Internet se fait nomade
Des bornes dans les bars, un immense cybercafé..., des initiatives vouées à se multiplier et qui mettent Internet dans la rue. Pour faire en sorte que, dehors ou dedans, personne n'ait plus un Web de retard.
Je m'abonne
"Si tu ne vas pas à Internet, Internet viendra à toi". Telle serait la
devise de deux nouvelles offres qui initient un concept que l'on pourrait
qualifier "d'outside web". Webfinger tout d'abord, des bornes internet qui
fleurissent depuis peu dans les cafés et brasseries de l'Hexagone. Lancées par
des anciens de la distribution réunis au sein de LHD Interactive, ces bornes
tactiles offrent toutes les possibilités du Net : e-mail, surf, etc. Le modèle
économique est simple. On achète une carte de 25 francs pour une heure, les
cafetiers sont intéressés à la vente et les écrans comportent des bannières de
pub. La direction mise sur les aspects immédiateté et convivialité : « deux
personnes peuvent, par exemple, discuter voitures au café et aller chercher une
information précise sur le site d'un constructeur. C'est une façon d'alimenter
la conversation et la convivialité du café correspond bien à la cible web »,
argumente le P-dg Jean-Luc Le Douarin. Les cafetiers qui n'en finissent pas de
voir s'étioler leur clientèle, semble plutôt apprécier. « Nous attendons de ce
produit qu'il incite nos clients à rester plus longtemps. Et peut-être qu'il
attirera une nouvelle clientèle », commente Elisabeth Moison du bar Le
Scaramouche à Rennes. Plus de 200 cafés en seront équipés d'ici à la fin de
l'année. La société s'est même payée le luxe d'un dépôt de brevet pour des
raccourcis clavier qui évitent enfin de taper les affreux "www" et autres "http
: //". Merci !
Fastoche !
Principe économique
comparable pour easyEverything, qui ouvre son premier webcafé fin décembre, 37
bd de Sébastopol à Paris. Le concept lancé par Stelios Haji-Ioannou, homme
d'affaires très médiatique outre-Manche, est simple et facile. Partant du
constat que la plupart des internautes restent sous-équipés chez eux et que les
web cafés actuels vivotent pour cause d'élitisme et de tarifs trop élevés, il
démocratise le Web en changeant d'échelles. De grands espaces (1 000 m2 à
Paris), 375 ordinateurs dernier cri renouvelés régulièrement (Hewlett Packard
actionnaire, a investi 15 M de £) et un accès rapide à 10 francs pour 20
minutes à 4 heures, le tarif variant avec la fréquentation de cette sorte
d'usine à Web. Ambiance sans chichis, bois clairs, petites consoles pour le
clavier et écrans plats à hauteur d'yeux, soit de longues rangées d'écrans,
efficaces bien qu'un peu Métropolis style. Ajoutés à cela, un coin café et une
ouverture 7J/7, 24h/24, la possibilité d'imprimer, de télécharger sur disquette
ou sur CD. Le concept prendra-t-il en France ? L'avenir le dira. Quoi qu'il en
soit, au Royaume-Uni, les easyEverything ne désempliraient pas. Depuis
l'ouverture du premier en juin, les cinq cybercafés londoniens auraient
accueilli près de 170 000 clients réguliers. Côté rentabilité, c'est également
très simple. « En Grande-Bretagne, nos webcafés sont rentables entre le
quatrième et le sixième mois », détaille Julien Sausset, le responsable
marketing France. Quelle que soit la page web vue, un bandeau de pub en bas de
chaque page est réservé à easyGroup. L'annonceur paye au coup par clic. Il
bénéficie en outre d'un échantillon physique d'internautes quotidiens. La page
d'accueil permet d'accéder à différents services. Et, notamment, à easyJet, les
billets d'avion à tarifs réduits, et EasyRentacar, la Mercedes Classe A à 99 F
par jour ; deux autres filiales précédemment lancées par easyGroup. Le
présupposé du fondateur semble juste puisque 90 % des clients connaissent déjà
Internet. Ils se connectent en moyenne une heure. Dans cette logique, easyGroup
qui recrute actuellement le personnel de sa boutique mise sur les qualités
d'accueil. « Chez nous pas de spécialistes informatiques », précise Julien
Sausset. Si tout se passe bien, Paris devrait compter deux "Fast web café"
supplémentaires en 2001. Mais ce n'est pas tout pour ce fils d'armateur grec à
qui tout semble vraiment "easy" : Stelios Haji-Ioannou, 34 ans, sorte d'hybride
entre Edouard Leclerc et Richard Branson, compte couper l'herbe sous le pied de
Zebank, le projet de Bernard Arnault, en lançant dans quelques mois, easyMoney.