TANDEM
Que ce soit aux commandes de I'agence CRM Company avec son acolyte Pascal Dosselin ou quand il se pique d'art contemporain aux cotes de son épouse Anne-Caroline, Bertrand Frey exprime ses talents en duo. Son jardin secret? La culture des rosiers.
Je m'abonne- Quand on interroge Bertrand Frey sur son parcours, il ne peut s'empêcher de citer lmmédiatement Pascal Dosselin. Rencontres sur les bancs de l'ESC Rouen, les compères se sont associes a la sortie de l'école et cheminent ensemble depuis plus de 20 ans. Pour les 40 ans de Bertrand Frey, qui en a aujourd'hui 43, ses copains ont prépare une fausse Une du quotidien Les Echos en titrant: «Comme il y a eu Jacob et Delafon, il y a Frey et Dosselin». Impossible de saisir l'un sans connaître l'autre.
LA FIBRE ENTREPRENEURIALE
Ce que le codirigeant de CRM Company aime avant tout, c'est entreprendre. A peine sorti de l'ESC, il refuse de céder aux sirènes des grandes sociétés - oil il a par ailleurs effectué de longs stages au cours de ses études - par peur de rester «cantonne» dans un domaine et de n'avoir trop longtemps «qu'une vision parcellaire de l'entreprise». Ce que veut ce touche-à-tout, c'est au contraire mettre les mains dans le cambouis et s'attaquer aux problématiques marketing mais aussi aux finances, aux ressources humaines, etc. Et c'est ce qu'il fait en créant sa première boite, I'agence de conseil en communication Stratelite, avec Pascal Dosselin. Cette «première période», comme il dit, dure de 1989 a 1999. Pendant dix ans, les deux partenaires développent une des premières agences de marketing services. En 1999, à bout de souffle, lIs décident de vendre, ayant atteint ce qu'ils appellent «le plafond de verre». Comprenez la taille critique, ou le semi, au-delà duquel une agence indépendante ne peut plus croître.
Bertrand Frey «sent» révolution de son environnement. Fan d'art contemporain, il ne se contente pas d'en être le spectateur: ce qu'il aime c'est dénicher des artistes et les soutenir en organisant des expositions. Pour ce père de famille a la tête d'une tribu recomposée de sept enfants (de 5 a 18 ans), être dans l'action est primordial.
Cote technologie, à la veille de l'an 2000, il flaire la future suprématie du Web. Stratelite est cédée à Fi System, la web agency française de l'époque! Bertrand Frey et Pascal Dosselin continuent deux ans en tant que salaries du groupe, une façons pour eux de plonger dans le bain de l'lnternet. «J'ai aime cette période un peu «fofolle»pour son vent d'optimisme. Les gens étaient enthousiastes, le ton léger. II y avait certes beaucoup d'irréalisme et d'insouciance mais aussi pas mal de poésie.» Cependant, a l'étroit dans leur costume de salaries et convaincus que malgré l'explosion de la Bulle, Internet est un média d'avenir qui bouleverse profondément les schémas relationnels, les deux complices se jettent une nouvelle fois à l'eau.
Passionné d'art contemporain Bertrand visite des ateliers à New York, ici en compagnie de Charlelie Couture.
Sculptures de Pierre-Marie Lejeune.
UN TEMPS D'AVANCE
lls créent CRM Company, leur nouvelle agence au nom prémonitoire, qui fait des envieux aujourd'hui. Nous sommes fin 2001, et d'aucuns croient alors l'lnternet a terre. Bertrand Frey et Pascal Dosselin ne suivent que leur instinct et parient sur ce qui va devenir un véritable modèle économique: un concept d'agence de communication qui, en intégrant la technologie, autorise l'exploitation des bases de données et s'offre le luxe de se faire rémunérer a la performance. Dans le mille! Forte de ses trois pôles (conseil, création, technologie), l'agence croit à vitesse grand V, attire des marques prestigieuses et atteint... le fameux plafond de verre.
L'homme du marketing aime l'efficacité des campagnes. Et quand il parle d'efficacité, il parle de vente, de chiffre d'affaires, de marge brute. II ne cherche pas une idée pour une idée. Concret, droit dans ses bottes, Bertrand Frey aime contribuer au succès de ses clients. «Une belle campagne n'est bonne que si elle fait vendre», affirme-t-il sans détour. Son plaisir est de voir «passer» une offre. Car le contraire est frustrant. II faut que les choses avancent. C'est aussi ce qui le pousse dans la gestion de son agence. Cette fois, au lieu de vendre CRM Company, les deux dirigeants ont choisi d'accompagner sa croissance. Cine introduction en bourse plus tard, l'agence rachète NDC & Associes, Singapour puis Megalo(s), emploie 200 collaborateurs, génère 14 millions d'euros de marge brute.
UN MANAGER A VISAGE HUMAIN
L'an dernier, alors que CRM Company a beaucoup investi, la crise frappe. Ces annonceurs décalent les budgets, en annulent certains. Alors qu'il se dit dote de deux cerveaux, un à gauche et un à droite, Bertrand Frey prend la parole. Explique a ses collaborateurs la réduction des effectifs. Doue la transparence: on sacrifie une partie des postes pour en sauver la majorité... et l'agence. II s'avoue fatigue, nerveusement éprouve, stresse de gérer une structure «qui descends, mais fourmille d'idées. A l'heure ou il «stabilise» son entreprise, il ne pense qu'à ça: une plateforme on line de programmes d'accompagnement des consommateurs dédiée a la santé, au confluent du Web, du marketing relationnel et de la data. Un projet qui pourrait bien modifier très fortement le développement de CRM Company... Action, quand tu nous tiens!
CE QU'IL AIME...
- L'art contemporain
PEINTURE, SCULPTURE, PHOTO. IL EPAULE SON EPOUSE DANS L'ANIMATION D'ART VALLEY, CLUB DE COLLECTIONNEURS PRIVES ET RESIDENCE D'ARTISTES AU CHATEAU DE LARCAY, EN TOURAINE.
-Le sport
LE TENNIS. ET LA COURSE, MAIS DE PREFERENCE POUR SE PERDRE AU FOND DES BOIS.
La nature
LES ROSIERS, LES GRANDS ESPACES. IL QUITTE PARIS CHAQUE WEEK-END POUR SE RESSOURCER A LA CAMPAGNE.