Conforama Circulez… il y a tout à voir
Une enseigne qui progresse, une bonne rentabilité (la meilleure parmi les
enseignes du groupe PPR), un concept qui fonctionne… Fallait-il changer la
formule Conforama ? De prime abord, pas vraiment. Mais à y regarder de plus
près, l'analyse est différente. Alors que les enseignes plus spécialisées et
plus segmentantes peuvent s'autoriser toutes les audaces, l'image viellissante,
voire ringarde, du multispécialiste de l'équipement de la maison le confine
dans un positionnement passéiste. Rajeunir l'image, capitaliser sur les
innovations, mieux répondre aux nouveaux besoins des consommateurs… A l'instar
de toute enseigne ambieuse, Conforama a sacrifié à l'exercice de la
rénovation.
Discounter, plus que jamais
Une
rénovation dictée par la volonté de mieux répondre aux nouveaux besoins des
consommateurs. Les attentes ont en effet évolué. En particulier sur le terrain
du discount. Sauf à se positionner en véritable hard discounter – auquel cas,
l'enseigne sera pardonnée de ne rien offrir d'autre que le prix –, le client
exige aujourd'hui un mix prix / qualité / service. Les repositionnements
d'enseigne visent à mieux mettre en valeur les différentes facettes de ce mix.
Là où l'exercice se corse, tout au moins dans le cas d'une enseigne positionnée
discount comme Conforama, c'est qu'il faut procéder à l'amélioration du
concept, du visuel, de la communication… sans modifier la perception prix des
clients. En d'autres termes, faire mieux sans que les clients pensent qu'ils
vont payer plus cher. Le prix réel et la perception du prix sont en effet deux
choses différentes. L'équilibre à trouver est assez subtil. Il conditionne en
bonne partie les choix de l'enseigne et son discours, plutôt mesuré. Malgré
l'importance des changements (nouvelle identité visuelle, nouveau concept,
nouveau catalogue), Conforama n'évoque pas un nouveau concept, mais une simple
évolution. D'autres ont parlé de révolution pour moins que ça ! C'est à
l'agence A & Co que l'on doit la nouvelle identité visuelle. Le logotype
reprend les éléments forts d'un code graphique bien identifié. Où l'on apprend,
au passage, que le fameux palmier a failli disparaître. Conforama n'y semblait
pas très attachée, au point de l'avoir exclu de son brief. Mais A & Co a
persisté, et le projet de l'agence a convaincu l'enseigne. Toujours côté
visuel, on note la multiplication des pictogrammes univers métier, sobres et
clairs. Une façon pour Conforama, trop catalogué meubles, d'exprimer la largeur
de son offre. Développement, également, de la PLV et de l'ILV. Une série de 10
pictogrammes a été créée concernant les 10 engagements-services de l'enseigne :
garantie 5 ans, livraison à domicile, location de camionnettes, carte
Conforama… Enfin, la signature publicitaire change. La base line “Le pays où la
vie est moins chère”, qui était associé au logo, disparaît. Trop rigide, trop
“monolithique”. Lui succèderont des slogans publicitaires à géométrie variable
selon les pays (en France : “Le bien-être, ça n'attend pas”). L'adaptabilité
est en effet une priorité pour l'enseigne. Du reste, Conforama propose des
assortiments différents d'un pays à l'autre. Le déploiement de la nouvelle
identité visuelle, façade exceptée, s'est effectué rapidement sur l'ensemble
des magasins français, entre août et septembre. D'ici décembre prochain, les
magasins étrangers seront eux aussi habillés de neuf.
Nouveau concept intérieur
Pour le concept point de vente proprement dit,
ce sera une tout autre paire de manches. L'enseigne le reconnaît volontiers.
Prudente, elle se donne cinq ans pour l'étendre à l'ensemble du parc. « Le
changement touche l'ensemble de la conception du point de vente, de la
circulation à l'accueil central et aux espaces détente, de l'expression des
offres promotionnelles à la façade », explique Per Kaufmann, président du
directoire. L'innovation majeure réside dans la mise en place d'un sens de
circulation imposé. On est loin de la marche forcée d'un Ikéa, mais tout de
même. Mieux vaut ne pas s'apercevoir juste après de passage du portillon
d'entrée que l'on a oublié son portefeuille. On sera quitte pour un tour
gratuit du magasin ! Salons, gris, brun, blanc, cuisines, salles de bains,
chambres, rangements, textile, luminaires… se succèdent à mesure que le client
progresse dans sa visite, à droite et à gauche d'une large allée qui fait le
tour du magasin. Autre élément fort du concept, des boxs et des palettes
proposant des articles à emporter sont installés au milieu de cette allée.
L'initiative est destinée à générer l'achat d'impulsion. D'ailleurs, plus
largement, le nouveau concept se caractérise par une augmentation forte du
libre emporté dans tous les rayons. Dans une logique comparable, l'univers
décoration, faiblesse relative de l'enseigne, devient plus importante. « Car
c'est un univers générateur de trafic », justifie Per Kaufmann. Des chariots
proposés en plusieurs points du parcours, des espaces service et de détente,
caractérisent encore ce concept, dont il est difficile de dire, entre le
registre discount et celui du bien-être/information client, lequel prime. Ce
qui tendrait à prouver que Conforama a trouvé le bon équilibre. Les clients
penseront-ils de même ?
Dates
1967 Ouverture du premier magasin à Lyon. 1976 Fusion avec le groupe Agache-Willot. 1991 Conforama intègre le groupe Pinault et devient en 1994 enseigne du groupe PPR à l'issue de la fusion entre Pinault et Printemps. 1999 -2002 Développement international, avec le rachat de 11 magasins au groupe espagnol de bricolage Brico Hogar en 1999, le rachat de la société italienne Emmezeta en 2000, deuxième distributeur de meubles dans la péninsule (par ailleurs implanté en Croatie) et la première implantation en Pologne en 2001.
Mise en page
156 pages, dix univers, des centaines de photos, une large sélection de meubles et objets de décoration… Conforama lance un catalogue meubles et décoration. Celui-ci sera distribué à 10 millions d'exemplaires en boîte à lettres et disponible en magasin. A noter par ailleurs que Conforama distribue chaque année 460 millions de documents publicitaires.
Une concurrence pluriforme
Généraliste, Conforama fait partie de ces enseignes qui ont des concurrents un peu partout : enseignes spécialisées dans l'électrodomestique, dans l'ameublement, dans l'aménagement de la maison, dans la décoration, enseignes d'hypermarchés, grands magasins… Mais elle a tout de même, à périmètre comparable, un redoutable concurrent à travers But. L'enseigne du groupe Kingfisher (qui a manifesté la volonté de se recentrer sur le bricolage, et donc, de céder But en même temps que Darty, mais qui, faute de repreneur a décidé de côter les deux enseignes à la Bourse de Londres) “pèse” 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et emploie 6 000 collaborateurs. Près de 250 magasins portent l'enseigne en France.