Carte Visa/Accord : du guichet au chariot
C'est la première carte bancaire issue de la grande distribution qui serve à la fois de carte privative et de fidélité et de carte de paiement. La nouvelle Visa Banque Accord du groupe Auchan, vendue sous blister, ouvre surtout la voie au libre service bancaire.
Forte de plus de 1 800 000 clients en France, la Banque Accord - filiale à
100 % du groupe Auchan - propose depuis le 17 mars, dans 5 magasins tests,
Melun, Pau, Seyne-sur-Mer, Mantes, Valence et Anglos (Nord), sa carte Visa
internationale. Le reste des 120 points de vente du groupe devant attendre
l'automne prochain. « Nous souhaitons démontrer qu'il est possible d'appliquer
les recettes de la grande distribution que sont le libre service, le discount
et le choix, aux services financiers et ce, dans l'intérêt des clients »,
explique Damien Guermonprez, directeur général de la banque Accord. Non
seulement cette carte "trois en une" offre les avantages et les services
associés aux cartes du réseau Accord mais elle permet également l'accès au
programme de fidélité Auchan (Waaoh). Tout en permettant de retirer de l'argent
gratuitement dans les distributeurs de billets de la zone Euro. Le tout pour 25
euros par an. Soit 15 euros de moins que la moyenne du marché pour une carte
Visa "Classic" à débit différé. Et, cerise sur le gâteau, la carte offre
également un service de cagnottage "cash-back" de 0,10 euro par achat sous la
forme de bons d'achat chez Auchan. Ce lancement vise les porteurs actuels des
cartes Auchan ou Auchan-Accord mais aussi les clients du distributeur porteurs
de cartes bancaires. L'objectif d'Accord est de passer de 20 000 cartes, qui
est le nombre de porteurs générés par le test entrepris depuis la mi-octobre, à
100 000 à la fin 2003 puis à un million à fin 2007.
Travailler les clients captifs
Un pari pour cette carte vendue dans un blister
aluminisé et qui joue sur la simplicité. L'utilisateur remplit en effet un
simple formulaire qu'il renvoie dans une enveloppe T. Après vérification
d'usage par Accord, il reçoit un document contenant son code secret et d'accès
Accordirect. Pas besoin de changer de banque puisqu'il n'y a pas de
domiciliation de compte. Une fois l'autorisation accordée, l'activation de la
carte peut se faire. L'utilisateur reçoit un simple relevé papier tous les mois
et peut accéder à son compte via un numéro de téléphone et un site internet
dédiés. Contrairement à sa concurrente Egg (voir Marketing Magazine n° 75), la
carte ne fera pas l'objet d'un plan de communication massif. Pas question en
effet de brusquer les clients. « Les Français divorcent plus qu'ils ne changent
de banque et nous préférons miser sur un développement progressif à partir de
la base de clients captifs par une opération promotionnelle en magasin. » Pas
d'accroche prix aguicheuse non plus à part la gratuité des six premiers mois.
Car, comme l'explique Damien Guermonprez, « tout le système est basé sur une
logique de limitation des coûts ». Le système de libre service permet de ne pas
reporter les frais de gestion des agences classiques en magasin. Le coût
d'acquisition est faible puisque la base de clients est établie et les dépenses
promotionnelles réduites. Quant à l'investissement technique, il a déjà été
amorti. Banque Accord bénéficie d'une véritable économie d'échelle puisqu'elle
gère déjà 240 millions de transactions par an. Et n'a donc pas besoin
d'augmenter ses capacités pour quelques millions de lignes supplémentaires...
Mais ce lancement constitue surtout une première étape pour celle qui s'affiche
déjà comme "La banque de demain, déjà en magasin". Et qui projette de
développer une offre financière plus large. « Nous nous sommes rendus compte, à
travers une étude Dafsa réalisée en août 2002, que 12 millions de Français
étaient susceptibles de souscrire à une carte bancaire auprès de leur grande
surface à condition qu'elle soit moins chère, qu'elle apporte des services
supplémentaires et une récompense », indique Damien Guermonprez. Sachant que la
moitié des Français disent ne plus fréquenter leurs banques, Accord part donc
du principe qu'elle à tout à gagner à aller à leur rencontre. Cette initiative
s'inscrit dans un secteur bancaire en pleine mutation qui voit notamment ses
métiers de base comme la monétique, les cartes de paiement, le crédit à la
consommation s'enrichir de nouveaux métiers comme la distribution de produits
financiers. Une ouverture qui laisse espérer de nombreux leviers de croissance
puisqu'une banque comme Accord peut espérer développer à la fois son offre,
l'adapter aux différents types d'enseigne et espérer une extension géographique
dans les pays où Auchan est présent.