Recherche

La fin de l'enfant roi ?

Les parents à la reconquête de leur autorité ? Selon l'étude du cabinet ABC+, ils manifestent le besoin de jouer un rôle plus éducatif. et restreignent la liberté de leurs enfants hors du domicile.

Publié par le
Lecture
6 min
  • Imprimer

«Plus que jamais parents et enfants agissent en partenaires », constate Armelle Le Bigot Macaux, présidente d'ABC+. Cette conclusion, tirée de l'étude conduite par son cabinet d'études pour Fnac Eveil & Jeux et portant sur les familles ayant des enfants entre 3 et 11 ans, révèle à quel point les rapports entre générations ont évolué. Le règne de l'enfant roi né dans les années quatre-vingt-dix toucherait à sa fin. Aujourd'hui, l'autorité parentale marque son retour. « Il y a une volonté forte des adultes d 'installer des valeurs, d'avoir un rôle plus éducatif et d'imposer leurs convictions au sein de la famille », note Armelle Le Bigot Macaux. Quitte à trop protéger leurs enfants ? L'étude estime que ces «Protecteurs» constituent 39 % des parents, contre 28 % en 2003*. Parmi eux, ils sont 19 % à assumer leur statut de parents «tradi» et 20 % à faire preuve de sévérité. « Si, auparavant, être trop protecteur avait une connotation «has been», aujourd'hui, cette catégorie de parents s'assume complètement », précise la directrice d'ABC+. De quoi mettre à mal les valeurs humanistes (peu de punitions, extrême tolérance) de la catégorie des «Néo bobos», en baisse de 6 points depuis 2003* (29 %). Ce retour aux valeurs d'antan s'intensifie avec celui de la figure patriarcale.

Esprit de compétition, importance grandissante de la performance...

Les parents ont un regard aiguisé sur l'évolution de la société et s'inquiètent davantage pour leur progéniture. « Le monde extérieur est plus dur et plus anxiogène qu'avant, explique Armelle Le Bigot Macaux. Il faut redoubler d 'efforts pour affronter l'extérieur. » Résultat : quelle que soit la catégorie de parents, une majorité préfèrent faciliter le travail des enfants à s'adapter et à s'insérer dans un groupe. Ce qui, selon l'étude, entraîne les parents à faire passer la personnalité de l'enfant au second plan.

Le resserrement sur le cocon familial

Une tendance forte au repli apparaît : seuls 31 % des enfants reçoivent des amis chez eux, contre 51 % en 2003L'étude de 2003 a été réalisée auprès de familles ayant des enfants entre 6 et 11 ans.. D'ailleurs, 72 % des parents s'interdisent de les laisser seuls (contre 46 % en 2003*) et 83 % sont inquiets quand leurs enfants sortent du domicile (contre 68 % en 2003L'étude de 2003 a été réalisée auprès de familles ayant des enfants entre 6 et 11 ans.). Un isolement que les parents comblent par le biais d'un remède : les équipements technologiques. Téléphone mobile, console de jeux vidéo, télévision dans la chambre... S'ils permettent de surveiller leurs rejetons, ces outils sont considérés par les parents comme un excellent moyen de socialisation. En effet, un enfant sur deux âgé de 10 à 1 1 ans possède un téléphone portable, soit le double des 8-9 ans. Et un quart d'entre eux aiment surfer sur le Net (+ 10 points par rapport à 2003*). Enfin, selon les parents, leurs enfants passent en moyenne 5 h 24 par semaine devant la télévision, soit 41 minutes de plus qu'en 2003L'étude de 2003 a été réalisée auprès de familles ayant des enfants entre 6 et 11 ans.. Une évolution que 64 % des parents approuvent. « Les parents ne s'inquiètent pas : ils ont le sentiment que tout est contrôlé sur la télévision. Alors qu'à l'extérieur de la maison, on est angoissé par l'inconnu », remarque Armelle Le Bigot Macaux. Au milieu de ce tumulte technologique, quelle place pour les jouets et les jeux ? 90 % des familles pratiquent les jeux de société en 2009, soit une hausse de 13 points par rapport à 2003L'étude de 2003 a été réalisée auprès de familles ayant des enfants entre 6 et 11 ans.. Un résultat qui confirme le rôle de ciment que le jouet conserve au sein de la cellule familiale : « Acheter un jeu de société, c 'est acheter du temps passé ensemble », précise la directrice d'ABC+. Qu'en déduire ? Que les parents sont davantage conscients du besoin de jouer de leurs enfants. Qu'ils octroient, en guise d'épanouissement personnel, davantage de liberté à leurs enfants... tant qu'elle s'exerce à domicile.

@ Juan Darién / Fotolia

Méthodologie

Etude on line menée entre le 11 et le 21 décembre 2009 auprès de 700 personnes : 400 adultes (100 parents d'enfants de 3 à 5 ans et 300 parents d'enfants de 6 à 11 ans) et 300 enfants de 6 à 11 ans. Cette étude dresse un comparatif avec deux études menées en 1993 et 2003.

DAMIEN GROSSET

S'abonner
au magazine
Se connecter
Retour haut de page