Au rugby, les femmes aiment le beau jeu
La police est réputée machiste. Pourtant, c'est le brigadier Fred Delamare, de la brigade des sports à l'école de police de Joinville-le-Pont qui entraîne l'équipe de rugby féminin de Vincennes. Et pour tordre le cou à un autre cliché, l'équipe n'est pas composée de camionneuses en furie qui n'acceptent pas leur sexe.
Traditionnellement, le rugby est un bastion de virilité. En tant qu'ancien joueur, n'avez-vous pas un peu de condescendance pour une équipe féminine ?
Nous vivons dorénavant dans un monde mixte. Y compris
dans la police. Je comprends tout à fait que des femmes puissent prendre
plaisir à jouer au rugby. Mais je sais que les clichés ont la peau dure. C'est
un peu comme la danse pour les garçons. Je me souviens, il n'y a pas si
longtemps au lycée, d'avoir fait croire aux parents d'une amie que nous allions
à la piscine, alors que nous nous entraînions au rugby.
Quelles sont les différences de jeu entre une équipe masculine et une équipe féminine ?
L'impact est évidemment plus fort et plus spectaculaire selon la
taille et le poids. Ce sont des esthétiques différentes. Les hommes ont en
général plus de vice et de violence. Les femmes, elles, trichent beaucoup
moins. Elles s'intéressent davantage aux combinaisons stratégiques qu'au
combat. Elles aiment le beau jeu, alors que les hommes dérivent plus
facilement.
Il y a une grande diversité de corps dans votre équipe. On n'y retrouve pas le formatage caractéristique de la majorité des sports.
Dans le rugby, il y a de la place pour tout le monde. Même
un garçon "bouboule" peut venir jouer pour s'affirmer. C'est un sport de combat
et d'évitement qui accepte tous les gabarits, toutes les ethnies, tous les
milieux sociaux et des âges différents. Certaines filles de mon équipe arrivent
en tailleur de leur travail. Après deux heures d'entraînement, parfois, il vaut
mieux qu'elles aient des collants opaques pour cacher leurs bleus (rires). Le
rugby ne les empêche pas d'être féminines et ne change en rien leur
personnalité. Elles restent exactement comme elles étaient auparavant. Elles
manifestent leur caractère, leur goût de l'engagement, leur sens du respect de
l'adversaire. Car il est moins question de force que de technique.
Et qu'en est-il des fameuses troisièmes mi-temps ?
A
haut niveau, ce n'est pas vraiment conseillé pour la diététique... Mais c'est
une tradition. Il n'y a pas de bonnes équipes sans affectif et relationnel. Au
rugby, il faut devenir une bande de copains ou de copines.