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Workoholic

"Drogué du travail" en phase de désintoxication, Yves Poll aime entreprendre et faire fonctionner les hommes ensemble. Après la Belgique, il s'attache maintenant à recréer un nouveau groupe en France.

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«J'étais un très mauvais étudiant, horriblement paresseux. J'apprenais plus à jouer au bridge », se souvient celui qui préside aujourd'hui Wegener Direct Marketing France. A l'époque, le jeune Yves Poll ne se passionne pas pour ses études d'ingénieur en construction. Ce manque d'intérêt le pousse même à faire un break : il part deux ans au Congo pour enseigner, aux jeunes filles du pays, les maths et la physique. Il y apprend beaucoup de choses sur le plan humain : à faire confiance aux gens et à se débrouiller tout seul. Revenu plus mature de cette expérience, il repart terminer ses chères études. Première expérience professionnelle : une société d'informatique, qui fait faillite un an après. Il décide alors - nous sommes en 1975 -, de se lancer en indépendant. Le siège social de la société, qui s'appelle déjà Sopres, se trouve dans son appartement de jeune marié et son bureau dans la cuisine. S'il ne gagne pas d'argent tout de suite, il apprend à tout faire tout seul : la comptabilité, le commercial... « Même si j'étais moins bon en tout, j'étais capable de parler de tout dans une entreprise. » En 10 ans, la société passe de 1 à 15 personnes et se concentre sur une application de l'informatique : le marketing direct, ce qui était peu courant à l'époque. Les gens évoluant dans ce secteur venaient plutôt du routage ou des fichiers. La stratégie mise en place consiste à limiter le métier de Sopres à ce qui a trait au marketing direct, à l'informatique, au B to C, et uniquement en Belgique. « J'y ai mis toute mon énergie, explique-t-il. Mon hobby, c'est le travail. J'ai eu la chance de trouver du plaisir dans mon travail ou plutôt je me suis arrangé pour en trouver. » Ce que lui plaît avant tout dans sa vie professionnelle : engager des gens avec lesquels il se sent bien, et les réunir autour d'un projet. Il avoue détester le conflit, et préférer le consensus. Mais dans la vie d'un chef d'entreprise, n'y a-t-il pas des arbitrages difficiles à rendre ? « Je n'aime pas imposer. Je préfère que ce soit la personne elle-même qui prenne la décision. » En 1997, un tournant s'opère : Sopres Belgique est revendue par étapes au groupe hollandais Wegener, Yves Poll n'en possède plus que 10 %. Il se lance alors un nouveau défi, et propose au groupe de créer Wegener en France, autour de la première filiale Altria (ex-Sopres France). Mais, depuis cette nouvelle étape, il souhaite « décrocher » et travailler moins. Pour preuve : depuis le 1er janvier dernier, il ne travaille plus qu'aux 4/5e et prend une semaine de congé par mois. Alors, comment va-t-il occuper cette nouvelle plage de liberté ? En voyageant. Il est membre fondateur de la section belge du "Club International des grands voyageurs", regroupant des personnes ayant visité plus de 50 pays. Mais ce qu'il aime dans le voyage, c'est découvrir des pays qu'il a vu dans Paris Match plutôt que dans les livres d'histoire. Et aussi, en prenant le temps de prendre du temps... Il semble un peu dérouté par cette nouvelle orientation : « J'ai mis 27 ans à apprendre à travailler, alors laissez-moi le temps de désapprendre... » Quoiqu'il en soit, il estime sa tâche en France limitée dans le temps, et d'ici 4 à 5 ans, le groupe Wegener Direct Marketing France devrait être entièrement dirigé par des Français. « Je suis meilleur pour créer et monter des sociétés, appuie-t-il. Mais moins compétent pour la gestion. Et, lorsque la routine s'installe, cela m'amuse moins. » Avec ses nouveaux chantiers français, Yves Poll passe désormais la moitié de son temps à Paris. Habitant en Belgique, il est un adepte du Thalys de 7 h 10, qui le mène à Paris à 8 h 35. Là aussi, il semble qu'il n'ait pas une minute à perdre : « 1 h 25 de train, c'est 1 h 25 de travail. » Quant à ses goûts et intérêts en dehors du travail, on n'en saura pas beaucoup plus. Il semble avoir trouvé son plein épanouissement dans sa vie professionnelle. « Ce qui me passionne, ce sont les hommes... et les femmes. »

Parcours


56 ans, 3 enfants : une fille statisticienne, ingénieur en mathématiques appliquées, un fils ingénieur informaticien et le troisième informaticien. 1975 : création de Sopres en Belgique. 1993 : création de Sopres France devenue Altria. 1997 : revente de Sopres Belgique par étapes à Wegener. 2001 : création de Wegener Direct Marketing France.

Sophie Mensior

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