Comment TPS répond à la gratuité de la TNT
Donner une nouvelle dynamique à la marque et lever les freins à l'abonnement. En lançant, la première, l'installation gratuite de la parabole, TPS ne se contente pas de jeter une pierre dans le jardin du groupe Canal +, l'opérateur est également le premier à proposer une parade à la TNT et sa gratuité.
Avant la fin mars, la concurrence entre les différents opérateurs du PAF de
complément était relativement simple. Le modèle payant étant la règle, la
bataille des abonnements se résumait à une guerre commerciale et à une
surenchère dans l'offre de programmes. Plus de cinéma, plus de sport. Les deux
mamelles de l'offre satellitaire donnent ainsi lieu à une avalanche de
communiqués aussi bien du côté de TPS que de son prédécesseur CanalSatellite.
L'arrivée de la TNT, même si elle ne concerne aujourd'hui qu'un petit tiers du
territoire, modifie considérablement les règles du jeu. Certes, l'offre se
compose d'un bouquet de chaînes relativement limité. Mais pour les 60 % des
Français, frustrés de la zappette, la possibilité de doubler le champ des
possibilités est tentant. D'autant qu'après avoir déboursé une somme
relativement modeste pour s'équiper d'un décodeur, ils n'auront plus rien à
payer. Or, la gratuité est la valeur montante de notre société. Le succès de la
presse gratuite en fait foi. Après avoir bataillé sur tous les fronts pour
tenter de repousser la date d'ouverture de ce nouveau pipe-line à images, TPS a
été le premier à contre-attaquer. Le 1er mars dernier, l'opérateur (filiale de
TF1 et de M6) lançait une nouvelle offre commerciale : l'installation gratuite
de la parabole. Un lancement accompagné d'une campagne de publicité signée FCB.
Et qui a donné lieu à réplique quasi-immédiate de son concurrent. «
L'installation de la parabole constitue un frein à l'abonnement. En la prenant
en charge, nous nous sommes positionnés en leader en cherchant à déstabiliser
le marché à notre profit. De fait, il y a deux manières de parler sur ce
marché, dire que l'on est les meilleurs ou prendre le parti du consommateur.
C'est ce dernier choix qui est le nôtre », commente Muriel Reus, directeur
général adjoint de TPS. Une option qui semble sourire à l'opérateur. En
décembre dernier, il recrutait 66 588 nouveaux abonnés, soit une augmentation
de 101% par rapport à décembre 2003. Une vague d'abonnements qui tendrait à
valider le nouveau positionnement de la chaîne.
Plaisir et simplicité
Un positionnement que Guillaume Pannaud, président de
l'agence FCB, résume en deux mots : simplicité et plaisir. « Le plaisir est au
cœur de la plate-forme de marque de TPS. C'est une marque proche qui vise le
plus grand nombre. Pour sa prise de parole publicitaire, nous avons pris le
parti d'être simple, direct, concret, vrai. Avec pour objectif de créer de
l'affect, de traduire l'engagement moral qui facilite l'accès à la télé
plaisir. » Bref de générer de l'appétence afin de donner envie d'élargir son
offre télévisuelle. L'envie est d'ailleurs désormais inscrite dans la signature
la marque, “TPS, la télé de vos envies”. Sur ce marché longtemps dominé par une
promotion de type hard selling, TPS entend donc réintroduire du plaisir et de
l'émotion dans ses offres commerciales. Avec des campagnes dont la mission est
bien de garantir l'attribution des messages, « ce qui demeure le plus
difficile », confesse Guillaume Pannaud. Ce que semble avoir réussi la campagne
de com-munication de Noël dernier, “Le plaisir sans engagement ”. Testée par
Ipsos, elle a marqué 73% des téléspectateurs qui se souviennent glo-balement
de cette campagne. « Avec ce résultat, nous obtenons notre meilleur score
depuis décembre 2002 », indique Muriel Reus. Mieux, avec un score de notoriété
publicitaire global de 81 %, la campagne a fortement marqué les
intentionnistes, à savoir ceux qui ont l'intention de s'abonner à une offre de
télévision payante. Après avoir longtemps joué la discrète dans le sillon du
groupe Canal +, TPS, forte de plus de 1,3 million d'abonnés, se donne les
moyens de reprendre les rênes du jeu à un moment crucial dans l'histoire du
paysage audiovisuel français. « Le prix n'est plus l'axe principal de notre
stratégie de recrutement. Les situations ne sont plus aussi figées qu'elles ont
pu l'être dans le passé, estime Muriel Reus. Aujourd'hui, avec une offre
premium comme TPS Star nous répondons parfaitement à la première demande du
marché qui demeure le cinéma. » Reste à savoir si les Français, qui opèrent des
redistributions drastiques de leur budget, entendront l'argument.