Ecrits de marques
Pas de doute, les canards ont pris leur envol. Aux abonnés absents il y a seulement quelques années, les consumer magazines ont fait leur entrée dans les points de vente et les boîtes à lettres. Au point d'offrir aujourd'hui un paysage d'une grande diversité, que ce soit dans la façon d'aborder le marché des différentes agences ou dans la physionomie des titres proposés.
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Marques et enseignes ont assez tôt ressenti le besoin de communiquer par
l'écrit. D'abord à travers la presse interne, destinée aux collaborateurs des
entreprises. Puis, lentement, les annonceurs sont venus aux consumer magazines,
dans la seconde partie des années 90, soit dix ans après que les piliers
historiques du métier (Verbe, Angie, Créapress, Textuel) ont vu le jour. Un
retard qui s'explique par le fait que le marché français n'était pas forcément
le plus accueillant pour les consumers. Premier pays au monde en matière de
presse magazine, la France n'offrait que peu d'espace, publicitaire notamment,
à ces magazines d'un nouveau genre. Aujourd'hui, la difficulté semble
surmontée. 130 magazines recensés (étude "Les consumer magazines, année 2000",
réalisée par MPG Ressources, qui reconnaît d'ailleurs que le total doit d'être
légèrement supérieur, de l'ordre de 150 à 160 titres), 500 millions
d'exemplaires par an, 12 titres lancés entre 1999 et 2000... « A défaut de
connaître la croissance exponentielle que certains espéraient, les consumers
bénéficient d'une croissance régulière et soutenue », estime Pascal Milon,
directeur général de K.publishing, anciennement Editum. Presse interne, B to B,
consumer magazines, mais aussi plaquettes, rapports annuels, livres
d'entreprise... Au niveau des agences, la règle du "tout l'écrit sous le même
toit" s'est imposée. A quelques exceptions près, et non des moindres : Textuel,
incontestable numéro un du secteur, borne son activité à la presse d'entreprise
(presse interne, B to B et consumers), alors que K.publishing, sans doute
l'agence qui s'est positionnée la première sur le marché, a carrément limité
son activité au seul consumer magazine.
NOURRIR LE TERRITOIRE DE LA MARQUE
Consumer magazine ? On préfèrera, avec la majorité de la
profession, le terme de "magazine de marque". Pour une fois, la querelle
sémantique n'est pas anodine. Quelle est la caractéristique numéro un d'un
consumer magazine ?
Pascal Milon (K.Publishing)
: "La montée en puissance des magazines de
marque est concomitante au développement des stratégies de développement des
stratégies de fidélisation"
Sans aucun doute, il s'agit d'un outil marketing qui doit répondre à une
véritable stratégie de marque. « En quoi un consumer peut-il bénéficier au
consommateur ? Lui apporter un service ? Le fidéliser ? En quoi répond-il à
l'objectif de l'annonceur ? En quoi peut-il servir sa marque ? Ce sont les
bonnes questions », affirme Corinne Cherqui, directrice du développement
d'Angie. De l'approche "corporate", très éloignée du produit, où l'on met en
scène un territoire d'expression de la marque, au catalogue déguisé
("magalogue"), l'éventail est large. Toutefois, il apparaît évident que les
magazines de marque s'inscrivent davantage dans une logique de fidélisation que
de trafic. Parce qu'alors, les prospectus (pour une enseigne), les bons de
réductions et autres avantages promotionnels (pour une marque) feraient
l'affaire. « Les consommateurs ont une demande d'information qui va au-delà des
prix et des produits », poursuit Corinne Cherqui. D'ailleurs, ce n'est pas un
hasard si la montée en puissance des magazines de marque est concomitante au
développement des stratégies de fidélisation. « Et comme celles-ci ont encore
beaucoup de progrès à faire en France, le potentiel des magazines de marque est
loin d'avoir été exploité », estime Pascal Milon. Si l'on admet que le magazine
de marque est un outil marketing parmi d'autres, la prise de pouvoir des
grandes agences de pub sur ce marché apparaît comme légitime. Verbe/Publicis,
Textuel/ TBWA, Créapress/BDDO, K.publishing/High Co (plutôt orientée marketing
relationnel)... Ces dernières années, les mariages ont été nombreux. « Les
synergies entre Verbe et le groupe Publicis sont évidentes, estime Franck
Simoni, directeur général de Verbe. Le brand magazine est l'un des grands
instruments de la gestion d'une marque. Dès lors, si l'on admet comme légitime
que l'agence de pub reste la pierre angulaire de cette gestion de la marque,
c'est avec l'agence de pub que nous avons, et que nous aurons de plus en plus,
vocation à travailler. » Et Franck Simoni de prendre l'exemple du magazine de
marque de Maggi, prolongement direct de la politique de communication globale
de Nestlé, client historique de Publicis Conseil. En fait, il n'y a plus guère
que Angie ou L'Agence à revendiquer leur indépendance. Cette dernière gère six
à sept consumers et présente la particularité de travailler beaucoup pour la
presse kiosque avec la refonte d'environ une dizaine de titres par an. « Etant
indépendants, nous ne sommes mariés avec personne, affirme Corinne Cherqui pour
Angie. Et donc susceptibles de nous allier avec tout le monde. » Boutade ou
vraie valeur ajoutée ? Nourrir le territoire de la marque, d'accord. Mais la
belle unanimité s'arrête lorsque l'on aborde la question du "comment". Les
intervenants sont à peu près d'accord sur un certain nombre de règles : le
subtil équilibre à trouver entre la périodicité, la pagination, le format, le
mode de diffusion (pour de l'adressé, le fichier est souvent négligé), le
contenu... Tout cela étant modulé en fonction des objectifs marketing de
l'annonceur.
François Blanc (Créapress)
: "Chaque franc investi doit aller par le
chemin le plus court vers la marque. Ce qui implique par exemple, de garder le
nom de la marque pour un journal"
Exemple, pour le magazine d'Eurotunnel (K.publishing), plutôt qu'un reportage
sur Big Ben, on présentera les brocantes de Londres... où l'on se rend de
préférence en voiture s'il faut ramener une petite commode. Mais, sorti des
règles de base, les approches divergent. Comment aborder ce marché ? Façon
pragmatique, à la manière d'un Créapress ? « Chaque franc investi doit aller
par le chemin le plus court vers la marque, prêche François Blanc, Président de
Créapress. Ce qui implique, par exemple, de garder le nom de la marque pour un
journal. » Autre axiome de l'agence, la transparence. « Un bon journal, c'est
une lecture sans piège et une affirmation sans complexes », poursuit François
Blanc. En d'autres termes, si le lecteur ne sait pas à quelle marque appartient
un titre, s'il ne comprend pas du premier coup d'oeil ce qui relève de
l'information ou de la publicité, la suspicion s'installe et le magazine de
marque n'aura pas atteint son objectif. Il faut donc éviter toute ambiguïté
dans l'offre et dans le type de rubriques. Enfin, il est important d'avoir
toujours la bonne idée qui renforcera l'impact du journal. « Les coupons,
primes et autres outils promo augmentent les chances de prendre en mains un
magazine de marque, explique François Blanc. Certains refusent ces systèmes
pour des raisons "éthiques" ou "philosophiques". Ce faisant, ils limitent les
opportunités de lecture. Dans la mesure où l'on reste dans la logique de la
marque, il n'y a pas de mauvaise raison de prendre un journal en mains... »
AUX SOURCES DU MÉTIER
Façon "intellectuelle", avec Euro
RSCG Publishing ? Si l'agence est l'une des plus jeunes, elle revendique déjà,
avec 25 MF de marge brute, une place parmi les leaders. Et surtout, une
approche novatrice par rapport au métier. « Nous cherchons à assumer deux
logiques, explique Bruno Scaramuzzino, directeur général. D'une part, une
logique marketing avec des réflexions plus poussées en termes de stratégies de
diffusion, de gestion de BDD, etc. D'autre part, une recherche sur l'essence
même de notre métier. Il nous faut recommencer à inventer, à réfléchir sur le
produit en termes de sémiologie, de sémantique... Nous voulons être le creuset
dans lequel doivent se rejoindre universitaires, savants et "artistes". » De
fait, dans l'équipe d'Euro RSCG Publishing (une quarantaine de personnes), on
trouve des profils très divers : sémiologues, gestionnaires de bases de
données, professionnels du loyalty marketing, etc. « Ce qui risque de scléroser
notre métier, c'est une certaine forme de consanguinité, poursuit Bruno
Scaramuzzino. Nous amenons au journalisme des professionnels de métiers
différents car il est plus facile d'apprendre à un universitaire à devenir
journaliste que l'inverse... » Euro RSCG Publishing a par ailleurs développé un
partenariat avec la Sorbonne. Concrètement, sur quoi tout cela peut-il
déboucher ? « Sur un regard sémiologique différent. Nous savons, en faisant
abstraction d'un contexte, ce que véhicule telle mise en page en termes de
signes, de couleurs... Et nous pouvons constater, par exemple, que telle couv.
va à l'encontre des objectifs recherchés. » Reste à convaincre les prospects
avec ce discours. Optimiste, Bruno Scaramuzzino estime que le marché évolue. «
Je pense que l'on revient de ces démarches onéreuses, dans lesquelles le retour
sur investissement n'est pas assuré. Et aux côtés du savoir-faire presse, tous
les autres savoir-faire (gestion de BDD, création de trafic, publi-promo...)
prendront de l'importance. C'est comme ça que l'on pourra faire du magazine de
marque un "Cheval de Troie" qui permettra de développer une nouvelle vision de
la marque. » Façon "bulldozer", type Textuel ? En 1999, Textuel lançait, pour
Leroy-Merlin, "Maison en Vie". Et initiait une nouvelle approche avec des
magazines "encore plus vrais que vrais." « C'était une stratégie délibérée,
explique Laurence Vignon, directrice générale de Textuel. L'agence gère
aujourd'hui une quinzaine de magazines de marque. Ne faisant que de la presse,
nous voulions apporter une vraie valeur ajoutée dans le domaine du consumer.
Leroy-Merlin fut le premier à nous suivre sur ce concept. La question de départ
était double : comment faire le meilleur magazine possible pour Leroy-Merlin,
au service à la fois de son image et de sa relation avec les clients ? Et
comment faire un magazine susceptible d'intéresser le public le plus large
possible dans un univers très concurrentiel ? » Après de nombreuses études,
après benchmark sur les titres brico-déco existants, le concept fut finalisé.
Le résultat, c'est un magazine dont la "hauteur d'ambition" approche celle des
revues de kiosque.
Laurence Vignon (Textuel)
: " Si certains de nos supports vont assez
loin dans la ressemblance avec des titres de kiosques, ils restent au service
d'une stratégie d'entreprise"
Parmi les nouveautés, le système, inconnu en France, qui consiste à vendre le
magazine dans le réseau de distribution de l'enseigne, à l'image de ce qui se
pratique en Grande-Bretagne, avec Sainsbury Magazine, par exemple. Ainsi,
"Maison en Vie" puis, dans la foulée, "Epok" (la Fnac) sont devenus deux
magazines exemplaires, en ce sens qu'ils ont changé quelque chose sur le
marché. Plus beaux, plus gros, plus chers... Cela ne va pas sans poser quelques
problèmes. Sur les titres en question, mais aussi sur la profession dans son
ensemble, tant il est vrai que le développement et la professionnalisation du
marché se sont accompagnés d'une certaine inflation dans tous les domaines. La
pagination de 45 % des consumers magazines du marché dépasse les 50 pages !
DES RISQUES DE DÉRIVE ?
Le premier problème concerne la
marque elle-même. « Le magazine de marque est à la convergence d'une double
logique, explique Bruno Scaramuzzino. Une logique de presse, de savoir-faire
magazine, et une logique marketing, de relation entre une marque et ses
consommateurs. Or, le marché a dérivé vers la première logique, transformant
insensiblement certaines agences en groupes de presse. Mais, en tant qu'agence,
notre métier n'est pas de montrer notre savoir-faire presse. Il est d'établir
une relation forte entre une marque et ses clients. » Servir l'agence plutôt
que servir la marque, c'est une critique repoussée par Textuel. « Nous sommes
une agence de communication, pas un éditeur de presse, insiste Laurence Vignon.
Même si certains de nos supports vont assez loin dans la ressemblance avec des
titres de kiosque, ils restent au service d'une stratégie d'entreprise. Ce
n'est pas incompatible avec la crédibilité et le statut que leur confèrent leur
look et la qualité de leur fabrication. » Le second problème est économique.
Qui dit logique de presse, dit logique publicitaire. Déjà fort présente dans
les magazines de marque, la pub devient totalement incontournable sur des
supports onéreux. S'il existe un moyen pour réduire la facture, donc le coût
contact, pourquoi s'en priver ? Selon l'étude MPG Ressources consacrée aux
consumer magazines (année 2000), 82 % des magazines de marque ont recours à la
pub. Ce faisant, les hautes ambitions éditoriales ne risquent-elles pas de
reposer sur un montage économique dans lequel la relation avec le client n'a
plus sa place ? La problématique devient : "Pourrons-nous vendre nos 22 pages
de pub ?". Et non pas : "Le client va-t-il trouver son compte dans cette
présence publicitaire ?". Préoccupation autrement plus grave : que faire
lorsque le robinet ne coule pas suffisamment ? « Vu les investissements que
représentent les consumers, une marque ne peut mécaniquement autofinancer son
magazine par la seule publicité », affirme Philippe Morel, directeur général de
Médias & Supports, régie qui commercialise actuellement une douzaine de
consumer magazines et qui fait partie du groupe TBWA (de ce fait, Textuel est
son principal client, « mais pas le seul », insiste Philippe Morel). « Un
investissement et un engagement fort de la marque restent nécessaires,
poursuit-il. C'est d'ailleurs une des conditions pour que nous nous lancions
dans un projet. » En général, dans les magazines de marque, la surface
consacrée à la pub varie de 15 à 30/40 %. « Financer intégralement un journal,
c'est rare, mais c'est possible, estime toutefois Arnaud Camus, directeur de
Selling Média, l'autre régie importante du marché. Havas Voyages y parvient
avec "En Partance". Et BMW, client historique de Selling Média (puisque c'est
grâce à la marque que la régie fut créée), finance son consumer jusqu'aux frais
d'affranchissements... » Aujourd'hui pourtant, la pub représente encore le
talon d'Achille des magazines de marque. « C'est un support média qui a encore
du mal à trouver sa place publicitaire dans l'univers de la presse et qui ne
fait pas de percée notoire dans les régies traditionnelles », analyse-t-on chez
MPG Ressources. « Nous faisons un métier particulier, qui demande de vendre
deux fois les pages, explique Arnaud Camus. La première fois, à l'annonceur qui
les achète, la seconde, à "l'annonceur-éditeur" qui fait jouer ou non son droit
de veto. Nous refusons ainsi 7 à 8 millions de business par an sur un total de
25... » Des marques pour financer un journal, oui, mais pas n'importe
lesquelles ! Autre faiblesse constatée de ce média, sans doute la principale :
l'absence d'une mesure d'audience comparable à celle des magazines de kiosque.
« Nous avons une bonne, voire une excellente visibilité de notre lectorat, dans
la mesure où, bien souvent, nous connaissons même les noms et les adresses...,
affirme Philippe Morel. Mais les outils qui nous permettraient d'accéder au
médiaplanning n'existent pas encore. Nous travaillons toutefois avec l'AEPM
pour créer une étude spécifique sur les audiences des magazines de marque. »
Les régies espèrent donc que leur travail de longue haleine va finir par payer.
« Les annonceurs finissent par entendre parler de nos titres et les résultats
en termes de remontées plaident pour nous », estime Arnaud Camus. D'autant que
le coût au 1 000 est sensiblement inférieur à celui des "grandes" régies, de
l'ordre de 30 à 40 %. « Franchement, sur ce que l'on sait des études
d'audience, nous ne craignons pas la comparaison avec les magazines de kiosque.
» Entre 1999 et 2000, la croissance des revenus publicitaires des magazines de
marque fut de près de 50 %.
CONSUMER MAGAZINES ET PRESSE KIOSQUE
Avec des revenus publicitaires plus de 40 fois inférieurs
à ceux de la presse magazine, peut-on parler de menace pour cette dernière ? Il
semble que le mot ne soit pas trop fort. « C'est clairement de cette façon que
les brand magazines sont perçus par les titres de la presse kiosque, estime
Franck Simoni, qui a longtemps travaillé au groupe L'Express. Toute initiative
de la presse gratuite au sens large est vécue comme un double détournement :
des recettes publicitaires et du lectorat. » Cette inquiétude peut s'expliquer
par la faiblesse de la presse quotidienne nationale en France. La puissance des
groupes de presse étant basée sur les magazines, tout ce qui ressemble à un
début de commencement de menace pour ces derniers est redouté.
Incontestablement, les magazines de marque ont gagné en professionnalisme. Les
contenus sont souvent aussi performants que ceux de la presse et la "finition"
parfois meilleure. Des progrès ont été réalisés sur le confort de lecture, la
qualité d'écriture, l'iconographie, la maquette. La "chaîne de qualité" des
bons magazines de marque est aujourd'hui ultra performante. Les lecteurs
cautionnent-ils pour autant le contenu de la même façon dans un magazine de
kiosque et dans un magazine de marque ? Probablement pas. Mais il serait faux
d'affirmer que les consumer magazines manquent de crédit. Bien au contraire.
Leur crédit, c'est celui de la marque ! « Il y a quelques années, nous avons
fait des études sur le journal d'Apple, affirme François Blanc. Il apparaissait
que les lecteurs apportaient davantage de crédit à l'information communiquée
par Apple qu'à celle qu'ils trouvaient dans des journaux informatiques
spécialisés. » Et le directeur général de Créapress d'expliquer cela par le
fait que les magazines de marque sont beaucoup plus soumis à une pression de
transparence, "d'honnêteté", voire de performance, que la presse, notamment
spécialisée ou professionnelle. Ils doivent être, en quelque sorte, aussi
performants que la marque qu'ils représentent. Ainsi, les consumers ont des
arguments. D'autant que face à eux, on trouve des titres souvent pâlichons. «
Si les magazines de kiosque perçoivent les brand magazines comme une menace,
ils n'ont qu'à se défendre ! », estime Franck Simoni. La marque est le fond de
commerce des consumers, mais les magazines de kiosque ont un peu tendance à
oublier qu'ils sont, eux aussi, une marque. Et qu'à cet égard, ils doivent
faire preuve d'une personnalité affirmée. Si bien que la comparaison frontale
entre des titres de la presse kiosque et certains magazines de marque est loin
d'être incongrue. « Les lecteurs comme les annonceurs commencent à faire des
arbitrages, affirme Philippe Morel. Et sur un marché donné, un consumer est
tout à fait à même d'accaparer une partie importante du gâteau publicitaire. »
A une réserve près, et elle est de taille : cette concurrence frontale n'est
pas a priori l'objectif des magazines de marque. « Dans la mesure où notre but
est de vendre un positionnement et une image de l'entreprise, nous ne sommes
pas là pour faire de la concurrence aux journaux de kiosque, affirme Marie
Wiriath, directrice générale de l'Agence. Nous n'avons ni les mêmes contraintes
ni les mêmes objectifs. Cela dit, nous sommes un canal d'information qui entre
en concurrence avec d'autres. A ce titre, nous devons nous intéresser à la
presse. Lorsque l'on réalise un magazine pour un créneau donné, on se doit
d'examiner le marché, soit pour éviter de positionner un titre de façon
identique, soit pour éviter les mêmes erreurs ou les mêmes dérives. » La presse
n'est donc jamais très loin des préoccupations des agences. D'une certaine
façon, l'objectif est de s'en inspirer pour mieux s'en différencier. Reste à
savoir si le lecteur sera capable d'appréhender toutes ces subtilités.
COMMENT RENDRE PLUS CHALEUREUSE UNE MARQUE ?
Titre (éditeur) : En Partance (Havas Voyages). Agence : L'Agence. Données techniques : Trimestriel, 20 x 28, 44 pages. Régie : Selling Média. Diffusion : 300 000, dont 250 000 envoyés nominativement aux clients Havas et 50 000 distribués de façon sélective dans les agences. Problématique : Développer le capital sympathie de la marque Havas Voyages. Trouver le bon équilibre entre la dimension marketing et la dimension onirique. Particularités - L'un des rares journaux (peut-être le seul) entièrement autofinancé par un double système de publicités classiques et d'espaces publi-rédactionnels. - Les destinations présentées sous un angle atypique. Plutôt que les "classiques" (ex : les Pyramides), En Partance privilégie des thèmes décalés (ex : l'usage du narguilé en Egypte). - Une rubrique est entièrement dédiée à la famille, souvent négligée dans la presse de voyages.
COMMENT APPORTER UN SERVICE HEBDOMADAIRE AUX USAGERS ?
Titre (annonceur) : A nous Paris ! L'hebdo du métro (RATP). Agence : Verbe Consumer. Données techniques : Hebdomadaire, 28 x 39, 48 pages. Régie : Métrobus (+ petites annonces). Diffusion : 450 000 exemplaires, distribués gratuitement dans le métro. Problématique : Apporter un service aux usagers du métro grâce à un contenu de "city journal" de grande qualité, à dominante culturelle, mais aussi grâce à ses petites annonces classées (7 pages dans le numéro du 7 au 13 mai 2001). A note... - Un travail de titan qui nécessite une équipe dédiée à temps complet. - Une vraie démarche de presse avec un financement important par la publicité.
COMMENT TOUCHER UNE ZONE DE CHALANDISE ?
Titre (annonceur) : Vivre Champion (Champion). Agence : K.publishing. Données techniques : Bimestriel, 20 x 28, 76 pages. Régie : Mail Marketing (+ pub fournisseurs Champion). Diffusion : 4 millions d'exemplaires, sur zone de chalandise des supermarchés Champion. Problématique : Fidéliser les consommatrices à l'enseigne en leur apportant les conseils dont elles ont besoin dans leurs choix, avec un contenu rédactionnel qui correspond à la culture de consommation. A noter... - Une distribution non adressée avec un simple ciblage sur zone de chalandise, ce qui est assez rare dans l'univers des consumer magazines, mais qui s'explique par la nature de l'enseigne (supermarché généraliste, donc clientèle de proximité clairement localisée).
COMMENT FAIRE VIVRE UN LIEU BRANCHÉ ?
Titre (éditeur) : Art & Fashion (Forum des Halles). Agence : Euro RSCG Publishing. Données techniques : Trimestriel, 23,5 x 29,7, 42 pages. Régie : Médias & Supports. Diffusion : 290 000 exemplaires. Problématique : Faire vivre le nouveau territoire d'expression du Forum des Halles. En faire l'endroit "où il se passe des choses". Volonté d'un lien rédactionnel/produit immédiat. D'où une alternance entre les éléments commerciaux directement liés au trafic et une approche plus culturelle dédiée aux événements du Forum.
COMMENT CAPTER LES 15-25 ANS ?
Titre (éditeur) : Ca se passe comme ça (McDonald's). Agence : Fun Book. Données techniques : Mensuel, 19 x 28, 48 pages. Régie : Médias & Supports. Diffusion : 370 000 exemplaires distribués dans les restaurants McDonald's. Problématique : Volonté de McDo de développer une communication spécifique sur son coeur de clientèle. Celle-ci est difficile à toucher autrement que par des plans médias très lourds. Mais elle vient dans les restaurants. D'où l'idée du consumer, proposé comme un service. A noter... - Un magazine déconnecté de l'univers McDonald's, qui aborde les préoccupations des jeunes en général, qui a su globalement éviter le piège de la "culture américaine". Assez grande liberté de ton. - Grâce au magazine, McDonald's a gagné une forte légitimité sur cette cible. - Environ un tiers de la surface du journal est consacrée à la pub.