La motivation générationnelle a-t-elle un avenir ?
our “génération”, le dictionnaire donne comme définition : “ensemble des
individus vivant à la même époque et ayant à peu près le même âge”. Voici,
d'emblée, tracé le cadre de la motivation dite générationnelle. Avec elle,
référence est donc faite à un critère supplémentaire, dans une discipline déjà
assez pointue, celui de l'âge. Après tout, pourquoi pas ? La fonction
commerciale, pour ne retenir que cette dernière - a priori la première
concernée par les problématiques de stimulation et de motivation -, ne
constitue pas un groupe homogène en termes d'âge ou d'attentes. Junior
fraîchement sorti d'une école de commerce ou senior à quelques années de la
retraite, travaillant dans l'automobile ou dans l'industrie pharmaceutique… les
différences sont notables. Dès lors, on peut se poser la question : les
entreprises prennent-elles en compte ces différences dans leur politique de
motivation ? Et si oui, les mécaniques, les supports, les dotations sont-ils
identiques ? Avant d'entrer dans le vif du sujet, insistons sur le fait que les
réponses à ces questions dépendent en grande partie des définitions adoptées.
Notamment par la motivation. Selon que l'on choisit son acception la plus
restrictive, c'est-à-dire des challenges courts destinés à motiver de façon
ponctuelle par rapport à un objectif donné (le terme de stimulation ou
d'incentive lui sera alors préféré) ou qu'on la prend au sens large (ensemble
des outils contribuant au bien-être des collaborateurs dans l'entreprise et les
incitant à y donner le meilleur d'eux-mêmes), la perspective générationnelle
s'en trouvera modifiée.
Adapter la stimulation à la cible
Parlons tout d'abord de stimulation. Et au premier niveau
d'analyse, considérons qu'après tout, le propre de la stimulation est justement
de tenir compte des différences entre les cibles et entre les populations
auxquelles on s'adresse. Il s'agit peut-être d'une évidence, mais elle mérite
d'être énoncée. « Lorsque nous montons une opération de stimulation, c'est par
rapport à des cibles précises, explique Patrick d'Auvigny, directeur du
département Conseil en fidélisation & motivation d'Accentiv'. Le raisonnement
est le même que pour une démarche marketing. Nous commençons par définir les
objectifs, et juste après, nous définissons la cible. Toute la recommandation
proposée, qu'il s'agisse de communication, d'animation, de thématique, de
sélection de cadeaux ou voyages, sera déterminée par la cible à stimuler. » Il
y a là un premier niveau d'approche sinon “générationnelle”, tout au moins
d'adaptation à une cible donnée. Poussons plus loin l'analyse dans l'univers de
la stimulation et concentrons-nous, cette fois, uniquement sur l'approche
générationnelle. Ce qui permet de dresser un constat pour le moins mitigé… En
effet, on ne peut pas vraiment dire que cette approche générationnelle soit
prise en compte en tant que telle. Une rapide tournée des agences montre que le
critère de l'âge n'a, a priori, pas sa place dans les challenges d'incentive. «
Je n'ai pas en tête d'exemple d'opération, qu'elle soit conçue par Com'In ou
par une agence concurrente, dans laquelle une population commerciale aurait été
segmentée par tranche d'âge dans le cadre d'un challenge, affirme Patrick
Cauvin, directeur général de Com'In. Et pour cause : C'est une approche qui,
par nature, ne paraît guère pertinente. » Même constat chez Consul : « L'âge en
tant que tel ? Ce n'est pas une variable pertinente », estime Jean-Christophe
Hubau, directeur commercial de Consul, agence spécialisée dans les actions
tactiques de motivation et de promotion et filiale d'Everest. Cela n'a rien de
très surprenant. Malgré des différences de fonction, d'univers, d'âge évoquées
précédemment, les populations commerciales sont, par nature homogènes, dans
leur vécu, leur caractère, leurs objectifs. L'introduction de critères de
différenciation dans un événement tel qu'un challenge d'incentive ne se
justifie donc pas. Au contraire, même. « Introduire des critères tels que l'âge
peut se révéler au mieux maladroit, et au pire discriminatoire…, poursuit
Jean-Christophe Hubau. C'est pourquoi, lorsque nous travaillons sur une cible
large, nous cherchons à globaliser, à identifier des dénominateurs communs,
plutôt qu'à créer des différences. » S'il n'est pris en compte qu'à la marge,
le critère de l'âge n'est pas complètement oublié pour autant. Sur des
challenges plus ciblés, la bonne adaptation du challenge à la cible va se
traduire par la prise en compte de nombreux critères, dont fatalement celui de
l'âge. « A priori, l'âge n'est pas forcément une donnée que l'on prend en
compte, mais il est bien évident que si, sur un challenge, l'ensemble de la
population a entre 20-25 ans et 30 ans, cette donnée devient essentielle,
explique Patrick d'Auvigny. Il n'y a rien de très nouveau là-dedans. Ce qui est
nouveau, c'est l'émergence de populations jeunes et homogènes, avec le
développement des métiers liés aux nouvelles technologies. » Côté challenge, la
prise en compte de ce critère se fera à deux niveaux : création et animation
d'un côté, dotations de l'autre. « Nous opterons pour des thématiques plus
“tendance”, qui tournent, par exemple, autour du sport ou de la musique, avec
des créations plus vives, plus percutantes, explique Jean-Christophe Hubau.
Dans l'animation du challenge, nous utiliserons des relais mieux adaptés à une
cible jeune, type SMS. » Quant à la dotation, si les outils actuels
(catalogues, chèques cadeaux) offrent un spectre très large, il n'est pas
inutile de la personnaliser : voyage à caractère sportif pour des jeunes, plus
culturels pour des seniors… « C'est même indispensable, estime Philippe
Florentin, P-dg de Kouro Sivo. Il doit absolument y avoir adéquation entre le
message, la dotation de motivation et la cible. » (voir encadré page 66).
Redonner du relationnel à la motivation
Le critère de
l'âge n'est donc pas totalement absent. Mais convenons-en, ce qui précède se
situe bien plus dans une logique de simple adaptation d'un challenge à une
cible que dans une logique générationnelle. Il en va différemment lorsque l'on
considère la motivation de façon plus globale. Dès lors, l'approche
générationnelle prend un relief non seulement nouveau, mais d'une totale
actualité au regard des problématiques auxquelles sont confrontées les
entreprises. Qu'il s'agisse des populations commerciales (voir encadré
ci-contre) ou de toute autre forme de collaborateurs, la motivation est plus
que jamais essentielle. Au point que, dans leur utilisation actuelle, ses
éléments constitutifs trouvent leurs limites. « Au fil des ans, on a retiré
tout le côté relationnel de la motivation pour n'en garder que l'aspect
transactionnel, constate Patrick d'Auvigny. Or, celui-ci ne suffit pas. Il faut
continuer, au-delà de la distribution d'une prime ou d'un cadeau, à dire bravo,
à dire merci, à favoriser la confiance en soi des collaborateurs. Les
fondamentaux de la motivation ont été un peu oubliés. » Systèmes de
rémunération sous toutes leurs formes, outils d'incentive que nous venons
d'évoquer, avantages en nature, formation, outils de communication, gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences (évolution de carrière),
turn-over… il n'est pas question de remettre cette liste en cause, mais plutôt
d'apporter des modification dans l'usage qui est fait de ces outils et dans les
mentalités en manière de management.
Prendre en compte les différences d'aspirations
« Faut-il aller vers la motivation
générationnelle, interroge Christophe Jankowski, manager senior chez Orga
Consultants. Je ne pense pas qu'il faille appliquer celle-ci par principe, car
on risquerait alors de créer inutilement des castes et des clivages. Il n'en
demeure pas moins que les juniors et les seniors ne fonctionnent pas de la même
façon. Dès lors, il faut intégrer cette donnée générationnelle au niveau de la
réflexion, ce que les entreprises font encore trop peu, et la mettre en œuvre
lorsque cela s'avère nécessaire. » Et Christophe Jankowski de citer quelques
exemples. Une formation mêlant les deux populations s'avère très performante en
matière de transfert de compétences. Pourtant, dans certains types de
formations, mieux vaut procéder de façon dissociée. « En matière de CRM par
exemple, entre un junior et un senior, les besoins seront totalement
différents, poursuit Christophe Jankowski. Même chose en matière de management
commercial et d'encadrement d'équipes de vente. Le commercial senior habitué à
une grande indépendance aura du mal à “rentrer dans le moule” et ne sera pas
sur la même longueur d'ondes que le junior. Dans ces cas, la formation doit
être distinctive et le discours, ciblé en fonction des besoins. » De la même
façon, il est souvent difficile pour les jeunes managers d'animer des équipes
de commerciaux seniors. Sans une solide préparation, ils seront vite perdus… et
croqués par les vieux loups de mer. « Sans en faire un principe général,
l'approche générationnelle se révèle pertinente sur certains sujets tels que le
management, l'encadrement, l'appropriation et l'intégration des outils, le
transfert de savoir-faire », résume Christophe Jankowsi. « Il faut prendre en
compte de façon plus fine les différences d'aspirations qui peuvent se
manifester d'une génération à l'autre, explique pour sa part Marie-Agnès Blanc,
consultante en formation commerciale de la Cegos. Les jeunes, par exemple,
passent pour être moins attachés à l'entreprise, plus volatils, ce qui est
vrai. Mais il ne faut pas se “bloquer” sur cette première impression. Ils
attendent en priorité de gagner en compétence, ils sont demandeurs d'autonomie,
ils veulent qu'on leur confie des missions, et non des tâches… Au management de
s'adapter, en sachant proposer des leviers d'évolution, en ayant une autre
façon de manager, en évitant les attitudes de “petit chef”… En dépit des
apparences, c'est peut-être la catégorie la plus motivable. Les quadras auront
d'autres préoccupations. Prêts à donner beaucoup, ils seront très sensibles à
la reconnaissance des efforts qu'ils accomplissent, et pas seulement des
résultats qu'ils obtiennent. Quand aux quinquas, ils voudront être utilisés à
la mesure de ce qu'ils sont capables de faire, et non avoir l'impression d'être
un poids pour l'entreprise, comme c'est trop souvent le cas… C'est toutes ces
données, et bien d'autres encore, que l'entreprise doit prendre en compte. Le
blocage peut venir du fait qu'on touche là davantage à des préoccupations de
ressources humaines, alors que la gestion au quotidien de toutes ces questions
se fait au niveau commercial. » Parmi les éléments sur lesquels l'approche
générationnelle peut se révéler efficace, le transfert de savoir-faire revêt
une place particulière. Il est sans aucun doute l'un des plus importants
challenges auxquels seront confrontées les entreprises dans les années à venir.
« Dans bien des secteurs d'activité, les plus anciens dans l'entreprise sont de
vraies bibliothèques, explique Alain Gripoix, directeur de Gripoix Conseil. Ils
savent mieux que les autres jongler avec les différents leviers de la
prestation, jaugent l'implication du service, adaptent les efforts aux profils
clients, rattrapent les malaises du siège ou les erreurs des incompétences,
connaissent toutes les ficelles et astuces… Ils détiennent un vrai capital tant
de savoir que relationnel. » D'où l'intérêt de préserver ce capital. Dans la
période actuelle (départ à la retraite de la génération baby-boom dans les
cinq-dix ans), cette donnée prend une acuité particulière. « C'est un grand
mouvement social qui risque d'avoir des conséquences négatives sur la vie de
l'entreprise, tant dans sa relation avec ses marchés que dans sa vie interne,
poursuit Alain Gripoix. Certaines ont déjà anticipé et organisé les
“passerelles intergénérationnelles” depuis quelques années afin que le tissu
culturel soit ancré en permanence. Ce sont souvent de grandes sociétés qui
savent intégrer le capital humain. Elles sont connues et mettent l'homme au
cœur de leur dispositif de développement : HP, Bonduelle, Sony… Mais elles sont
une minorité. »
Cultiver les relations humaines dans l'entreprise
Côté marchés, les secteurs les plus traditionnels
risquent d'être fortement concernés par ces départs : négociants, grossistes
bâtiment, chauffagistes, électriciens, quincailliers, équipements de garage ou
chargés de fourniture… ont développé une dimension relationnelle, affective
avec le client. Et la notion d'ancienneté constitue souvent une grande part du
capital. Quant aux secteurs d'activité, le commercial est loin d'être le plus
menacé. « Dans la fonction commerciale, la dynamique du système a su mobiliser
un maximum d'acteurs, quels que soient leur âge ou leur historique, poursuit
Alain Gripoix. La motivation y est permanente, les objectifs font partie du
quotidien, l'encadrement, le management sont attentifs aux évolutions. » A
l'inverse, les structures de type accueil, logistique, livraison, assistance
technique, après-vente, trade marketing… sont dépositaires d'un lien fort avec
la clientèle. La mise en place opérationnelle de ce transfert de compétences
passera en priorité par un système de coaching consistant à créer un binôme
senior / junior (voir encadré page 70). Une fois que l'entreprise a initié la
démarche, encore faut-il que le senior soit motivé pour cette mission… « On ne
peut se contenter d'expliquer à un senior qu'il est valorisant pour lui de
former un jeune et espérer, par cette seule affirmation, déclencher toutes les
vocations, affirme Patrick Cauvin. L'entreprise qui fait abstraction des
relations humaines ou qui a malmené ses seniors pendant des années ne pourra
changer son discours du jour au lendemain, et leur expliquer qu'ils sont
subitement devenus indispensables. » Un certain nombre de leviers peuvent
accompagner ce coaching : valorisation par la communication sur les expériences
de coaching à travers les supports internes des entreprises, participation
directe des seniors à des formations au côté de formateurs, mise en valeur des
individus dans les grands événements de l'entreprise (telle cette société dont
les deux commerciaux le plus jeune et le plus ancien co-animaient la Convention
: un symbole fort…), “officialisation” de ce coaching à travers des contrats
d'objectif… « Mais tout cela ne doit pas apparaître comme quelque chose de
soudain et de superficiel, insiste Patrick Cauvin. C'est pourquoi la meilleure
garantie de succès, par rapport à la transition qui s'annonce, consiste en une
solide culture des relations humaines dans l'entreprise. »
Kouro Sivo crée la première Centrale d'achat dans le domaine de la récompense
La logique générationnelle, Kouro Sivo la ressent « au point d'avoir réorganisé l'entreprise », explique Philippe Florentin, avec malgré tout une définition un peu particulière. « Derrière la notion de génération, il y a à la fois une notion de métissage de culture et de genre, d'élargissement de l'offre, de parfaite adaptation de celle-ci à la problématique posée. » Et Philippe Florentin d'entamer une démonstration : aujourd'hui, la motivation au sens large représente un investissement considérable pour l'entreprise : environ 30 % du marketing opérationnel et relationnel, contre 40 % au marketing direct, à la promo, au trade marketing (soit 70 % pour le marketing opérationnel et le relationnel), et 30 % à la publicité. Un poids qui se justifie largement dans la mesure où le premier client de l'entreprise n'est pas le client final, mais le vendeur ou le distributeur. Il est donc essentiel de motiver ce dernier. Il faut avoir auprès de lui un discours cohérent sur le produit et la marque qu'il doit vendre. Or, aujourd'hui, c'est trop rarement le cas… « En matière de communication, il y a une véritable adéquation entre le message publicitaire, le média et la cible, insiste Philippe Florentin. Nous revendiquons la même cohérence dans l'univers qui est le nôtre entre le message de motivation, le média utilisé (la dotation) et la cible que l'on souhaite toucher. » C'est ainsi que Kouro Sivo crée la première régie cadeaux. Lancée en septembre, Cadéquation se veut la première centrale d'achat dans le domaine de la récompense, « de la même façon qu'il y a des centrales d'achat dans les médias, souligne Philippe Florentin. Nous voulons donner à l'annonceur et à l'entreprise le choix le plus vaste en matière de systèmes de récompense, afin que les dotations soient parfaitement adaptées à la cible à laquelle elles s'adressent, au contexte, au message… Aujourd'hui, parce qu'elles ne veulent pas de contraintes, les entreprises se résolvent à faire du chèque cadeau. C'est de l'anti-motivation ! C'est un peu comme une publicité qu'on ne serait pas capable d'attribuer à une marque… Il faut remettre le client au cœur de la stratégie de l'entreprise, ce qui passe par de l'incitation, par de la motivation, et par de la différenciation en fonction des profils. »
Cinq raisons de motivation pour les structures commerciales
La pression du résultat. “Chiffre”, objectif, part de marché… autant de notions indissociablement liées à la fonction commerciale. Mais la pression dans ces différents domaines devient de plus en plus forte. On en demande beaucoup plus aujourd'hui aux commerciaux et aux réseaux qu'hier. L'appropriation du changement. Emergence de nouvelles technologies, modification du périmètre et des attributions des vendeurs… les structures commerciales ont connu plus de changements en cinq ans qu'au cours des trente années précédentes. Une véritable révolution culturelle qui a cassé beaucoup de repères, mis à mal bien des certitudes et ébranlé toute une catégorie. Le papy-boom. Avec lui, toute une frange de la population va bientôt partir à la retraite. Que faire de celle-ci ? Quels sont les outils à mettre en place pour capter le savoir, souvent non formalisé, dont ils sont dépositaires ? Des questions que les entreprises ne se sont pas encore posées ? La relation au travail. L'appartenance, l'esprit d'entreprise… ces valeurs là ont-elles vécu, au moins auprès des plus jeunes ? Ceux qui intègrent l'entreprise n'ont plus pour objectif d'y faire carrière. L'école - de commerce - leur a même appris à considérer leur première expérience comme un simple passage destiné à se “faire les dents”. La démotivation née des nouvelles technologies et des nouveaux canaux. Avec le CRM et l'émergence des nouvelles technologies, les commerciaux n'ont plus été considérés comme les premiers détenteurs de la relation client. Le facteur humain était passé au second plan. Aujourd'hui, il y a un retour en arrière et l'on (re) prend conscience du fait que la bonne vieille force de vente a encore un rôle à jouer dans la qualité de la relation client. Mais le phénomène a laissé quelques traces.
Avis d'expert : Alain Gripoix (Gripoix Conseil) Le coaching, comment ça marche ?
«Associer deux individus et construire des duos identifiés tout en fixant quelques objectifs formels afin d'éviter des excès de personnalité ou le risque d'installer l'anarchie : voici une façon concrète, parmi d'autres, de mettre en œuvre la transmission intergénérationnelle dans l'entreprise. Le plus ancien aura un rôle de coach sur son équipier. Il ne devra pas imposer son savoir mais ouvrir les choix, donner toutes les clés du contexte, afin que le plus junior ait toutes les données pour faire son choix dans l'action. Dans ce contexte, l'ancien est un “facilitateur”. Le coach prépare la passation de pouvoir. Par exemple, il se réunit avec son coaché une à deux fois par mois pour faire des points : analyse des problèmes, solutions possibles, difficultés rencontrées, astuces à connaître, conseils pratiques ou techniques, analyse et évolution des résultats… Ces réunions formelles peuvent être renforcées si nécessaire par des entretiens par mail ou téléphone. La meilleure des motivations pour le duo sera d'exposer les évolutions aux regards des autres et d'en parler : journal interne, tableau d'honneur, et autre à inventer. L'important, pour le management, sera d'être inventif et attentif aux évolutions. Et si possible les mesurer. Dans ce cadre, c'est une vraie mission qui est proposée au “coach”. Il doit la comprendre et se l'approprier afin d'être efficace dans son action. En un ou deux ans les résultats se feront ressentir. Un coach peut, selon sa performance, être mis en situation avec plusieurs autres collaborateurs. Question de temps et d'univers métier. Ce tuteur doit devenir un libérateur d'énergie, un cadreur. Ce qui impose de surveiller de près les binômes afin d'interférer rapidement en cas de blocages, voire de conflit et d'effectuer les changements nécessaires. C'est maintenant qu'il faut mettre en place la relève et préparer le changement en douceur. Très vite les années à venir vont amplifier le phénomène. La situation aujourd'hui n'est pas alarmante à condition que la relève se construise via le duo entre celui qui partira, celui qui prendra la relève. »
La Mondiale Expert « Une culture d'entreprise forte »
Pour La Mondiale, l'ancienneté et la logique générationnelles sont privilégiées. Thierry Chérier, directeur du développement, mise sur les ressources humaines. La logique générationnelle est en plein dans notre actualité puisque nous modifions certaines de nos habitudes pour l'intégrer. La force de vente de La Mondiale est composée d'environ 850 commerciaux. En matière d'incentive, nous avons une institution, les Clubs des 20, dans lesquels sont classés les collaborateurs. Mais de facto, ces Clubs n'étaient pas accessibles à ceux qui ont moins de trois ans d'ancienneté. Cette année, nous mettons donc en place trois classements : moins de deux ans, trois à cinq ans et plus de cinq ans. Dans un cadre plus large, nous sommes en train de déterminer des typologies de collaborateurs selon leur ancienneté, à partir du même schéma (moins de deux ans, trois à cinq ans et plus de cinq ans). L'objectif étant de détenir un outil de classement et d'animation de nos collaborateurs qui leur permettra de se “challenger” dans leur catégorie. Il y a à La Mondiale une philosophie et une culture d'entreprise très fortes. La société reste à taille humaine, très proche de ses équipes commerciales, avec des relations régulières sur le terrain, beaucoup de formation... Ce soin apporté aux ressources humaines est essentiel pour pérenniser la culture de l'entreprise. Maintenir le lien s'avère un peu plus difficile avec les jeunes générations, qui n'ont pas forcément le même niveau d'attachement, la même dimension affective par rapport à une entreprise. C'est là qu'une entreprise à la forte culture comme la nôtre peut faire la différence. »
Toshiba Tec France Imaging System « L'âge non, l'ancienneté, oui »
L'entreprise utilise l'ancienneté comme outil pour classifier la population commerciale. Didier Brassaert, responsable du recrutement et de la formation commerciale, explique que l'âge n'est pas un critère différenciant. «Toshiba Tec s'appuie sur un réseau d'environ 350 commerciaux (siège + filiales) et managers chefs des ventes, auxquels il faut ajouter une petite centaine de distributeurs indépendants. Notre activité : la vente de systèmes d'impression et d'outils de gestion du document. L'âge n'est pas pour nous un critère différenciant, mais la logique générationnelle n'est pas absente pour autant. Nous sommes très utilisateurs d'incentive, outil dans lequel nous intégrons non pas une notion d'âge, mais d'ancienneté. De façon plus générale, l'ancienneté est un outil qui nous permet de classifier la population commerciale. Par exemple, nous avons développé des plans de formation très spécialisés accessibles à partir d'un certain niveau de résultat et d'une certaine ancienneté. Par ailleurs, depuis deux-trois ans, nous cherchons à identifier au sein de notre réseau des collaborateurs et à les faire travailler par groupes sur des dossiers prédéfinis, avec communication du fruit de leur travail à l'ensemble du réseau. Nous souhaitons ainsi faire reconnaître la capacité ou la connaissance de certains, ce qui est une façon de les valoriser et de les motiver. Cela nous permet également de déceler des potentiels dans l'entreprise. Notamment parce qu'il faudra bientôt remplacer une partie de nos effectifs. Tout cela s'inscrit dans un travail de culture d'entreprise qui est assez récent chez nous. Il y a quelques années, nous étions un réseau de distributeurs simplement animé par des challenges d'incentive. Désormais, nous considérons qu'il est important d'avoir un processus de réflexion à tous les échelons. »