GQ, ça va faire mâle !
«Votre magazine ne marchera jamais ! », ironise aujourd'hui Xavier Romatet, p-dg du groupe Condé Nast, éditeur de GQ ( Gentlemen 's Quaterly) , qui avait reçu une volée de bois vert lors du lancement de son magazine, il y a deux ans. Force est de constater qu'il a réussi à faire taire les mauvaises langues. Avec près de 75 000 exemplaires vendus en moyenne tous les mois (OJD 20082009) , le mensuel peut, en effet, se targuer d'être le leader de la presse masculine haut de gamme. Mieux, avec ses 12 000 abonnés, il a fidélisé 45 % de lecteurs en plus par rapport à 2008. D'où le lancement en mars d'une nouvelle maquette accompagnée de son propre site web : « C'est quand tout va bien qu'il faut en profiter pour se rénover, soutient Xavier Romatet. Depuis le début, on a le fond, désormais il faut la forme. » Le fond : satisfaire les besoins des hommes sans sombrer dans le trash habituel de ses concurrents. La forme : privilégier un graphisme élégant.
Etendre son lectorat
Quatre nouvelles polices (dont trois créées pour GQ), un logo vintage qui affine le repérage des rubriques, une palette chromatique plus foncée : le magazine accentue sa différence. « On s 'est senti copié par la presse masculine (FHM, Geek... ), alors nous avons préféré avoir nos propres codes », soutient le p-dg. Pourtant, Anne Boulay, la rédactrice en chef, avoue s'être inspirée d'autres marques pour mener ce changement : « Les logos de Chanel et d'Air France nous ont aidés à trouver notre style. » Un ton classique destiné à faire basculer le lecteur du statut d'homme à celui de gentleman. De quoi tirer l'âge moyen du lecteur (34 ans) vers le haut sans augmenter le prix (3,40 euros) .
Autre fait marquant : Condé Nast a rebaptisé Menstyle.fr - conçu au départ comme l'équivalent web de GQ - en Gqmagazine.fr. Ici, pas de lifting graphique ou éditorial. Seule nouveauté, le blog de la rédaction est désormais intégré au site. « Nous n 'avons pas prévu de gagner de l 'argent sur le Net », explique Xavier Romatet. Pour l'instant, en tout cas. Car, dès juin, GQ va développer une application iPhone. Une stratégie d'ouverture sur le Web qui pousse GQ à communiquer sur le mensuel. Une campagne déclinée en affichage et en radio est prévue courant avril, mais rien n'est envisagé en TV. « Ca ne nous est d'aucune utilité. Notre coeur de cible ne regarde pas la télé », affirme le p-dg. C'est dire si le lectorat de GQ est chic !