De Neuville veut réveiller la cacaomania des Français
Les Français aiment le chocolat. Ils en consomment quelque 8 kg par an. Mais les occasions de consommer restent encore très liées aux événements calendaires. Pour sortir de cette logique, De Neuville, les chocolats français, repense ses gammes autour d'une offre jouant sur l'éphémère et les instants de dégustation.
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Avez-vous remarqué qu'une envie de chocolat ne se commande pas ? Avez-vous
également remarqué qu'elle est polymorphe ? La tablette de chocolat de 16
heures ne parvient plus, à 22 heures, à calmer cet insatiable désir de douceur.
Pour décrypter ce rapport très personnel au chocolat, De Neuville lançait, en
2000, une grande étude destinée à explorer les tendances à venir du marché. «
Depuis trois ans et demi, nous avons procédé à une remise à plat de nos outils
marketing et procédé au lancement d'études prospectives ad hoc grâce notamment
aux synergies développées avec les autres marques de la branche sucrée du
groupe Bongrain », indique Philippe Bouvier, directeur marketing des chocolats
De Neuville. Ce travail a conduit à un premier constat. Historiquement, les
offres chocolatières sont figées et suivent les événements calendaires. A
l'exception du haut de gamme, qui renouvelle ses collections au rythme de
l'inspiration de ses chefs, l'offre pèche par un certain classicisme qui
n'encourage pas la découverte. « 30 à 35 % du chiffre d'affaires des boutiques
est encore réalisé à Noël. L'achat de chocolat reste lié à l'idée de cadeaux,
poursuit Philippe Bouvier. Or les études menées, auprès des consommateurs et
des franchisés, nous ont montré qu'il existe une véritable attente pour une
consommation personnelle. Mais il faut encore créer des réflexes de
consommation et trouver de nouvelles occasions de dégustation. » Pour y
parvenir, De Neuville a donc repensé son offre non plus autour du chocolat
lui-même, mais autour des solutions-situations. « Nous nous sommes engagés dans
une démarche relativement proche de celle des torréfacteurs. Avec les Instants
De Neuville, nous proposons aux consommateurs de découvrir une palette de
produits adaptée à l'envie du moment. » Astucieusement déclinée sous les
appellations, : "Le temps d'un café" ou encore "Le temps d'un petit creux"...,
la gamme est devenue la deuxième référence du réseau après la collection des
chocolats gourmands.
Des offres éphémères
Parallèlement, le chocolatier s'est penché sur les recettes en donnant
naissance à des offres saisonnières dont la durée de vie ne dépasse jamais les
quatre mois. « Les consommateurs cultivent les paradoxes. Ils disent vouloir
des innovations, mais ils achètent systématiquement les mêmes bonbons de
chocolat. Pour les inciter à la découverte, et donc générer du trafic en
magasin, nous avons lancé la gamme "Les surprenantes" qui repose sur des
associations gustatives originales », indique Philippe Bouvier. Début avril,
est ainsi sorti un chocolat à la Cardamome, deuxième opus de la gamme. Présent
sur l'ensemble du territoire à travers 145 boutiques, De Neuville a perçu, dès
2001, les fruits de cette nouvelle stratégie. Les volumes de vente du réseau
ont en effet progressé de 5,4 %. « En dix ans, le marché a progressé de 30 %.
Chaque Français consomme en moyenne 8 kg de chocolat par an et nous prévoyons
encore une dizaine d'années de croissance. L'un de nos grands challenges est de
tirer le marché vers le qualitatif, sans pour autant devenir une marque de
luxe. A travers ce positionnement de la découverte, nous voulons nous imposer
comme le référent d'une nouvelle approche. La découverte nous permet également
de nous différencier de nos principaux concurrents et notamment les
chocolatiers belges », analyse Philippe Bouvier. Pour avoir ce nouveau
positionnement, le chocolatier privilégie les outils de communication directe.
« Avec la vitrine, la boîte aux lettes constitue notre premier outil de
recrutement et de communication. Un million d'ISA ciblés est distribué chaque
année par Delta Diffusion », note Philippe Bouvier. Avec des résultats plus que
satisfaisants, puisque la notoriété assistée de l'enseigne est passée de 34 %
en 2000 à 46 % en 2001.