Entre gastronomie et grignotage
«On évoque à tort le paradoxe du modèle français. Nos concitoyens sont
simplement sensibles à la notion de terroir et ont su préserver une certaine
structure alimentaire », explique Jean-Pierre Loisel, en se basant sur une
étude du Credoc réalisée au mois de juin 2000 et relative à l'évolution des
comportements alimentaires des Français entre 1998 et 2000. Exit ainsi l'idée
que les Français mangeraient plus rapidement que par le passé. La durée moyenne
des repas augmente. Le petit-déjeuner du week-end dure 34 mn, contre 21 mn en
1998. De même, le temps consacré au dîner du week-end a augmenté de 2 mn. « Le
consommateur souhaite visiblement profiter davantage de ce moment privilégié
que constitue le repas », commente-t-il. En revanche, le temps moyen consacré à
la préparation des repas diminue. Il est passé, durant les deux dernières
années, de 42 mn à 36 mn en semaine et de 1 h à 44 mn le week-end. Cette
évolution correspond à une volonté des Français de diminuer le temps consacré
aux tâches ménagères routinières. Quant au contenu des assiettes, il reste
stable depuis deux ans et relativement complet puisque plus de 80 % des
Français prennent des repas composés de deux plats ou plus. Lorsqu'ils mangent
à domicile, ils privilégient la convivialité, la détente et le calme. Et
considèrent que l'alimentation est source de plaisir et de saveur. « Le modèle
alimentaire français se caractérise précisément par le fait que l'alimentation
n'est pas uniquement fonctionnelle », souligne Jean-Pierre Loisel.
Parallèlement, le grignotage en dehors des repas s'est sensiblement accru
depuis deux ans. 30 % des enfants prennent des en-cas à l'école et 57 % à la
maison. 12 % des adultes font de même sur leur lieu de travail, contre 44 % à
la maison. Ce phénomène s'explique en partie par la multiplication des
"produits nomades". Ce qui amène les adultes à consommer de plus en plus de
biscuits, de pâtisseries, de sucres ou de leurs dérivés... Alors que les
aliments nobles, comme le lait ou les fruits, représentent seulement un quart
des produits consommés. En fait, « la structuration des repas devrait évoluer
vers la croissance des aliments "services", dont le temps de préparation est
réduit, et vers des modes alimentaires alternatifs comme la restauration rapide
», estime Jean-Pierre Loisel. Mais on peut être rassuré : les Français ne sont
pas prêts de lâcher les repas structurés.
MÉTHODOLOGIE
Interviews par questionnaire en face à face de 1 h 10, au cours du mois de juin 2000, auprès de 1 400 ménages représentatifs de la population française. Deux personnes questionnées par ménage : le ou la personne en charge des courses et de la cuisine et un individu du foyer tiré aléatoirement.