Carrefour, en avant marques !
«Nous avons souhaité aller plus loin que ce qui se fait habituellement pour
renforcer l'impact de l'opération en créant un véritable événement beauté
générateur de trafic », explique Catherine Pobeda, chef de projet trade
marketing, en charge du DPH chez Carrefour. Pour la première fois depuis
qu'existe cette opération, devenue aussi incontournable que le blanc ou la
rentrée scolaire, l'enseigne a, en effet, mis au point un dispositif composé de
rendez-vous fixes qui reposait intégralement sur un partenariat avec six
marques nationales. Durant 10 jours, du 3 au 13 mai derniers, les femmes ont
ainsi pu se faire maquiller par L'Oréal Paris ou Gemey, conseiller un soin par
Nivea ou dresser un diagnostic capillaire via les conseils avisés de Procter,
Garnier ou LaScad et ce, à des dates précises. Chacun de ces industriels
disposait de deux jours d'animations durant lesquels, grande première,
Carrefour lui donnait toute latitude pour recréer son territoire de marque à
travers podiums, stands et outils de PLV type affiches, visuels de mannequins,
etc. Une stratégie de trade-marketing qui n'est pas sans rappeler ce qui se
fait en grands magasins mais qui constitue une première en hypermarché. « Ces
différents éléments de mise en avant des marques n'étaient pas jusqu'à présent
dans les habitudes de Carrefour, reconnaît Catherine Pobeda. Quand elles
existaient, elles étaient un peu organisées à la sauvage et ne touchaient
qu'une dizaine de gros hypers. Or cette année, tous les magasins sont concernés
avec des moyens adaptés à leur échelle. La principale difficulté était de
garder l'identité Carrefour tout en mettant en avant une marque précise. » La
date de ces animations était, pour la première fois, annoncée dans le catalogue
qui illustre l'opération ; ledit catalogue innovant également dans le sens où
ses 26 pages n'étaient plus organisées par univers de consommation, comme
c'était le cas auparavant, mais autour des produits de marques spécifiques,
soutenus par la caution du magazine féminin Marie-Claire.
Des relais grands médias
L'agenda précis des animations était
également relayé par une vague de publi-reportages signés Calipige et diffusés
dans une douzaine de titres de la presse féminine. Objectif : toucher une cible
de 4 millions de femmes. « Nous utilisons de plus en plus ce vecteur de
communication en soutien du trade-marketing car, en hygiène-beauté, nous avons
besoin de toucher des cibles de plus en plus précises en termes d'âge, de
pouvoir d'achat, ce que ne permet pas le seul catalogue », explique Catherine
Pobeda. Là encore, Carrefour a négocié un virage à 180° en intégrant, dans des
publi-reportages consacrés à ses gammes maison, un argumentaire vantant les
mérites de produits de marques nationales. Les lectrices de Jalouse et Vital
ont même trouvé dans leurs magazines des doses d'essai de la crème Hydratonique
de Plénitude pour le premier et d'un autobronzant Ambre Solaire pour le second,
inséré dans chaque double page "Carrefour Beauté 2000". «C'est la première fois
que nous insérons des marques nationales dans nos publicités et nous comptons
développer ce type de co-marketing, mais uniquement en hygiène-beauté car c'est
un secteur où la marque est la première clé d'entrée», note Catherine Pobeda.
Le choix des familles de produits retenus, maquillage, coloration, soins
cosmétiques et capillaires, illustre la volonté de Carrefour de miser sur des
segments à forte valeur ajoutée, susceptibles de recruter chez les clientes du
sélectif. Ce sont d'ailleurs ces mêmes familles qui bénéficient d'une
présentation qualitative, dans un univers de gondoles basses et de sol en
parquet, dans le nouveau concept Magali, appelé à équiper progressivement le
parc des magasins de l'enseigne.
Un mécanisme promotionnel qui a valeur de test
Décidément très inspiré par les pratiques des
grands magasins et de la VPC, le mécanisme de l'opération prévoyait également
des primes offertes par les marques nationales contre un certain montant
d'achat. Des primes très qualitatives, dans l'esprit du studio maquillage signé
L'Oréal Paris, qui allaient très au-delà de ce qui était en jeu les années
précédentes. «Nous étions jusqu'à présent dans une logique d'augmentation du
panier moyen de l'ensemble du rayon hygiène-beauté », précise Catherine
Pobeda. A la fois plus complet et plus ciblé, le mécanisme promotionnel mis en
oeuvre cette année se pose clairement comme un test tant pour l'enseigne que
pour l'organisation des magasins. Un test à la hauteur de l'enjeu. Comme le
rappelle en effet Catherine Pobeda, « l'opération beauté demeure la plus
importante avec plus de 11 % du chiffre d'affaires généré par l'ensemble des
catalogues annuels, sur le rayon hygiène-parfumerie. »