Le Web, complément idéal
Problèmes de coût, complémentarité des supports, la révolution internet ne pouvait pas ne pas toucher de plein fouet les magazines de marque. Mais comme cela est tout récent, il est encore bien difficile de déceler l'avenir. Quelques pronostics...
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Impossible désormais de proposer une approche marketing globale sans
envisager l'ensemble des médias. Beaucoup d'annonceurs ont commencé par créer
des sites qui ne faisaient que reproduire les magazines papier, mais cette
époque semble révolue. C'est heureux car les deux médias sont fondamentalement
différents. Les agences se positionnent globalement comme des "fournisseurs de
contenus". Mais certaines plus que d'autres. « Il ne faut pas foncer tête
baissée, mais se poser la question : "Quel type de contenu et d'information
vais-je diffuser sur le Web ?", affirme Corinne Cherqui (Angie). Il faut
réfléchir à une stratégie éditoriale globale, dans laquelle les différents
supports sont complémentaires les uns par rapport aux autres. La notion de
coordination des supports devient ainsi stratégique. Nous l'avons d'ailleurs
intégrée à l'agence. L'objectif est de concentrer en un seul point les
informations issues des différents services de l'annonceur, puis de les
dispatcher, selon leur nature, vers le bon canal : Web, consumer, presse
internet... » Même si chaque type d'information doit être pris au cas par cas,
une répartition des rôles pourrait globalement se dessiner entre, d'un côté, le
papier, plus affectif, plus charnel, plus "profond" et, de l'autre, le Web.
Soit pour une information de type "pour en savoir plus" par rapport à un
article d'un magazine de marque, soit pour une information très éphémère,
promotionnelle ou commerciale, dans une logique d'actualisation. Une mission
qu'un trimestriel, voire un mensuel, aura du mal à remplir. Tout cela, bien
sûr, avec des passerelles et des interconnexions permanentes. « Il est
important que le Web ne soit pas le prétexte pour faire des impasses sur un
magazine papier, estime François Blanc. Ce dernier doit proposer toute
l'information, d'une façon synthétique et facile à lire. Quitte, ensuite, à la
reprendre sous d'autres formes sur le site. » Créapress réalise déjà près de la
moitié de son chiffre d'affaires avec Internet et Intranet. L'agence, qui vient
de racheter une SSII (Aqueva), a déjà à son actif de belles réalisations, parmi
lesquelles SFR. Quel avenir pour le Web ? Sans doute florissant, ce qui ne
surprendra personne. « Vu le montant des investissements papier, les marques
revoient leur stratégie et demandent aux agences une réflexion à la fois on et
off line, estime Laurence Vignon (Textuel). Surtout dans des secteurs
pionniers, tels que la téléphonie. » Au point d'envisager une substitution à
grande échelle. Si l'on admet que chaque support a sa propre utilité, il n'y a
pas de raison que cela se produise. « Au contraire. Plus on ira vers le
multimédia, plus le papier est susceptible de retrouver sa vraie légitimité, de
"laisser une trace" dans une culture du vite lu et vite jeté », estime Bruno
Scaramuzzino.