Consumer Insight ou l'échographie des consommateurs
Faire le lien entre la connaissance du consommateur et le business, telle est la vocation du “Consumer & Shopper Insight”, une fonction qui fleurit dans les groupes internationaux.
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Depuis septembre 2002, Lever Fabergé France, et plus globalement l'ensemble
des filiales du groupe Unilever, abrite une structure au nom quelque peu
ésotérique : Consumer & Shopper Insight. Un département qui est venu se
substituer à la classique cellule études. Et dont la mission est d'entrer dans
l'intimité des consommateurs. Mission hautement stratégique et qui découle de
la volonté des grands groupes internationaux d'être à la fois global et local.
Les lancements sont désormais internationaux, les objectifs tant qualitatifs
que quantitatifs sont définis au niveau de l'Europe, voire au niveau mondial.
Mais, pour être un succès, le produit, la marque, doivent trouver un écho chez
un consommateur qui reste marqué par sa culture, son environnement. D'où
l'importance d'un service qui, au-delà du simple déclaratif, va s'intéresser à
l'individu dans ce qu'il a de plus intime. « Le Consumer and Shopper Insight
est un nouveau métier qui consiste à faire le lien entre la connaissance du
consommateur et le business. Une connaissance opérationnelle », indique
Anne-Gabrielle Dangu, ex-marketeuse au sein de la division soin de la personne
de Lever, et aujourd'hui responsable de ce département. Opérationnel, voilà le
mot clé de cette fonction. Il ne suffit pas d'encercler le consommateur, de le
suivre par tous les moyens, études, tests, observations in vivo, il faut encore
traduire le matériel recueilli en actions. « Nous partons d'une connaissance
holistique du consommateur, et de la société dans son ensemble, pour
redescendre vers le business des différentes marques. C'est une approche
radicalement nouvelle », poursuit Anne-Gabrielle Dangu, dont le service
comprend huit personnes.
Les seniors priment
Huit
personnes dont les qualités premières sont l'ouverture d'esprit et la capacité
à remettre en cause les idées reçues. « On ne peut pas observer correctement si
on n'est pas capable de faire table rase de ses préjugés », estime
Anne-Gabrielle Dangu. Quels sont, à son avis, les profils type de ses
collaborateurs ? Des Unilevériens pur jus mais aussi des profils littéraires,
voire philosophiques. L'essentiel étant la capacité à transformer en
opérationnel les observations. « Il faut savoir rester concret. Enfin, et c'est
primordial, il faut parler un langage commun avec les marketeurs ou les gens
des centres d'innovation. Le rôle du Consumer Insight est de plonger dans le
cœur de la société et rendre le tout concret pour l'entreprise », poursuit
Anne-Gabrielle Dangu. Des qualités qui feront pencher la balance du côté des
collaborateurs confirmés. D'autant qu'il ne suffit pas de se dire intéressé par
le consommateur. L'analyse doit être pertinente et précise afin de faciliter la
mise en place des stratégies marketing. Chef d'orchestre des différents outils
d'études, le Consumer & Shopper Insight doit être capable de couvrir les
différentes dimensions de l'individu. Son travail va permettre de nuancer les
jugements. « Nous sommes passés d'une cellule études qui était passive, que
l'on briefait sur tel ou tel sujet, à un service réactif qui apporte de la
matière, des réflexions et des réponses opérationnelles», estime la responsable
du département. Une responsable plus que discrète sur son niveau de salaires,
mais qui réfute l'idée selon laquelle les services études seraient moins bien
rémunérés que les services marketing-vente. « Le métier est hyperstratégique,
il faut donc, pour attirer les meilleurs, les valoriser. » On ne peut que
confirmer…