Axel Springer intensifie sa présence en France
La crise ne refroidit pas les ardeurs du groupe Axel Springer. Malgré
l'érosion constante de la diffusion de la presse féminine dite pratique - en
cinq ans, la diffusion de Femme actuelle affiche, par exemple, une baisse de 13
% (voir Marketing Magazine n° 68) -, et de la morosité du marché publicitaire,
la filiale française du géant allemand lance, en ce mois de juin, Bien dans sa
vie !, nouveau mensuel féminin généraliste qui, comme son nom l'indique,
s'inscrit dans la tendance lourde du mieux vivre. Un créneau qui, outre Bien
dans sa vie !, accueille depuis quelques semaines deux nouveaux titres : Vivre
au féminin et Vivre Plus. « Les femmes ont changé. Il y a 10 ans, elles
voulaient tout. Aujourd'hui, elles veulent mieux partout, réussir leur vie
professionnelle, mais surtout leur vie personnelle. Or, au vu de la diffusion
de la majorité des titres féminins, il me semble qu'il n'y pas plus réellement
de référents sur ce marché pour ce type d'aspirations », estime Rémy Dessarts,
directeur général d'Axel Springer France. Avec son prix attractif, 2 E, Bien
dans sa vie ! entend donc remplir ce vide, voire remplacer dans la shopping
list des femmes plusieurs titres de la presse santé, mode ou cosméto. Ni 100 %
pratique, ni 100 % haut de gamme, Bien dans sa vie ! se veut en effet un
"tout-en-un" à mi-chemin des Avantages, Top Santé et autre Cosmopolitain. Ses
180 pages s'organisent autour de rubriques fixes (psycho, bien bouger, beauté,
bien manger, sexualité, santé et nos secrets) et de rendez-vous très
égocentriques, à commencer par "Le cahier du moi". Et, puisqu'il s'agit pour
son éditeur d'ouvrir un nouveau créneau, son format compact (180 x 225 mm), a
également été étudié pour accompagner la femme dans tous ses déplacements. « En
Allemagne, les ventes de Glamour dans ce format dépassent les 450 000
exemplaires, remarque Rémy Dessarts. Il ne s'agit pas de réduire le format,
comme l'a fait Jalouse avec Mini Jalouse, et de dupliquer le magazine standard.
Le format fait partie du concept. » Et les déboires du Mini Jalouse, dont la
diffusion est en recul de 17,20 % (OJD 2001), ne semble pas affecter
l'optimiste de l'éditeur, qui table en année 1 sur une diffusion moyenne de 200
000 exemplaires.
Revenir à l'innovation éditoriale
Pour soutenir ce lancement, Axel Springer mettra 6 millions d'euros dans sa
campagne de communication, signée Publicis Etoile. Mise en avant dans les
kiosques - le premier numéro a été tiré à 350 000 exemplaires -, campagne radio
(NRJ, IP et L.A.P), affichage grand format et transport, presse, l'arsenal
traditionnel d'un lancement stratégique est mis en oeuvre pour séduire les
lectrices. Reste à attirer vers le titre des annonceurs perturbés par la
conjoncture économique. « Nous visons une pagination moyenne par numéro de 25
pages. Au coût pour mille, nous sommes légèrement plus cher que les magazines
santé, mais nous le sommes moins que les féminins classiques », commente Rémy
Dessarts. Si l'hygiène-beauté, les secteurs food, la distribution mode, font
bien évidemment partie des premiers secteurs travaillés par la régie intégrée,
le titre regarde avec attention du côté des constructeurs automobiles et des
services bancaires et financiers. « Nous nous adressons à une femme autonome
qui fait des choix et prend des décisions dans tous les domaines pratiques de
la vie. Il est donc logique que nous cherchions à attirer les annonceurs de ces
marchés », analyse Véronique Pican, directrice commerciale. Et d'ajouter : «
Dans cette période de doute du marché publicitaire, il nous semble plus que
jamais important de revenir aux fondamentaux, c'est-à-dire à l'innovation
éditoriale. Lorsque l'innovation est là, la publicité suit d'autant que notre
compte d'exploitation dépend plus du nombre de lecteurs que de la publicité.
Lorsque l'on s'appelle Axel Springer, on s'inscrit dans une logique
stratégique, qui ne peut réagir uniquement à la conjoncture publicitaire. Si le
groupe est présent en France, il l'est pour durer longtemps. » On l'aura
compris, le lancement de Bien dans sa vie !, qui fait suite à la reprise de
Men's Health début 2002, traduit les ambitions d'un groupe qui reconnaît avoir
également dans ses tiroirs un projet de lancement pour début 2003.