Bien emballer, c'est causer...
Hier le rôle du packaging se résumait à sa fonction. C'était à la publicité d'entrer en contact avec le consommateur et de lui communiquer les messages. Une bonne pub suffisait bien souvent à faire essayer un produit emballé... Les temps ont changé, c'est désormais à l'emballage sur le lieu de vente d'établir la relation avec le client pour emporter son adhésion. Le packaging est devenu l'ultime porte-parole pour transmettre la communication de la marque et séduire le consommateur.
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Qui oserait remettre en cause la place prépondérante qu'occupe la publicité
dans la communication des marques et des produits ? Elle demeure encore
aujourd'hui, après le budget bien-sûr, le premier critère que prennent en
compte les distributeurs pour référencer une nouveauté. Cependant, comme le
rappelle fréquemment Lars Wallentin de Nestlé lors de ses interventions sur la
communication et les packagings des produits alimentaires : « Le consommateur
n'achète pas une publicité. Certes, il la regarde, mais ce qu'il achète, c'est
un article emballé qui porte une marque. L'emballage est ainsi le premier
support de la marque... » Il n'est donc pas surprenant que, toujours aux yeux
des distributeurs, le packaging soit l'item qu'ils classent juste derrière la
publicité. Et celui-ci devient de fait l'élément prépondérant lorsqu'ils ont en
face d'eux une PME qui ne peut ni débourser des sommes astronomiques pour
acheter sa place sur les linéaires, ni communiquer par la "voie royale" à grand
renfort de millions... D'autant que ces mêmes distributeurs sont désormais,
avec leur propre marque, de grands utilisateurs d'emballage. En conséquence,
ils connaissent mieux que quiconque la valeur communicative et persuasive d'un
packaging bien conçu dans les rayons. Il y a une vingtaine d'années, le
consommateur était plus facile à débusquer. Nous pouvions compter sur les
doigts de la main le nombre de chaînes de télévision qui nous était proposé ;
nous n'étions pas encore inondés de journaux généralistes ou spécialisés, aussi
bien payants que gratuits... Aujourd'hui, pour toucher sa cible, il faut
élaborer un plan médias qui coûte de plus en plus cher. Combien d'annonceurs
peuvent-ils encore se payer une campagne de publicité efficace ? Il suffit de
regarder les chaînes nationales pour s'apercevoir que ce sont toujours les
mêmes grandes marques de multinationales qui occupent les meilleurs écrans.
Néanmoins, même avec leurs moyens colossaux, ces géants ne sont même plus
assurés de faire mouche. Il reste toutefois un endroit où la marque est encore
sûre de rencontrer régulièrement son consommateur : le magasin. L'arène de la
concurrence se déplace inexorablement des grands médias publicitaires vers le
point de vente. C'est désormais devant le rayon que tout se joue ! Dans ce
contexte ultra compétitif, le rôle de l'emballage devient prépondérant. Outre
ses fonctions essentielles : protéger, conserver, rendre service, renseigner,
émerger pour se faire reconnaître, le packaging est devenu un outil de
communication au service de la vente. Or, ce moyen performant n'est pas encore
utilisé comme un véritable média. A ce jour, les messages transmis par les
décors graphiques demeurent factuels. On se contente trop souvent de montrer
avantageusement ce que contient le conditionnement, de dénommer clairement le
produit en lui ajoutant quelques mentions qualitatives... C'est déjà pas mal,
me direz-vous. Mais est-ce suffisant pour marquer une différence nettement
significative vis-à-vis de son voisin ?
Raconter une histoire
Les "tests en aveugle" démontrent qu'il n'existe pas de
réelle différence entre tous les produits concurrents. De plus, les marques
cherchent à se neutraliser les unes les autres en adoptant des univers
graphiques souvent très proches. Derrière cette volonté de respecter les fameux
codes de marché plane souvent l'ombre du plagiat. Résultat, rien ne parle
vraiment à un consommateur qui pousse son chariot dans les allées des magasins
à la vitesse d'un mètre par seconde... A la manière de petits spots
publicitaires, le packaging doit entrer dans un mode de communication beaucoup
plus direct. Cessons d'employer un langage démonstratif abstrait qui est la
plupart du temps conjugué à l'infinitif. Soyons plus conviviaux. Le discours
produit doit raconter une histoire pour éveiller l'intérêt et les sens de sa
cible. Le designer dispose de couleurs, de formes et de matières pour y
parvenir. Mais aussi, il ne doit pas oublier de soigner la partie écrite pour
parler avec le consommateur. Ajouter des mots évocateurs et des phrases qui
renforcent le concept visuel n'est pas dû à un de manque de créativité. Bien au
contraire, soyons plus persuasifs. N'hésitons pas à interpeller le client pour
l'inviter directement à essayer et adopter le produit. "Goûtez, savourez,
emportez cette belle recette aux bons ingrédients que nous avons choisie pour
vous..." L'emballage est une forme de publicité qui émet du lieu de vente
jusque chez le consommateur. Lars Wallentin, lui, va encore plus loin : « Un
bon packaging correspond à un spot TV d'au moins cinq secondes qui tourne en
boucle ! » Une certitude : le packaging est la façon la plus économique de
s'adresser à son consommateur. C'est souvent le seul moyen dont disposent les
petites marques et les PME qui ne bénéficient pas d'un budget publicitaire
substantiel. Alors pourquoi s'en priver ?