La pensée verte «unique» pourra-t-elle sauver le monde?
Christine Pollet (Inter-View): «Certains projets dits écologiques menacent les ressources alimentaires des populations locales.»
Avec la crise est née l'idée, dans les pays développés (Etats-Unis en tête) que l'économie «verte» allait sauver le monde: elle promettait de booster la production défaillante, de donner des emplois, d'apporter une dimension éthique à notre rapport à l'environnement, de responsabiliser entreprises et individus. L'écho médiatique fut énorme, soutenu par les discours de Barack Obama et par le Grenelle de l'Environnement chez nous. Nous allions enfin pouvoir nous déculpabiliser d'avoir détruit la planète...
Un principe guide notre inconscient collectif: la nature est bonne. L'instinct qui guide les pratiques traditionnelles est meilleur que les apports de la science ou de la technique, pour tout ce qui touche au vivant. Et penser différemment, dans le microcosme des centres urbains, est vite considéré comme déplacé, «ringard» ou encore «réac'»... En 2010, il est fortement conseillé de manger, de s'habiller et de penser «vert», pour être écouté.
Parallèlement, défendre l'idée de la diversité est rapidement devenu une évidence (diversité ethnique, sociale, biologique...) pour tous. Pensée unique, toute verte qu'elle soit, et diversité: deux postures qui s'opposent, mais sans que nous en soyons encore vraiment conscients. La diversité de pensée aura-t-elle droit de cité si elle n'est pas dans l'air du temps? Récemment, le vent s'est mis à tourner: il semble nous inviter à la réflexion! Des discours contestataires encore isolés, mais de plus en plus fréquents, produits par des associations, des intellectuels ou des scientifiques, sont relayés par une presse réputée.
Le prix de l'écologie
Ainsi, les premières mises en cause et interrogations sur le «tout écologique» comme solution unique aux problèmes naturels et financiers de la planète font leur apparition. On s'interroge sur les effets secondaires et les dérives de la «croissance verte»: au Sud du Mexique, des multinationales européennes tentent d'implanter de gigantesques fermes éoliennes pour compenser leurs émissions de CO