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J'habite un centre commercial

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Le loisir, comme locomotive commerciale, montre ses limites. Aujourd'hui, les promoteurs américains construisent donc de véritables villes avec des logements au-dessus des magasins. Visite à CityPlace.

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Depuis une quinzaine d'années les promoteurs américains avaient cru trouver la martingale pour faire de leurs centres commerciaux de véritables lieux de destination ; il suffisait d'y installer des loisirs. Loisirs dans les quartiers en déclin, avec notamment les "Festival Market". Loisirs dans les mégacentres commerciaux périphériques, comme dans le fameux Mall of America ouvert en 1992, et qui, outre ses 400 magasins et 72 restaurants, abrite un aquarium et le plus grand parc d'attraction indoor américain, Knott's Berry Farm's Camp Snoopy. Loisirs encore avec Disney dans la 42ème Rue à New York, et loisirs toujours dans le tout récent magasin Toys'R'Us de Times Square et sa Grande Roue de dix-huit mètres. L'exemple américain étant ce qu'il est, tout le monde a suivi. A commencer par les Japonais qui dotent tous leurs centres commerciaux de parcs forains et, eux aussi, de Grande Roue. Les Européens ne sont pas en reste, et les Français s'y mettent. Bref le "retailtainment" est devenu une véritable préoccupation de tous les distributeurs.

La "vraie ville"


Seulement, voilà aujourd'hui le modèle de l'"entertainment" montre ses limites, et ce aux Etats-Unis même. Les loisirs, c'est bien, mais le concept s'use vite, il coûte cher, et surtout il ne permet pas vraiment de se différencier. Les grands centres proposent toujours le même multiplex de cinémas, le même food-court, les mêmes enseignes loisirs (Gamesworks, par exemple), bref la même ambiance. Et ce, au moment même où de nouvelles aspirations apparaissent dans la société américaine, notamment par rapport à la qualité de la vie urbaine. En effet, une part de plus en plus importante de citadins rêvent de retrouver des ambiances de villes conviviales dans lesquelles il est possible de se déplacer à pied. Une demande très vite identifiée par certains promoteurs qui ont développé ses fameuses petites villes faites de maisons de bois et dont les plus connues sont Seaside (où a été tourné le film The Truman Show avec Jim Carey) et la fameuse Celebration, construite par Disney. Aux Etats-Unis, ce courant a pris le nom de "new-urbanisme"

L'exemple CityPlace


Un courant que les promoteurs commerciaux ont décidé d'utiliser. Fini le simple façadisme décliné depuis dix ans, place désormais à des centres conçus comme de vraies petites villes. L'un des exemples les plus frappants de ce phénomène est le tout récent centre CityPlace ouvert près de West Palm Beach en Floride, dont rien n'indique lorsque vous le traversez en voiture que vous êtes dans un centre commercial (voir photos). Et pourtant, cette ville avec son clocher n'est qu'un espace marchand dont les maisons à l'italienne abritent chacune une ou deux enseignes. Mais là où City Place innove, c'est que pour accentuer le côté ville de ce centre (et rentabiliser les étages supérieurs des maisons), les promoteurs y ont installé des... logements. Si en France on est pas encore là, en se contentant d'une politique de façadisme (voir Val d'Europe à Marne la Vallée), l'histoire récente montre que les concepts américains débarquent de plus en plus rapidement en Europe, et qu'il va bien falloir en tenir compte pour réfléchir au visage de nos villes demain.

 
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François Bellanger

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