J, une bière aromatisée avec modération
Alors que les brasseurs internationaux s'emparent du segment des bières de spécialité, Duyck, brasserie familiale nordiste, décline Jenlain, sa marque phare, sur le marché des malternatives.
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Petite mais sans complexe, la brasserie Duyck fait figure d'irréductible
sur le marché de la bière. Face aux trois mastodontes, Kronenbourg, Heineken et
Interbrew, et bien qu'elle ne pèse que 0,4 % du marché, la brasserie familiale
construit pas à pas sa réputation sur le marché des spécialités. Début 2004, le
nordiste lançait J, une bière de garde aromatisée qui se décline en deux
saveurs, absinthe et gingembre. Ce faisant, la J rejoint la famille naissante
des malternatives où elle retrouve Boomerang, lancée en mai dernier par
Interbrew ou encore Smirnoff Ice. Mais, à la différence de celles-ci, elle se
définit, selon Raymond Duyck, P-dg de la brasserie éponyme, « comme un produit
né de la culture brassicole. J n'est pas une boisson alcoolisée à base de malt.
Il s'agit bien d'une bière aromatisée. Jenlain a toujours été la première, ou
parmi les premières, à se positionner sur de nouveaux créneaux et à créer une
innovation soit via le produit, soit via le packaging ». Et Raymond Duyck de
rappeler que dans les années cinquante, la brasserie avait été la première à
conditionner sa bière de garde, la Jenlain, dans une bouteille champenoise de
75 cl.
Une bouteille trendy
Destinée à séduire les
18-30 ans, la J s'adresse à cette génération, élevée aux colas, sirops et
autres soft-drinks, qui a fait le succès de la Desperados. « Cette génération
représente le marché de l'avenir. Dans les groupes consommateurs, les étudiants
expriment de vraies attentes vis-à-vis de la bière. Ils veulent du goût, du
savoir faire, de l'authenticité et de la modernité », poursuit Raymond Duyck.
Modernité exprimée par le logo, un J gothique, et la bouteille alu signée
Alnoor, un designer plus habitué à la conception de produits de luxe pour
Hermès et Jean-Paul Gaultier qu'aux produits de grande consommation. « Depuis
plusieurs années, le marché de la bière ne va pas bien. Seul le segment des
spécialités demeure dynamique. Selon les enseignes, 40 à 50 % de la rentabilité
du linéaire est aujourd'hui imputable aux bières de spécialités », indique
Raymond Duyck.Avec une petite dizaine de marques, et une production de 75 000
hectolitres, pour un chiffre d'affaires de 11 millions d'euros, la brasserie
Duyck est donc condamnée à innover pour ne pas disparaître des linéaires.
D'autant qu'après avoir été le pré carré des brasseurs locaux, les spécialités
attirent aujourd'hui les géants du secteur qui soutiennent les marques à grand
coup d'investissements publicitaires. Pour la J, dont les moyens sont plus
limitées, pas question, pour l'heure, de communication grand public. Lancée
simultanément en grande distribution et en CHR, la marque fait l'objet d'un
important programme de relations publiques et d'événements, open bars, soirées
VIP…