“Flash-mob”,ces manifs éclairs qui en disent long
Ce sont des foules éclairs qui regroupent plusieurs centaines de personnes anonymes pour accomplir une action dénuée de sens et disparaître aussitôt.
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Paris, dimanche 21 septembre 2003. Plusieurs centaines de personnes
investissent, durant cinq minutes, le parvis de Notre-Dame à l'occasion du
troisième “flash-mob” ou rassemblement éclair. Contactés par Internet, les
participants se sont mêlés aux touristes. A 18 h 10 précises, ils se sont
accroupis et ont dessiné à la craie sur les dalles du parvis, sous l'œil étonné
des passants. Deux minutes après, ils se sont donné la main et ont formé un
grand cercle autour du parvis. A 18 h 15, lorsque les cloches de Notre-Dame
ont résonné, les “flash-mobers” se sont bouchés les oreilles en criant et ont
quitté les lieux. Le phénomène nous vient de New York où les premières
“flash-mob” ont débuté au mois de juin dernier pour s'étendre aux grandes
villes américaines puis canadiennes, comme Toronto, et européennes : Rome,
Paris, Dijon, Toulouse, Rennes, Rouen, Nantes… En trois mois, des milliers de
“villageois mondiaux” ont imité des cris d'animaux à Central Park, mangé des
fruits et légumes à Vienne, et tourné autour du pot doré de Jean-Pierre Raynaud
à Paris, en ouvrant et en fermant leur parapluie alors qu'il ne pleuvait pas…
De prime abord, l'affaire est futile, médiatique, gratuite et pourrait sembler
insignifiante si, de par son caractère totalement inédit, collectif et
multiforme, elle ne retenait déjà l'attention. Howard Rheingold, auteur du
livre “smart Mobs : The next social revolution”, y voit déjà l'embryon d'une
forme d'activisme politique s'aidant des NTIC. D'autres estiment que ces
“flash-mob” permettent à des internautes appartenant à des communautés
virtuelles de pouvoir se rencontrer dans le monde réel. D'un point de vue
artistique, ces happenings collectifs en valent bien d'autres. Tout comme cette
énergie de l'inutile et de l'acte gratuit qui confert à ces manifs une
dimension poétique. Alors, nouvelle forme de militantisme ? Pour l'instant les
manifestants ne revendiquent rien. Symptôme d'une société perturbée ? Après
tout, se réunir pour rien, juste pour se réunir, peut aussi sembler aussi
rafraîchissant que rigolo. Et si les “flash-mob” n'étaient qu'une des multiples
démonstrations de la puissance virale et créative d'un Internet qui n'a
probablement pas fini de surprendre…