Barbie-Packaging
Les décors événementiels, les suremballages destinés à célébrer toutes sortes d'occasions, rivalisent de créativité pour intéresser les journalistes et surprendre les clients dans les rayons. A ce jeu-là, ils pourraient bientôt sérieusement concurrer Barbie…
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L'emballage serait-il en passe de devenir un nouveau débouché pour les
créatifs du secteur de l'habillement ? Depuis 1996, Absolut Vodka fait appel à
des créateurs de mode pour habiller ses bouteilles commercialisées pendant les
périodes de fêtes de fin d'année. Des stylistes de talent se prêtent
régulièrement au jeu et parent l'emballage de créations haute-couture comme ils
le feraient pour les top-modèles. Des grands noms de la mode semblent désormais
inspirés par les formes rondes et sensuelles de l'emballage. Pour fêter
l'entrée dans le troisième millénaire, Jean-Paul Gaultier n'a pas hésité à
envelopper la bouteille de la prestigieuse marque de champagne Piper-Heidsieck
dans une guêpière affriolante. A l'occasion de l'ouverture des collections
2003, la styliste rock-rebelle Corinne Cobson a habillé le bidon de lessive
liquide Ariel Style d'un long fourreau noir pailleté. Un petit pendentif argent
très féminin complète le look “fashion victime” de cet emballage figurine.
Ultime détail, des lèvres d'un rouge pulpeux, découpées dans du carton, sont
accrochées sur le doseur transformé de la sorte en une icône souriante. Pour
répondre aux demandes les plus extravagantes, une entreprise parisienne, Ydris
Créations, s'est spécialisée dans la confection textile pour emballages.
“L'emballage Haute-Couture”, tel est le savoir-faire que revendique fièrement
cette maison qui présente dans son catalogue des bouteilles d'alcool et des
flacons de parfum parés comme des poupées Barbie. Ces créations originales
réalisées en taffetas, organza, fausse-fourrure, tulle, satin, simili-cuir
rivalisent de séduction pour faire valoir le simple conditionnement qu'elles
travestissent.
Amplifier le buzz
Ces
“poupées-packaging” sont en général éditées en séries limitées. La raison en
est simple : le coût. Jouer à la poupée avec un emballage sur lequel
l'industriel s'emploie à longueur d'année à améliorer la rentabilité, engendre
des coûts qui frisent la déraison. Au diable l'avarice ! L'objectif du
producteur n'est, bien évidemment, pas d'en vendre de grandes quantités ;
encore moins de gagner de l'argent grâce à une présentation plus originale. Il
s'agit simplement, pour les marques, de les utiliser pour faire parler d'elles.
En effet, les quelque 2 500 bidons d'Ariel Style, vendus exclusivement chez
Monoprix, même 50 % plus cher que la présentation standard, ne représentent
rien dans le chiffre d'affaires du produit. Ils sont un formidable alibi de
communication en partie payé par la consommatrice qui succombe devant le rayon.
Cette démarche délicatement provocatrice permet à la marque grand public de
peaufiner son image en l'orientant vers plus de modernité et de créativité sans
avoir à modifier son packaging de base. Les publicitaires, eux aussi, semblent
vouloir jouer à la poupée Barbie, voire à Ken, avec le packaging, pour faire
parler de leurs campagnes… Cet été en découvrant l'affiche qui présentait une
bouteille de Picon le buste moulé dans un “Marcel”, j'ai désespérément cherché
à re-trouver cette présentation plutôt humoristique du produit dans les
magasins. Las, cette version n'a pas été mise en vente. Elle était uniquement
offerte en cadeau à la presse pour le lancement de la campagne. Lipton Ice Tea
Light a aussi succombé à la mode. Sous la chaleur estivale, la cannette a osé
s'afficher vêtue d'un mini-string rouge. On ne note à ce jour aucune réaction
des mouvements de défense de la dignité du packaging. Cependant, à l'heure où
nous nous interrogeons sur les déchets d'emballage, son recyclage en baigneur
est une piste insolite. Barbie ferait bien de se méfier…