Bouleversements japonais et renversements de tendances
Le FoodEx de Tokyo, l'un des principaux salons alimentaires asiatiques, a révélé une fois de plus son lot de nouveaux concepts. Et cette édition 2001 montre un renversement de tendances qu'il est intéressant d'observer. Explications.
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Tous les clichés et autres lieux communs maintes fois utilisés à propos du
Japon et des Japonais sont, une fois pour toutes, à remiser aux oubliettes tant
il est vrai que nous assistons à un bouleversement de société. Un
bouleversement qui touche toutes les facettes de la vie japonaise. Son économie
en crise, dopée par les investissements et les managers... étrangers. Sa
distribution, qui supprime les intermédiaires, que l'on croyait immuables au
Japon, devient le théâtre d'opérations stratégiques du français Carrefour et
d'autres. Sa jeunesse, qui fait sa révolution Plaisir et rompt définitivement
avec les codes du "Pays du Soleil Levant", ses femmes qui "osent" sortir entre
elles, fumer et boire de l'alcool. Ses seniors enfin, de plus en plus nombreux,
qui ont le temps et les moyens de satisfaire tous leurs désirs. Cette
réalité-là est celle du Japon aujourd'hui, même s'il est vrai qu'elle n'est
flagrante que dans les grandes villes. Mais si "Tokyo n'est pas le Japon", ces
courants toucheront, à court terme, tout l'Archipel. Parce qu'au Japon, on le
sait, tout va plus vite.
La fonctionnalité toujours, le plaisir et la naturalité en plus
En matière de fonctionnalité alimentaire, le
Japon est une source d'idées et de concepts intarissable. Le fait que
l'alimentation (ce qui entre en nous) a une fonction sur le corps, est
profondément ancré dans la culture asiatique depuis toujours. Il est donc
normal que tous ceux qui conçoivent des produits alimentaires à vocation santé
ou cosmétique observent et étudient les innovations japonaises en la matière.
Rappelons que le bifidus, ce succès français des années 90, était familier des
Japonais depuis longtemps, que la dose laitière "geste santé du matin" existe
au Japon (yakult) depuis 65 ans ! De même pour les acides gras polyinsaturés
(Omega/DHA) ou encore les produits alimentaires à promesse cosmétique riche en
aloé vera ou en collagène, etc. Ce qui est nouveau et flagrant cette année,
c'est la dimension "plaisir" qui vient s'ajouter à ces promesses fonctionnelles
et qui vient même les supplanter pour séduire un consommateur nippon qui refuse
de plus en plus l'argumentation technique et cherche des garanties de plaisir,
de satisfaction en termes de goûts, de textures et de naturalité. Quand on sait
que de ce côté-ci de la planète, la démarche est plutôt inverse (le plaisir
prédominant et la fonctionnalité en plus), on peut se dire que les démarches
finiront par se rejoindre et que les concepts observés sur le salon pourraient
tout à fait avoir leur place dans les linéaires européens. On ne pourra
peut-être plus dire "ces produits là ne marcheront jamais chez nous". De plus,
quand on sait qu'une petite Française née aujourd'hui a une chance sur deux de
fêter un jour sa centième année, avec tous les besoins nouveaux que cela
implique en matière de maintien en bonne santé et en bonne "apparence",
l'observation et l'étude de ces concepts par les industriels européens prend
alors toute son importance.