Innovation : la qualité perçue progresse
Une meilleure Qualité de l'Innovation pour des marques qui se doivent de renforcer leur proximité avec des consommateurs toujours plus exigeants : les principaux enseignements du cinquième Indicateur de l'Innovation Epsy-Experts.
Je m'abonne
Pour sa cinquième édition*, l'Indicateur de l'Innovation - créé en 1996 par
la société d'études Epsy et le cabinet conseil en innovation Experts et qui
mesure transversalement auprès des consommateurs la capacité d'innovation et
d'initiative des grandes marques nationales, a fait l'objet de nouveautés
méthodologiques. Le corpus a été recentré sur 100 marques, contre 130, afin de
gagner en fiabilité sur l'information recueillie ; le secteur Energie a été
abandonné et Cosmétique/Beauté a vu son nombre de marques diminuer. Par
ailleurs, cinq régions françaises ont été investiguées, contre trois. Enfin, le
questionnaire a inclus des questions portant sur les attitudes et la
sensibilité des consommateurs permettant d'aboutir à une typologie desdits
consommateurs face à l'innovation.
Alimentaire : des attentes
Au niveau des tendances de fond, cette nouvelle mouture
de l'Indicateur n'apporte pas réellement de surprise, mais des confirmations.
Si les consommateurs dans leur majorité se montrent réservés quant aux
changements abusifs, ils sont toujours davantage à réclamer des marques
auxquelles ils sont attachés "plus d'innovation" : 79 % en 2000, contre 75 % en
99, 68 % en 9... Mais, plus matures, ils savent faire la différence entre les
"vraies" innovations et les autres. Interrogés sur ce qu'est pour eux
l'innovation, ils sont désormais 15 %, contre 10 % en 99, à déclarer qu'il
s'agit de "quelque chose dont on ne peut pas se passer". En revanche, l'item
"quelque chose qui apporte une vraie différence" baisse de 75 à 67 % et celui
du "meilleur rapport qualité/prix" progresse de 35 à 41 %. « La combinaison de
ces résultats, estime Brice Auckenthaler, associé-fondateur d'Experts, est
l'illustration d'un degré d'exigence croissant des consommateurs. Et notamment
par rapport au relationnel que les marques se doivent d'entretenir avec eux. »
Cette maturité se traduit dans leur attitude face à l'innovation. S'ils sont 10
% à déclarer acheter tout de suite les nouveautés, 53 % attendent leur
implantation dans les rayons et 33 % restent "méfiants", expression de leur
côté cartésien. Pour la première fois, l'étude a demandé directement aux
interviewés : "Etes vous prêt à payer plus cher un produit, dès lors que
l'innovation développée vous apporte une réelle utilité ?" Réponse sans
ambiguïté : oui à 67 %. Autre nouvelle question : "Quels sont les deux domaines
où vous souhaiteriez, à l'avenir, découvrir plus d'innovation ?". Ressort en
tête l'alimentaire, qui a toujours été le parent pauvre de l'Indicateur, malgré
un redressement en 99, face à la Technologie, ou la Distribution. Secteur
traditionnellement "innovant", la Cosmétique/Beauté semble largement satisfaire
les consommateurs .
6 familles face à l'innovation
La
typologie des consommateurs face à l'innovation fait ressortir six grandes
familles. Les "Passionnés d'innovation" représentent 19 % de la population. «
Ce sont des gens véritablement friands de nouveautés, commente Vladimir
Ghiulamila, responsable de l'étude chez Epsy. Mais ils ne veulent pas n'importe
quoi. Ils estiment dans leur majorité qu'il n'y a pas assez de véritables
innovations, qu'ils sont pourtant prêts à payer plus cher. » Ils accordent
également une valeur sociale à l'innovation, qui ne se retrouve pas chez les
"Enthousiastes", également prêts à payer plus cher, et achetant en général tout
de suite, à la différence des "Passionnés", plus réservés. Tout comme les
"Favorables Attentistes" qui, comme leur nom l'indique, attendent avant
d'acheter, tout en demandant eux aussi plus d'innovation. Les "Opportunistes",
eux, ne veulent pas payer plus cher et n'achètent que des produit est
installés. « Les "Méfiants", poursuit Vladimir Ghiulamila, ne constituent
qu'une petite partie de la population. Ils estiment qu'il y a trop d'innovation
de la part des marques mais en même temps, ils les achètent et sont prêts à les
payer plus cher. A la différence des "Réfractaires" qui sont également
méfiants, trouvent qu'il y a trop d'innovation et ne sont pas prêts à les payer
plus cher. » Les consommateurs sont toujours plus nombreux à avoir boycotté
une marque : 34 % en 2000, contre 25 % en 99 et 30 % en 98. Une attitude encore
plus forte chez les internautes (42 %), les cadres supérieurs (44 %) et les
"Passionnés d'innovation" (48 %). Enfin, on remarquera que si le prix reste le
premier critère pour juger une marque, sa position s'amoindrit (73 % en 98, 71
% en 99 et 62 % en 2000). Il est désormais talonné par les "efforts de
proximité", devant la "capacité d'innovation", qui ne cesse de croître aussi. «
La proximité n'est pas encore un critère de différenciation aussi clair que
peut l'être le prix, constate Brice Auckenthaler. Mais il existe une véritable
attente en la matière. »
La performance de Sony
Au
niveau des résultats par marques et secteurs, un premier constat : au fil des
ans, un leader en perception se dégage par secteur, suivi d'un peloton, plus ou
moins fluctuant, de marques. C'est le cas de l'Alimentaire (Danone), de
l'Automobile (Renault) ou encore de la Cosmétique/Beauté (L'Oréal), des
Télécommunications/Informatique (France Télécom... Autre constat : dès qu'une
marque ralentit ses efforts d'innovation aux yeux du consommateur, la sanction
est là. C'est, par exemple, le cas des grandes enseignes de distribution qui,
même si elles occupent les premiers rangs en performance globale ont toutes
régressé par rapport à 99 et 98. C'est encore le cas de Renault, n°1 en
spontané en 99, n° 5 en 2000. On notera, dans le cadre de ces résultats
spontanés, la performance de Sony et le come-back d'Apple. Quant aux résultats
concernant la Qualité de l'Innovation (QI), si France Télécom consolide sa
première place, l'opérateur est suivi de challengers en forte progression, Fnac
et Sony. La tendance générale est d'ailleurs à la hausse, et notamment dans
l'Automobile, la Distribution et la Banque/Assurance. En contraste avec 99 où
les scores de QI étaient en baisse. Un bon révélateur de la prise en compte des
attentes des consommateurs. * Voir n°s 13, 22, 31 et 41 de Marketing Magazine.
Méthodologie
L'Indicateur de l'Innovation 2000 Epsy-Experts repose sur 600 interviews de consommateurs en hall test, réalisées du 6 au 14 mars 2000 (120 sur Lille, 120 sur Nantes, 120 sur la région parisienne, 120 sur Lyon et 120 sur Bordeaux). 102 marques appartenant à six secteurs d'activité différents ont été prises en compte pour cette cinquième édition. Chaque marque a été évaluée, dès lors qu'elle était connue des interviewés, sur 12 critères repartis en critères de performance (en termes de prix, proximité, communication, innovation, "audace"), de caractère innovant (globalement et en termes de produits, services, communication, utilité), de clientèle (client ou non, fidélité future si client). Les résultats complets de l'Indicateur de l'Innovation 2000 sont disponibles auprès d'Epsy.