Dauphin s'affiche citoyen
«Nous aurions pu faire une campagne de communication classique, nous avons
choisi de mettre la puissance de la marque au service de l'APEV, l'Association
d'aide aux parents d'enfants victimes. » Pour Claude Duval, directeur général
de Dauphin, la campagne affichée le 2 mai dernier sur le dispositif Grand
Chelem, à savoir les réseaux Giga de Dauphin et Itinéraires de Thomas, prouve
la capacité de l'afficheur à concerner tous les Français sur l'ensemble du
territoire hexagonal. Une capacité mise au service d'une grande cause via une
campagne signée Enjoy Scher Lafarge, qui à n'en pas douter, restera dans les
mémoires. « Lorsqu'Avenir, en septembre 1981, a voulu prouver qu'il pouvait
tenir ses promesses, il lançait l'effet Myriam. Vingt ans plus tard, les
attentes sont différentes, nous avons voulu créer un choc, une émotion »,
détaille Christophe Lafarge, directeur associé de l'agence Enjoy. Et d'ajouter
: « Une affiche réussie est un choc en soi ».
Un parti pris périlleux
Affiché en 4X3, le visage de neuf enfants disparus est
en effet un parti pris périlleux. Mais un parti pris qui a reçu l'accord de
l'association dont le besoin le plus crucial est d'être vue partout en France.
« 49 millions de Français ont eu 324 millions d'occasion de voir la campagne
qui a été affichée sur 9 802 panneaux », poursuit Claude Duval, qui ajoute que
cette campagne est aussi destinée à l'interne. Malgré le changement
d'actionnaire et la fusion des marques, l'esprit Dauphin, souvent qualifiée
d'entreprise à visage humain, demeure. Reste à savoir, au-delà de l'émotion
suscitée, si l'initiative ne joue pas sur la confusion des genres. Dans un pays
fortement marqué par une culture judéo-chrétienne, le message ne risque-t-il
pas d'être brouillé ? Ce débat, selon Alain Boulay, président de l'APEV, serait
d'un autre temps.