Internet s'ancre dans la consommation média

MMXI Europe, joint-venture entre Jupiter Media Metrix Inc, Ipsos SA, GfK AG et Observer Group, spécialiste de la mesure d'audience des médias digitaux et d'Internet, peut se frotter les mains. L'audience d'Internet en France connaît une croissance spectaculaire et s'impose comme le premier média multiforme individuel. Depuis janvier 2000, le nombre de surfeurs à domicile a plus que doublé. Et, sur le seul mois d'octobre, MMXI estime à plus de 6 millions le nombre de Français connectés. De 14 % des foyers à la fin de l'année, la France devrait passer à 38 % dans cinq ans, contre 55 % et 45 % respectivement en Grande-Bretagne et en Allemagne. Les french surfeurs sont encore en majorité issus des classes moyennes et supérieures mais, comme l'indique Anne Sylvaine Chassany, directrice générale de Jupiter MMXI, « ils devraient progressivement se calquer sur l'ensemble de la population ». Si les internautes sont plus nombreux, ils sont aussi plus "mordus". Et consacrent près de deux heures en moyenne par jour au surf, tout en visionnant une centaine de pages (uniques) supplémentaires par mois. Globalement, la croissance du temps passé en ligne est une tendance de fond en Europe. Ce phénomène est dû en grande partie à l'émergence de nouveaux services et contenus. Ce qui a pour effet de gonfler l'audience des sites. Toujours aussi bavards et accros aux modes d'expression, les Français raffolent des pages personnelles. Plus d'un internaute à domicile sur deux y passe une demi-heure par mois. Et un sur trois s'adonnent au "chat" et dialogue en direct. Quant aux nouveaux contenus plébiscités cette année, ils sont au nombre de quatre. Les jeux en ligne d'abord, qui relaient la tendance "loterie" observée sur les autres médias. Un internaute à domicile sur cinq surfe désormais sur un site de loterie. Le sport fait également une belle percée, dynamisé par des actualités fortes comme Roland Garros, l'Euro 2000 ou les Jeux Olympiques. La musique, quant à elle, se fait de plus en plus entendre auprès de quelque 911 000 internautes. Ce qui augure de la lame de fond dès que les connexions à haut débit seront généralisées. Enfin, la finance s'installe définitivement dans les foyers, offrant à 1,6 million d'internautes la possibilité de boursicoter en pantoufle. Le cybercommerce commence également à prendre du galon. Son chiffre d'affaires devrait atteindre les 200 millions d'euros fin 2000, et pourrait passer à 7,6 milliards d'ici cinq ans. Score qui place tout de même la France encore loin de la Grande-Bretagne et ses 2,4 milliards d'euros pour une prévision de 17,3 milliards en 2005 ; ou encore l'Allemagne et respectivement ses 2,2 et 18,2 milliards. Le e-commerce devrait représenter en moyenne 4 % du marché d'ici cinq ans en France, avec de fortes disparités entre les secteurs (voir tableau). Parallèlement, les revenus publicitaires atteignent déjà 200 millions d'euros en 2000 et devraient atteindre les 800 millions en 2005. Et ce, sans cannibaliser les autres médias (voir tableau). Une aubaine quand on sait que le Net se nomadise et multiplie ses supports d'accès, comme le portable, la télé interactive, la console de jeux, etc. Les Français pourront bientôt surfer partout et transformer le Web en média situationnel. Autant d'occasions pour MMXI de les observer encore mieux. L'institut prévoit non seulement de passer d'un échantillon foyer à un échantillon "individu", mais également d'aller explorer l'audience des internautes au bureau d'ici la fin de l'année. Un partenariat a déjà été passé avec 350 sociétés représentatives sur le marché français et 500 individus.