Food : vers la fin des stratégies monomédia ?
Premier annonceur de la télévision, le secteur food anticipe l'arrivée des secteurs interdits sur le petit écran. Et met en œuvre de nouvelles stratégies médias. Interdeco en dresse une première typologie.
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C'est désormais officiel(*). Le 1er janvier prochain, les chaînes du câble
et du satellite accueilleront les premiers spots publicitaires de la
distribution. Trois ans plus tard, l'ensemble du PAF devrait être concerné par
cette mesure. Depuis des mois, régies et supports se préparent à cette
modification de la donne. Campagne publicitaire, études, création de nouveaux
outils, les services marketing sont en ébullition. D'autant que, du côté des
annonceurs, et notamment ceux du food, de nouvelles stratégies médias se
mettent en œuvre. En investissant massivement la radio, Danone a donné
l'exemple. Rien d'étonnant à ce mouvement de balancier. Si les marques
alimentaires ne représentent que 11 % des investissements totaux, elles pèsent
25 % des investissements TV. « Premier client de la télé, le secteur
alimentaire devrait être le premier à subir les conséquences de cette nouvelle
donne. Dans la mesure où l'espace publicitaire est non extensible, l'arrivée
des nouveaux secteurs va entraîner l'accroissement du ticket d'entrée des
écrans. D'ores et déjà 63 % des marques qui investissent en télévision ont des
investissements publicitaires inférieurs à la moyenne, qui s'élève à 1 565 KE
», analyse Pascale Lévêque, directrice d'études chez Interdeco Expert. Pour
inciter les annonceurs de ce secteur à réfléchir aux conséquences de
l'ouverture de l'espace audiovisuel sur le coût et l'efficacité de leur
campagne publicitaire, le département études de la régie du groupe Hachette
Filippachi Médias vient de développer une nouvelle approche de ce marché via la
création d'une typologie des stratégies médias. Une typologie née de l'analyse
des évolutions des investissements médias. « A travers l'analyse des
investissements sur l'ensemble de la pige Secodip alimentaire, nous avons
identifié deux variables segmentantes : l'augmentation ou la baisse des
investissement totaux et le changement ou non dans les choix médias », explique
Pascale Lévêque. A partir de ces deux variables, quatre types de comportements
- la conservation, la concentration, la substitution, la diversification -, se
dessinent. Ce premier panorama a permis de définir 8 types d'annonceurs. Pour
donner chair à sa démontration, Interdeco a appliqué cette nouvelle grille de
lecture du marché publicitaire au segment des produits laitiers, premier
investisseur du secteur alimentaire. Les stratégies médias de 105 marques, pour
un investissement de 493 ME, ont ainsi été auscultées. Premier constat, 56 %
d'entre elles ont modifié leur choix médias et 70 % ont augmenté de manière
significative leurs investissements médias . Cependant elles n'ont pas toutes
opté pour les mêmes arbitrages. Elles sont ainsi 15 % à avoir concentré leurs
investissements, 17 % ont substitué un média à un autre et 24 % les ont
diversifiés. « Dans la famille concentration, deux typologies se dégagent. Les
recentrés, 10 % des marques pour 20 % de part de voix, se concentrent sur la
télévision au détriment de la presse et de l'affichage. A l'inverse, les
économes mobiles, 5 % des marques et 2 % de part de voix, se sont tournés vers
la radio », commente Pascale Lévêque.
A qui profite ces grands mouvements ?
Grand gagnant sur cette catégorie, la radio l'est
aussi sur celle des testeurs. Typologie dominante de la famille substitution,
10 % des marques et 23 % de part de voix, ils investissent fortement la radio
(+ 24 %) au détriment de l'affichage qui perd 14 %. « Ces annonceurs, comme les
recentrés, investissent fortement, leurs budgets connaissent des croissances à
trois chiffres. Ils optent en grande majorité pour des combinaisons bimédia »,
poursuit Pascale Lévêque. Plus discrets, puisqu'ils ne représentent que 3 % de
part de voix, et que leurs budgets sont en baisse, les innovateurs, 7 % des
marques, ont largement déserté la télévision (- 52,7 %) au profit de la radio,
+ 6 %, et de la presse magazine, + 5 %. La dernière famille, celle de la
diversification, réunit en son sein deux typologies. D'un côté, les
développeurs, 14 % des marques, et de l'autre, les entrants, qui représentent
10 %. La part de voix des premiers est de 20 %, celle des seconds pèse 3 %. «
Les budgets des développeurs ont fortement augmenté, longtemps monomédia TV,
ils élargissent aujourd'hui leur choix à la radio mais également à la presse
magazine. Quant aux nouveaux annonceurs, ils vont prioritairement vers la télé
ou le print », constate Pascale Lévêque. Après avoir essentiellement investi en
télévision, les marques du food semblent s'interroger sur leur stratégie de
communication, ou du moins sur les différents arbitrages qu'elles vont opérer.
Et, si elles sont toujours 44 % sur ce marché des produits laitiers à ne jurer
que par le petit écran, des approches bimédia, voire plurimédia, se dessinent.
Et elles concernent avant tout les marques dont les investissements progressent
et dont la part de voix est déjà importante. « Les recentrés, les testeurs et
développeurs sont trois types à forte part de voix, 20 % à 23 %. Si les
premiers sont très monomédia, 90 % de leurs investissements se font en
télévision, les testeurs sont 72 % à mettre en œuvre des stratégies bi ou
plurimédia et 71 % de développeurs sont dans le même cas. Et, parmi ces
derniers, 3 % ont augmenté la part de marché de la presse magazine dans leurs
investissements », note Pascale Lévêque. Une progression timide, mais la
création d'un département food au sein de la régie, tout comme la mise en œuvre
d'une batterie d'études prouvent que ce secteur est bien le nouveau combat de
la presse mag. (*) Le décret n° 2003-960 prévoyant l'ouverture de la
télévision aux secteurs interdits a été publié le 7 octobre dernier. A compter
du 1er janvier prochain, les écrans publicitaires de l'ensemble des diffuseurs
sont ouverts à la presse. A cette même date, la distribution et le livre
auront accès aux seules chaînes thématiques du câble et du satellite. Un
élargissement est prévu à partir du 1er janvier 2007 aux “éditeurs de services
de télévision à vocation nationale diffusés par voie hertzienne terrestre en
mode analogique”. Enfin, les opérations de promotion ne sont pas concernées par
cette autorisation.
Marques alimentaires et télévision
Investissements pub : 1,3 milliard d'euros 216 annonceurs 803 marques.
Le segment des produits laitiers (30 % de Pdm Pub)
6 groupes de produits (beurre-crèmes fraîches, fromages, fromages frais salés, matières grasses allégées, produits laitiers, ultra-frais). 105 marques pour 493 ME dont 81 % en TV, 11 % en radio, 3,7 % en affichage, 2,5 % en print, 2 % en presse magazine.