Tout sur ma gloire !
Depuis la fabuleuse revente d'iFrance, Marc Simoncini fait encore couler de l'encre. Et pour cause : trois mois après le lancement de Meetic, son nouveau site de rencontres, le voilà plongé dans le récit de son incroyable aventure capitalistique. Focus sur le parcours d'un meneur de projets très pragmatique, devenu entreprenaute presque mythique.
Enfant, Marc Simoncini rêvait de passer sa vie à lire. Aujourd'hui, à 40
ans, il prend le temps de l'écrire, sa vie : celle d'un doux rêveur, selon ses
parents, devenu "start-upper" notoire. Et fortuné. Bosseur dans l'âme, surtout
pas pour la gloire, mais plutôt par besoin inné - « Je ne suis pas taillé pour
recevoir des ordres » -, et par goût aussi - « J'aime prendre en main les
situations et les mener là où je veux ». Il entretenait, jusqu'en 2000, un
business tout ce qu'il y a de plus classique : un projet simple dans la
télématique, avec des hommes, l'Ursaff à payer, les soucis à gérer. L'évolution
de l'affaire suivant celle des technologies, dès 1998, il migre son activité
vers le Web, naturellement et sans fascination pour le média. Puis en 2000 -
boom de l'Internet oblige -, tout bascule vers des profits inespérés. La
petite iFrance, lancée en 1989, qui héberge des pages persos, voit soudain
grimper sa cote auprès des grands de ce monde... Qui se l'arrachent pour 192
millions d'euros afin de structurer Vizzavi, le portail Internet de Vivendi.
Seul regret du fondateur : « Avoir gardé mes actions Vivendi. » IFrance
valait-elle ce montant ? « C'est la loi de l'offre et de la demande »,
argumente-t-il, un rien désabusé. La recette de son succès ? « Une bonne dose
d'inconscience », aime-t-il plaider. Surtout un supplément de bons sens. Un
soupçon de chance aussi. « Soudain, tout le monde voulait de l'Internet et moi,
j'étais dans le on line depuis 20 ans. Je me suis simplement trouvé au bon
endroit, au bon moment. » Héros malgré lui ! Elle lui est chère cette image de
prosaïque sans mérite glorifié par de naïfs relais médiatiques adulateurs des
"Forest Gump" de l'Internet ! Mais, s'il se rit des paillettes que la presse
lui colle à la peau, il n'oublie pas d'en tirer son parti. « Mon image est un
outil parmi d'autres. » Pour accompagner le lancement de Meetic, le start-upper
retrouve avec aisance la Une des manchettes, et le chemin des plateaux télé.
Son nouveau défi ? Prouver qu'un positionnement C to C en ligne, payant de
surcroît, est un modèle économique viable. « Aux Etats-Unis, le Web est la
première cause de remariage et la France compte 14 millions de célibataires. »
C'est donc sur le marché des coeurs solitaires, créneau où, à son goût, tous
les modèles existants « empestent la naphtaline », qu'il compte désormais
s'imposer « leader de la rencontre ». Pour le meilleur ou pour le pire.