Avant-goût de grandes manoeuvres sur le marché des compléments alimentaires
Quelques mois après l'entrée en vigueur d'une directive européenne visant à harmoniser les pratiques des différents états en matière de compléments alimentaires à visée cosmétique, le Laboratoire Innéov, joint venture à 50/50 entre Nestlé et L'Oréal, lance dans 5 pays (Allemagne, France, Espagne, Belgique et Portugal), Innéov Fermeté. Ce complément alimentaire à visée cosmétique prend pied sur le marché encore embryonnaire des produits anti-âge.
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Des géniteurs puissants et surdoués, des budgets de R&D à faire pâlir
d'envie les chercheurs de l'Inserm, il n'en fallait pas plus pour supposer que
le premier lancement du laboratoire Innéov, joint venture 50/50 entre L'Oréal
et Nestlé, allait être tout simplement colossal. Finalement, c'est avec une
modestie pour la moins surprenante, lorsque l'on connaît les ambitions
mondiales de ses concepteurs, que la nouvelle marque fait ses premiers pas sur
le marché des compléments alimentaires à visée cosmétique. Car, si L'Oréal et
Nestlé sont des habitués de la plus haute marche du podium sur leur marché
respectif, avec Innéov, ils sont en position de challenger face notamment au
laboratoire Oenobiol, leader hexagonal du marché. En autorisant la constitution
d'Innéov en juillet 2002, la commission européenne reconnaissait d'ailleurs
qu'il existait dans ce domaine des concurrences solides. Pour exister face à
ces derniers, Innéov ne pouvait pas se contenter d'un me-too product. Il devait
arriver avec une offre en rupture. Cette rupture a pour nom Innéov Fermeté et
elle prend pied sur le segment le moins développé du marché : la lutte contre
le vieillissement. « Notre objectif n'est pas d'arriver sur le marché avec une
vaste gamme de produits, mais bel et bien de lancer un grand monoproduit qui va
nous permettre de travailler les fondamentaux de la marque et de construire son
image. Le marché du solaire est, par exemple, beaucoup plus banalisé, l'arrivée
d'Innéov sur ce marché aurait été moins surprenante », indique Harold Baseden,
responsable marketing. Et de rappeler que deux millions et demi de boîtes sont
vendues chaque année en France, dont deux tiers pour des produits de bien-être
et un tiers pour des compléments à visée cosmétique. Bref, les consommatrices
n'ont pas attendu l'arrivée d'Innéov pour se laisser séduire par les vertus des
gélules.
Pédagogie et réassurance
Pour les
convaincre, et s'imposer sur le marché qui connaît une croissance de 19 %, mais
qui, aux Etats-Unis, est en retrait de 2,1 %, Innéov doit donc faire la
différence et démontrer sa supériorité via une innovation technologique
facilement compréhensible par le plus grand nombre. C'est donc accompagnée par
un aréopage de médecins, dont les travaux ont été validés par une série
d'études scientifiques, que la marque a été portée sur les fonds baptismaux.
Ces études sont actuellement présentées au corps médical, notamment aux
dermatologues et aux nutritionnistes, qui sont la première cible visée par
Innéov. On leur expliquera en quoi l'association des trois actifs contenus dans
les gélules, qui a fait l'objet d'un brevet déposé conjointement par L'Oréal et
Nestlé, permet de lutter efficacement contre le vieillissement, grâce notamment
à la grande innovation des laboratoires, la biodisponibilité. Derrière ce mot
se cache un concept relativement complexe que l'on pourrait résumer ainsi :
pour que les actifs jouent leur rôle, il faut qu'ils passent la barrière
intestinale sinon ils sont évacués sans aucune action sur la peau, la
biodisponibilité sert donc à mesurer la quantité de forme active que l'on
retrouve dans l'organisme des consommatrices. Des consommatrices qu'Innéov va
chercher à convaincre via une campagne de communication qui devrait être signée
Publicis. Si l'agence planche d'ores et déjà sur différentes pistes créatives,
la communication grand public n'est pas la première priorité d'Innéov. Avant
d'envoyer l'artillerie lourde, la marque doit mener un travail pédagogique de
fond. Auprès du corps médical, bien sûr, auprès de la presse médicale et
pharmaceutique ensuite, mais également de la presse grand public, via notamment
du publi-rédactionnel. Un travail qui doit permettre de lever les différents
freins à la consommation. « En France, le taux de pénétration des compléments
nutritionnels beauté est de 18 % chez les femmes et de 4 % chez les hommes. Une
étude menée auprès de 600 consommatrices nous a permis d'identifier les
craintes et les faiblesses actuelles du marché, poursuit Harold Baseden. Les
consommatrices sont désorientées par l'offre puisqu'il existe, tous produits
confondus, plus de 500 références sur le marché. Elles expriment également des
craintes vis-à-vis du dosage des produits. Enfin, si elles reconnaissent que la
prise de gélule est un geste simple, il n'a pas la dimension plaisir de la
cosméto topique. » Pour lever les doutes et réassurer les consommatrices,
Innéov fait donc le choix du circuit des officines, voire des parapharmacies.
Et suit ainsi la logique du marché puisque 70 % des achats sont effectués en
officine, 20 % en grande distribution et 10 % en VPC et autres circuits. Pour
l'heure, la grande distribution n'est pas concernée pas ce lancement qui vise
des femmes de 40 ans et plus. Bref, une tranche d'âge en pleine explosion
démographique.