutilantes, du doré et des lignes épurées, ou bien du côté du Maghreb, avec un «esprit caravane» qui fait la part belle aux matières naturelles et aux couleurs minérales.
@ Philippe Coudray - Renoma
@ Chantal Thomass pour Valette
Un intérieur clinquant
Finie la tendance du rétro industrielles matériaux bruts et de l'abolition des cloisons, «la tendance des prochaines années, c'est le bling bling», dixit Frédéric Rossi-Liegibel, directeur stratégies d'Extrême Paris. D'ici un ou deux ans, votre intérieur sera donc «parfaitement trop» avec des douches pour trois personnes, des meubles laqués, des pièces séparées où l'on «peut vivre une intimité partagée» et des murs incrustés de cristaux ou de paillettes.
Du brillant, du clinquant,du show off... «On ose tout et on l'assume, assène Frédéric Rossi-Liegebel. L'Idée, c'est que mon intérieur est le miroir de mon moi: il est fabuleux!»
@ Ikea
Séduire les petits
Oubliés des designers pendant longtemps, les meubles pour enfants n'ont désormais plus rien à envier au mobilier pour adultes. Si Ikea propose, depuis 1997, «l'Ikea des petits» avec poufs, tables et autres armoires ludiques et colorées, ce n'est que récemment qu'Habitat, Vert Baudet et autres distributeurs ont étoffé leurs gammes et que des boutiques spécifiques comme Mondomio ont ouvert leurs portes. Signe de cette tendance, les designers les plus en vue comme Matali Crasset ou Ron Arad (pour Magis) s'y sont collés. Paradoxe: si l'on regarde dix ans en arrière, le marché est en stagnation voire en légère baisse (- 0,2 %) avec 862,5 millions d'euros consacrés à la chambre des enfants (0-15 ans) en 2005.