La famille 2012 en quête d'équilibre

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Qu'ils portent sur la relation à l'enfant, sur les liens au sein du couple ou la relation avec l'environnement social, on observe depuis quelques années des changements majeurs au sein de la famille. «La famille n'est plus pérenne, elle peut éclater d'un jour à l'autre», constate l'Observatoire Gulli de Lagardère Active. 50 % des enfants naissent hors mariage, contre 6 % il y a 40 ans, un tiers des mariages se finit par un divorce et un quart des enfants vivent avec un seul parent. Pourquoi une telle rupture d'équilibre? Crise economique, crise sociale, chômage, catastrophes écologiques... Le monde extérieur est perçu comme de plus en plus menaçant, et est à l'origine de nouvelles incertitudes face à l'avenir, relève l'Observatoire, pour lequel le manque de repères de la cellule familiale a pour trame de fond l'accélération du rythme de vie. «La société est transformée par le nouveau rapport au temps, dont l'accélération menace autant la sphère publique que la sphère privée. Les activités des membres du foyer, les horaires à respecter et à faire coïncider constituent une lourde charge et un défi quotidien.»

D'autres facteurs sont responsables des bouleversements qui touchent la famille. Les mutations technologiques, par exemple. Les familles sont livrées à elles-mêmes en ce qui concerne, notamment, le téléphone portable, l'équipement individuel de connexion à Internet ou encore les sorties et ce qu'elles impliquent. Sur ces points, les parents tendent à adopter une attitude pragmatique: l'objectif est de contrôler le mouvement tout en évitant la rupture avec l'enfant. Un position difficile à tenir, confronté aux pratiques de socialisation concurrentes. Les choix effectués par d'autres familles, les comportements des pairs et tous les autres modèles véhiculés par les médias viennent nuancer, relativiser ou contredire les choix parentaux.

Des arbitrages divergents entre individuel et collectif

Si les fondations de la famille semblent s'effriter, elle n'en reste pas moins un rempart. «La famille, c'est aussi un peu de soutien quand tout le reste fout le camp. Le collectif n'existe plus par la solidarité de ses membres: la famille, ce sont des gens sur lesquels on peut compter», commente François de Singly, sociologue. Selon l'Observatoire, face à ces bouleversements, les familles d'aujourd'hui adoptent de nouvelles postures qui coexistent, peuvent se superposer et sont liées à des enjeux majeurs. L'étude les répartit en quatre grands groupes:

- Les familles partenaires: la communication, l'écoute et le dialogue deviennent les clés de voûte de la famille et de l'épanouissement de l'enfant;

- Les familles remparts: dans une société anxiogène où sa structure est fragilisée, la famille cherche à se protéger. Quête d'unité et de soutien et réaffirmation de valeurs et de convictions communes deviennent des enjeux de conquête pour ce groupe;

- Les familles reconnectées: le désir de se retrouver et de recréer du lien est de plus en plus fort dans un monde où le rapport au temps s'est transformé. Dans la famille, les temps et les espaces communs font l'objet d'une nouvelle valorisation. Partager et «faire ensemble» sont ici les expressions de la réaffirmation des liens;

- Les familles hédonistes: dans une société individualiste, la quête du plaisir devient une valeur centrale. Et les moments de plaisir partagés doivent concilier individuel et collectif. Vivre ensemble mais libres, en somme. « L'individu ne voulant plus se sacrifier pour la famille, c'est elle qui doit désormais lui offrir un cadre de vie épanouissant, à la fois sécurisant et propre à garantir une certaine liberté», remarque le sociologue Jean-Hugues Déchaux.