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Décalage

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“Consommateur”. Qui n'a pas ce mot à la bouche ? Industriels comme distributeurs. Tout le monde se dit focalisé sur lui. Certes, ce n'est pas une nouveauté, au niveau du discours. Mais la conjoncture actuelle ne fait qu'amplifier le phénomène. Les uns essayant de toujours mieux le comprendre, à défaut de pouvoir anticiper son comportement. De satisfaire, par tous les moyens, ses besoins et attentes. Tout comme les autres prétendent le faire, au meilleur prix, bien sûr. Le tout dans une débauche d'investissements publicitaires qui, si elle fait sûrement du bien, économiquement parlant, aux médias, engendre un sentiment de cacophonie rarement atteint. Et, surtout, ne fait qu'ajouter au trouble de ce fameux consommateur face à une pléthore d'offres et de messages que, malgré son “expertise” soi-disant accrue, il a bien du mal à comprendre. Sans parler de leur simple attribution... Et, finalement, on peut se poser la question de savoir si, en son nom, on lui rend réellement service. Si, comme le pense l'interviewée de ce numéro, il n'existe pas un décalage profond entre la multiplication d'actions marketing sophistiquées et les besoins de simplicité, de reconnaissance, de dialogue... du consommateur d'aujourd'hui. Besoins qui semblent avoir été largement oubliés au profit du “toujours plus”. Plus de segmentation, de pub, de fidélisation, de “valeur ajoutée”… D'autant que, si sa voix ne se fait pas encore entendre puissamment, en France tout au moins, son pouvoir grandit inéluctablement. Au-delà de celui de son porte-monnaie, dont tout le monde a déjà bien conscience. Le débat risque de se situer à terme sur un autre registre. Quittant celui des techniques pour rejoindre celui de la société et de son avenir. Un débat que le marketing ne doit pas occulter. Et dans lequel il a même tout intérêt à jouer un rôle moteur. S'il ne veut pas être définitivement décalé.

François Rouffiac

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