Le GO virtuel du Club Med : un animateur qui sait aussi vendre
Sur Internet, le Club Med tente de montrer on line ce qui fait sa spécificité : une osmose entre employés et clients qui crée son ambiance tellement particulière.
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«La grande recette du Club Méditerranée tient en trois principes de base :
un lieu, le village, une communauté, les GM, et le GO. Cette osmose entre
employés et clients est une spécificité internationale du Club. » Pour
Christine Bonteil, directeur général de Club Med on-line, cette recette
s'applique parfaitement au monde de l'Internet. Le lieu, c'est le site web,
vitrine des villages du Club. La communauté, c'est celle des internautes
visitant le site, clients comme visiteurs. Manquait le GO, le gentil
organisateur, figure emblématique du Club. Pour garder l'esprit communautaire,
sa présence est indispensable. « Dans un premier temps, nous avions pensé a
utiliser le principe du "chat" a certaines heures de la journée », raconte
Christine Bonteil. Mais la mise en place de ce principe se révélait délicate.
Les GO ont déjà beaucoup à faire sur place. Ils n'ont pas vocation à se coller
devant un écran dans des villages qui n'ont souvent pas de connexion internet
!
Ludique et expert
En juin 2000, après consultation
de la société Semaphora, qui a mis au point une technologie permettant une
interactivité intelligente entre le site et l'internaute, Club Med on-line
décide d'avoir recours à un GO virtuel pour servir de guide, de conseiller, de
vendeur et d'animateur auprès des cybers GM. Il s'agit d'un personnage en 3D,
qui parle et qui dispose d'une bibliothèque de comportements lui permettant de
s'animer en fonction de la page où il se trouve. Si l'internaute est intéressé
par le tennis, il prendra une raquette et jouera au tennis. Ludique à certains
endroits du site, il pourra devenir expert en matière de promotions, mais en
aucun cas il n'est intrusif. « Nous voulons éviter le côté "Agent Microsoft".
C'est pourquoi il peut être très facilement désactivé », ajoute le directeur
général. Il suffit, pour se rendre compte de ce que veut dire Christine
Bonteil, d'appuyer sur le bouton d'aide dans un programme de Microsoft, de voir
surgir le personnage à tête de trombone pour comprendre ce qu'il faut éviter en
matière d'animation de site. Ce GO virtuel est réalisé à partir d'un moteur
d'animation 3D qui est téléchargé par l'internaute. Ce programme, dont la
taille est inférieure à 120 Ko, est chargé en moins d'une minute. Pour le faire
parler, il faut également télécharger un plug in d'environ 300 Ko. « Au début,
nous avions choisi une voix de synthèse, mais le résultat n'était pas
satisfaisant. Aujourd'hui, c'est une voix enregistrée qui est utilisée »,
précise Christine Bonteil. Pour les internautes qui ont l'habitude de surfer
sur le site, le GO virtuel fait office d'animateur. Pour ceux qui se sentent
perdus, il se fait accompagnateur, pointant les endroits stratégiques de chaque
page. C'est aussi un vendeur. Orientant les clients vers les clubs offrant des
disponibilités. Prochainement, le GO virtuel disposera de davantage
d'interactivité. On pourra lui poser des questions et il répondra, soit par
l'intermédiaire du "chat", soit par la voix, voire les deux. Outil de marketing
relationnel, il deviendra alors un conseiller en ventes.
Canal de vente complémentaire
Le site internet du Club est vu par ses
initiateurs comme un canal de vente complémentaire. Après un an d'activité, ils
ont pu s'apercevoir que les internautes achètent leurs séjours plus tard que
les GM qui passent par les agences traditionnelles. En janvier, par exemple,
les deux tiers des achats de séjour portaient sur la saison estivale. Sur
Internet, les surfeurs, dans les mêmes proportions, cherchent des séjours
correspondant à la saison hivernale. 50 à 60 % des commandes sur Internet
proviennent de nouveaux clients, selon Christine Bonteil. Avec des profils
relativement typés : 25-40 ans, assez urbains, CSP +, optant pour des séjours
au prix légèrement supérieurs aux prix moyens pratiqués. Le site a également
permis de cerner une population particulière : le profil monoparental
notamment. Exemple type : le père divorcé avec ses enfants. «Une segmentation
qui apparaît fortement dans les espaces e-club, ces parties du site où les GM
parlent aux GM», précise Christine Bonteil. Mais, ce qui marche le mieux,
selon cette dernière, ce sont les espaces pour célibataires. Des espaces qui
ont leur vie propre, sans intervention de la direction du Club, des
mini-groupes se formant en ligne. Certains se rencontrant avant le départ.
Reste qu'un site internet est un outil idéal pour prendre des informations sur
les goûts des GM. Une newsletter est envoyée à ceux qui acceptent de remplir un
questionnaire comportemental. Questionnaire qui alimentera une base de données
marketing. Celle-ci a déjà été mise à profit pour isoler une vingtaine de
profils qui permettent au cyber client de se reconnaître. Sera-t-il
"Jean-Claude, célibataire fêtard et fier de l'être" ou "Romain, 4 ans, qui fait
le clown et que ses parents adorent" ? C'est à lui de choisir. Enfin, le moteur
de recherche multicritère permet de faire son choix en fonction de la date ou
du lieu de vacances privilégié. Avec 700 000 visites et 7 millions de pages
vues, le site Club Med semble rencontrer son public. Son objectif : atteindre
10 % des ventes de séjours fin 2002 et développer une politique de
partenariats, portant sur les locations de voitures, les guides de voyages ou
encore les produits solaires. Le premier, signé avec Photoreflex, permet aux
internautes de bénéficier d'un service photo gratuit, de la numérisation à la
création d'un album de photos en ligne. A venir, la possibilité de disposer de
pages personnelles. Et ainsi, laisser les gentils membres présenter leur Club
Med.
CLUB MED ON-LINE,LES CHIFFRES-CLÉS
Création : avril 2000. Budget de développement : 50 millions de francs entre 2000 et 2001. Site français : juin 2000. Site USA : octobre 2000. Ventes 2000 : France : 2 %. USA : 5 % des ventes individuelles. Ventes début 2001 : France : 3 %. USA : 7 %. 50 % de nouveaux membres en 2000. 60 % début 2001. 700 000 visites, 7 millions de pages vues. Objectif : 10 % des ventes fin 2002.