L'émergence de nouveaux scénarios d'usage et de relation
Intégrée dans nos objets familiers, la technologie s'invite partout. Elle fait partie intégrante de notre quotidien et nous entraîne dans un tourbillon de sensations et d'émotions parfois déstabilisantes. Dominique Weizman, directrice générale de Dezineo (www.dezineo.com), décrypte, pour nous, cette tendance techno-touch.
Je m'abonneTechnologie symbole
La technologie statutaire
valorise toute la modernité de son propriétaire. Dans l'automobile, elle est
synonyme de haut de gamme. Mais elle se fait discrète : l'ostentation est
inversement proportionnelle à la qualité technique effective. La technologie de
l'extrême fait rêver : les équipements proposés aux sportifs de haut niveau,
les applications imaginées pour le militaire, pour l'espace, repoussent les
limites du possible. La technologie “accessoire de mode” : Hyper-informé, le
consommateur est séduit par ce qui est inédit, nouveau. Pour séduire, l'objet
technologique adopte les codes de la mode et ravive l'émotion. A l'inverse,
le “low-tech” ou le “slow-tech” sont des voies alternatives pour ceux qui
refusent délibérément la course effrénée à la performance techno.
Nouveaux scénarii relationnels
Basique : Simplicité des
formes, couleurs des fonctionnalités. L'objet devient une épure, au graphisme
sombre, pour magnifier son contenu. Créative : La technologie permet de
laisser libre cours à son talent créatif Autonome : L'objet s'intègre dans
l'environnement, a sa propre capacité de traitement de données pour
communiquer Omniprésente: Miniaturisée, simplifiée à l'extrême et couplée aux
moyens de télécommunication les plus sophistiqués, la technologie est
disponible partout. Un environnement digital omniprésent et diffus, une
informatique qui se dilue dans le paysage quotidien. Fusionnelle : Les mondes
réels et numériques se superposent, se mêlent en une fusion harmonieuse.
Nouvelles expériences d'être
Performance, temps
multiples. Mondialisation, rentabilité, enrichissement rapide. Le monde actuel
nous pousse à la performance. Le temps devient une valeur clé : on veut
profiter au maximum de chaque instant, ne pas en perdre une seconde. Le temps
devient multiple, la technologie nous permettant de piloter plusieurs tâches en
même temps. Arrêter le temps, maîtriser le vieillissement, rester toujours en
mouvement. Sommes nous pour autant plus efficaces ? Sécurité, technostress. La
technologie nous donne de formidables outils pour contrôler notre
environnement. La miniaturisation fait que monitorings, caméras, capteurs ou
dispositifs de contrôle s'infiltrent partout, dans la ville, la maison,
l'automobile voire même dans notre corps. L'objectif est évidemment de
rassurer, de sécuriser et de prévenir. Génération “écran”. De plus en plus
visuelle, notre société fait appel à la vue au détriment des sensations
tactiles ou olfactives. Les informations transitent par l'écran, support de
choix de l'ère de l'information. Ecran pour afficher ou écran pour se cacher ?
Entertainement, des jeux et du spectacle. L'industrie du divertissement : une
échappatoire à un trop plein de stress induit par la course à la performance.
Il s'agit de donner du plaisir, de susciter des émotions, de la joie sans trop
d'effort, sensations prêtes à consommer pour se vider la tête. L'émotion
passe par des vecteurs essentiellement visuels et auditifs : le jeu (gain,
concours, pari), l'évocation du monde de l'enfance, l'humour ou l'évocation de
la sphère intime (voyeurisme, sexe, mort, scandales). On tend vers plus
d'interactivité et l'intégration des autres sens : toucher, odorat. Mobilité,
l'homme connecté : Omniprésence, miniaturisation et portabilité (intégrable
sur tout support) de la technologie affranchissent l'homme de toute attache
physique. L'homme en tant qu'unité mobile et indépendante se libère des
contraintes traditionnelles d'organisation de l'espace. Perte de mémoire ? Le
monde change à très grande vitesse : passé, présent et futur s'entrechoquent et
brouillent nos repères temporels. Nous faisons de plus en plus appel à des
aides personnelles de la mémoire : agendas, répertoires, bases de données… pour
stocker nos informations. Mais comme la technologie ne cesse d'évoluer, rendant
vite obsolète ces supports, serons-nous capables dans quelque dizaine d'années
de récupérer ces données ? Communautés, effet de mode ? Plutôt une nouvelle
recherche identitaire : dans un monde de plus en plus individualiste, l'homme
se questionne sur son identité, il est à la recherche de sens. Le rôle de la
famille, l'appartenance sociale, la culture perdent de leur importance. On
recherche d'autres communautés : les groupes se forment plutôt par affinités
et centres d'intérêts.