Efficacité publicitaire : la neutralité du format
Amorcée au début des années 90, la dédensification du nombre de panneaux grands formats se confirme. Parallèlement, le nombre de panneaux déroulants, et notamment de 8 m2, augmente. Ont-ils la même efficacité publicitaire ? C'est ce qu'a cherché à montrer une étude réalisée par Carat Expert et le groupe JCDecaux.
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En six ans, dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants (hors
banlieue parisienne) le nombre de faces publicitaires grand format est passé de
102 028 à 79 321, soit une régression de 22 %. Dans certaines villes comme
Poitiers ou Avignon, ce recul a atteint pour la première 57,3 % et pour la
seconde 32 %. Très logiquement, le nombre de réseaux grand format a suivi la
même tendance. Moins 12 % entre 1994 et 2001. Aujourd'hui, les afficheurs
proposent aux annonceurs 2 352 réseaux quand en 1994, ils en mettaient 2 686 à
leur disposition. Parallèlement, l'offre en time share, ou panneaux déroulants,
s'est considérablement accrue. On dénombre aujourd'hui plus de 10 000
dispositifs en temps partagé. Face à cette mutation du paysage, les annonceurs
se sont légitimement interrogés sur l'efficacité de ce nouveau format. Pour
leur apporter une réponse, Carat Expert et le groupe JCDecaux ont mené une
étude afin de mesurer les différentes variables en termes d'efficacité
publicitaire : reconnaissance ; attribution de la campagne à la marque,
agrément ; attitude par rapport à la publicité ; attitude par rapport à la
marque. « L'objectif est de montrer que le format est neutre en termes
d'efficacité », souligne Jean-Charles Decaux, co-directeur général du groupe
JCDecaux. Pour ce faire, deux annonceurs n'ayant pas communiqué au cours des
trois derniers mois se sont portés volontaires. Ils ont accepté, pour les
besoins de l'étude, de n'être présents que sur deux villes durant l'affichage
de la campagne test. Ces deux villes, ce sont Montpellier et Clermont-Ferrand.
La première offrant un réseau 100 % déroulant, la seconde un réseau 100 % fixe.
La part de voix et la distribution de GRP étant sensiblement les mêmes dans les
deux agglomérations. Le terrain a été réalisé en face à face au domicile
(système CAPI) auprès d'un échantillon représentatif de 200 individus âgés de
18 à 60 ans. Quant aux deux marques retenues, il s'agit d'une part de Carte
Noire et d'autre part d'une marque d'alcool. « Au sujet de la campagne Carte
Noire, nous avons pu observer que sur les principaux critères d'impact,
reconnaissance, attribution, agrément, il n'existe aucune différence
significative entre la campagne 100 % fixe de Clermont-Ferrand et la campagne
100 % déroulante de Montpellier, note Albert Asseraf, directeur de Carat
Expert. De même les variables d'attitude par rapport à la publicité sont
comparables d'une agglomération à l'autre.»
L'effet du marché
Les résultats du test sur la seconde campagne sont en
revanche plus nuancés. Une situation qui s'explique, notamment, par le poids de
la marque et de sa concurrente dans les deux villes. Alors que le taux de
pénétration de Carte Noire à Clermont et à Montpellier est sensiblement le
même, 31,7 % à Clermont, 26,2 % à Montpellier et 27,1 % à l'échelon national,
la donne est très différente pour la marque d'alcool. Comparé à une base 100 en
national, l'indice de pénétration de la marque est de 121 à Clermont- Ferrand
et de 72 à Montpellier. Conséquence, tant en matière de reconnaissance que
d'attribution, l'étude observe pour le dispositif déroulant un déficit de 6,8
points sur la première variable et 14,2 points sur la seconde. « Au regard des
deux campagnes testées, le format de l'affichage, fixe versus déroulant, ne
semble pas avoir d'influence sur l'impact global d'une campagne. En revanche,
la position concurrentielle de la marque, son niveau de pénétration, sa
notoriété, le poids de la concurrence, apparaissent comme explicatifs des
scores observés », analyse Albert Asseraf. Et Jean-Charles Decaux d'ajouter : «
Si le support est neutre, la création a un effet essentiel sur l'efficacité
publicitaire. » Ces résultats confortent dans tous les cas la volonté du groupe
JCDecaux de poursuivre ce travail de mutation de ses réseaux grands formats.
Une volonté à laquelle il a consacré, entre 2000 et 2001, quelque 32 millions
d'euros. Il devrait être rejoint dès le début 2002 par le groupe Dauphin
Communication qui prévoit de commercialiser son premier réseau national de
grand format déroulant.