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La pensée verte «unique» pourra-t-elle sauver le monde?

Environnement Nouvel eldorado vert? Démagogie? Manipulation écologique? Responsabilisation partagée? Les affirmations érigées en doctrines entre 2008 et 2010 autour de l'écologie seront-elles celles de demain?

Publié par La rédaction le
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Christine Pollet (Inter-View): «Certains projets dits écologiques menacent les ressources alimentaires des populations locales.»

Avec la crise est née l'idée, dans les pays développés (Etats-Unis en tête) que l'économie «verte» allait sauver le monde: elle promettait de booster la production défaillante, de donner des emplois, d'apporter une dimension éthique à notre rapport à l'environnement, de responsabiliser entreprises et individus. L'écho médiatique fut énorme, soutenu par les discours de Barack Obama et par le Grenelle de l'Environnement chez nous. Nous allions enfin pouvoir nous déculpabiliser d'avoir détruit la planète...

Un principe guide notre inconscient collectif: la nature est bonne. L'instinct qui guide les pratiques traditionnelles est meilleur que les apports de la science ou de la technique, pour tout ce qui touche au vivant. Et penser différemment, dans le microcosme des centres urbains, est vite considéré comme déplacé, «ringard» ou encore «réac'»... En 2010, il est fortement conseillé de manger, de s'habiller et de penser «vert», pour être écouté.

Parallèlement, défendre l'idée de la diversité est rapidement devenu une évidence (diversité ethnique, sociale, biologique...) pour tous. Pensée unique, toute verte qu'elle soit, et diversité: deux postures qui s'opposent, mais sans que nous en soyons encore vraiment conscients. La diversité de pensée aura-t-elle droit de cité si elle n'est pas dans l'air du temps? Récemment, le vent s'est mis à tourner: il semble nous inviter à la réflexion! Des discours contestataires encore isolés, mais de plus en plus fréquents, produits par des associations, des intellectuels ou des scientifiques, sont relayés par une presse réputée.

Le prix de l'écologie

Ainsi, les premières mises en cause et interrogations sur le «tout écologique» comme solution unique aux problèmes naturels et financiers de la planète font leur apparition. On s'interroge sur les effets secondaires et les dérives de la «croissance verte»: au Sud du Mexique, des multinationales européennes tentent d'implanter de gigantesques fermes éoliennes pour compenser leurs émissions de CO2. Ces projets dits écologiques menacent les ressources alimentaires des populations locales. Se souvient-on des effets similaires du développement massif des biocarburants, dénoncé en 2008? Marques et entreprises, sommées de faire du «tout écologique», se contentent trop souvent encore de «green washing». En avril dernier, un sondage TNS Media Intelligence pour Ethicity nous rapporte que 43 % des Français ne supportent plus les messages des marques sur l'environnement. De quoi s'interroger sur les marques, les prix, les faux produits verts désormais dénoncés par les associations, la presse ou les blogs. Et mettre en perspective les effets pervers des aides publiques, qui profitent aux pollueurs, et les objectifs irréalistes des gouvernements. Parallèlement, le prix (trop) élevé et les bénéfices pour la santé des vrais produits bio commencent à être discutés. La vigilance des consommateurs est sollicitée. 30 % des articles bio sont importés, dont 60 % des fruits et légumes bio, ce qui produit d'importantes quantités de CO2. Pire, les avantages nutritionnels ou sanitaires sont jugés non significatifs, selon l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments et une centaine d'articles scientifiques. De plus en plus, des contestations émergent sur la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Des scientifiques toujours plus nombreux, faisant écho au Pr. Claude Allègre, contestent la thèse d'un réchauffement climatique dû à l'homme. Les climato-sceptiques rencontrent un accueil plus favorable et mettent en garde les Etats sur l'illusion du «business vert» comme seule réponse au problème. Le catastrophisme a fait son temps. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) érige en certitudes des résultats de recherches incertains; plusieurs de ses membres démissionnent et font entendre leurs différences.

La rédaction

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