Suivre la bonne méthode
Votre meilleur atout pour faire parler vos données efficacement sera la méthode : point de magie dans la statistique ! Mais de la rigueur et du planning. Accordez-vous le temps nécessaire pour mieux comprendre vos clients. Les bénéfices du travail de votre fichier ne seront pas immédiats : si vous respectez les étapes du travail de la donnée, vous transformez vos informations en connaissance client.
Je m'abonne1Définir ses objectifs
Qui sont mes clients ?
C'est en général à partir de cette première interrogation qu'une société
démarre le travail de son fichier. Faire parler les données, cela signifie déjà
avoir accès à un vrai tableau de votre activité commerciale. Si vous êtes plus
avancés dans le travail de votre BDD, l'objectif de départ devra être affiné,
et se fera souvent l'écho d'une problématique rencontrée sur le terrain, lors
de campagnes de relance par exemple. Où se trouvent mes principales zones de
trafic ? Quel est le comportement de mes segments de clients ? Comment savoir à
quel moment et à quel type de clients proposer des ventes croisées ? Comment
anticiper le départ de mes clients ? Est-ce que je n'oublie pas d'adresser
certains de mes clients ? En fonction de vos interrogations, diverses
techniques seront utilisées : de la statistique descriptive si vous avez
besoin d'un état des lieux de votre clientèle; de l'analyse de données pour
établir une segmentation de votre base - la plus courante étant la segmentation
RFM, Récence Fréquence Montant - ou encore du data mining pour des demandes
concernant l'anticipation du comportement client.
2Vérifiez l'existant
“J'aimerais bien rendre pertinentes les informations
dont je dispose, mais j'en ai peu”. Halte au complexe de la donnée ! Même avec
des informations peu nombreuses, vous pourrez commencer à faire des croisements
simples qui vous permettront de tirer de grands enseignements comme le type de
produits achetés par votre clientèle, à quelle fréquence et pour quels
montants. Votre analyse va se baser sur un échantillon de votre fichier :
choisissez les clients sur lesquels vous avez le plus d'informations, issues
parfois uniquement de la base de gestion. De toutes façons, le premier travail
d'une analyse va consister justement à étoffer les données.
3Nettoyez votre base
Vous allez devoir prendre le temps
d'épurer votre base. Il vous faut d'abord vérifier qu'elle ne comporte pas de
doublons. Il peut arriver, par exemple, que votre client ne soit pas identifié
de la même manière en fonction des canaux d'achat qu'il a choisis ou des
contacts qu'il a eus avec votre marque. Parfois, une petite faute de saisie
dans le nom de votre client a généré une nouvelle fiche. Il faut avant toute
action d'analyse que vous soyez assurés que toutes les informations de M. X
sont raccordées à lui et à lui seul. Dans ce temps de préparation, n'oubliez
pas également, si cela n'est pas déjà fait, de normaliser vos adresses. Enfin,
vérifiez aussi que l'historique de votre base est sensé : n'y a-t-il pas de
“trou” dans vos données ? Etes-vous sûr que vous disposez bien du même niveau
d'information sur la dernière année de M. X ? Ce prétravail de traitement de
votre BDD est essentiel : vous vous exposez sinon à des interprétations
faussées.
4Auditez vos données
Vous avez désormais
une base saine. Mais vous pouvez encore l'améliorer un peu ! N'hésitez pas à
améliorer votre base, soit pour compléter vos données, soit pour les enrichir.
Il vous manque par exemple des indications d'âge ? Avec le scoring du prénom,
vous pourrez compléter approximativement le champ “âge” de votre fichier. En
2005, une Paulette a plus de chance d'avoir 70 ans que 30. Vous pouvez aussi
enrichir vos données avec des informations externes à la base : il peut s'agir,
par exemple, de données subjectives, issues d'une enquête que vous avez menée
sur la perception de votre marque.
5Fignolez votre canevas de données
Au cours des quatre premières étapes de préparation, vous
avez donné du corps à vos données : vous les avez rendues accessibles et vous
les avez enrichies. Il est temps désormais de finaliser la maquette de votre
clientèle. Un fichier d'études va être créé, rassemblant toutes les données de
l'échantillon choisi. Le temps de préparation peut vous paraître très long par
rapport à la démarche globale d'une analyse : parfois plus de la moitié du
temps global sera consacré à la préparation des données et à la constitution du
fichier d'études.
6Entourez-vous des compétences adéquates
Pour le tout premier niveau d'exploration de vos données
clients, celui qui consiste à établir une vue réelle de votre clientèle, il est
possible de le mener soi-même… à condition bien sûr d'avoir une certaine
attirance pour la statistique et de pouvoir y consacrer du temps. Rapidement
cependant, l'embauche d'un analyste ou l'appel à un prestataire s'impose.
Pendant le travail de nettoyage et d'optimisation de votre base, la question
s'est certainement déjà posée : la normalisation d'adresses est en effet un
travail réservé à des connaisseurs. Pour être capable de mener des analyses
fiables, mieux vaut disposer d'une formation initiale longue en mathématiques
et statistiques. De plus, même si les logiciels nécessaires se veulent de plus
en plus accessibles aux utilisateurs finaux, leur utilisation reste réservé à
un public averti. Et comme les principaux outils du marché, SPSS et SAS, ne
reposent pas sur les mêmes principes, il faut souvent s'équiper des deux… et
des compétences humaines correspondantes.
7Mode d'emploi d'une analyse
Concrètement, comment va se passer une analyse du fichier,
visant par exemple à segmenter les clients ? Un vépéciste B to B souhaite en
savoir plus sur ses clients internautes. En fonction des critères de
segmentation choisis, comme le montant des commandes, le temps passé sur le
site, la fréquence d'achat, et le parrainage de nouveaux acheteurs, une
typologie de clients est établie progressivement. Un groupe d'ultra-fidèles est
identifié avec parmi eux les “solitaires”, qui ne font jamais la promotion de
la marque, et les “prescripteurs” qui n'hésitent pas à utiliser le formulaire
de parrainage pour inciter leurs connaissances à venir tester l'achat en ligne.
Afin de vous assurer de la pertinence de l'analyse réalisée, n'oubliez pas de
vérifier les résultats sur le terrain: appliquez le modèle trouvé sur toute
votre base et vérifiez si les gros clients identifiés “en théorie” sont les
mêmes que les clients réels. Ces vérifications et allers-retours ne devraient
pas être négligés car votre objectif est de déployer, suite à l'analyse, des
actions marketing adéquates.
8Agissez en conséquence
Une analyse réussie a en effet un impact direct sur les réflexes marketing.
Dans le cas de la segmentation réalisée pour le vépéciste B to B, les mailings
de parrainage seront désormais adressés uniquement aux “prescripteurs”, dans le
même temps récompensés pour leur fidélité à la marque par une offre de
réduction spécifique. Les “solitaires” identifiés seront, de leur côté,
essentiellement incités à découvrir de nouveaux produits, en insistant sur leur
statut de clients privilégiés et uniques. Bien sûr, cette évolution dans
l'approche client devra être faite en accord avec les équipes terrain. Il est
d'ailleurs fortement recommandé d'associer les équipes MD et commerciales très
en amont, afin de définir, par exemple, leurs besoins de connaissance client.
Un travail d'analyse ne doit jamais être perçu comme un palliatif, mais bien
comme un apport supplémentaire à l'expertise client terrain. Ne négligez pas
cet aspect des choses : remettre en cause une segmentation utilisée
intuitivement depuis des années peut froisser des susceptibilités.