Quand les coiffeurs découvrent la VPC
Si, dès la création de son entreprise en mars 2000, Marcel Vidal avait pour
objectif de développer la vente par correspondance auprès des coiffeurs en leur
fournissant un catalogue de produits et de matériels professionnels, il a tout
d'abord installé un point de vente traditionnel afin de se familiariser aux
pratiques de la profession. En s'adressant, dans un premier temps, aux salons
locaux. Persuadé du bien-fondé de son idée, il savait qu'il bénéficierait de
toute l'infrastructure nécessaire par la suite, sachant qu'il comptait
développer son activité sur la ville de Lille qui, comme chacun sait, est
située au coeur d'une région bien connue pour son savoir-faire VPC. Il avait
déjà identifié à quelle porte frapper pour trouver les compétences extérieures,
qu'il s'agisse d'agences pour la définition de la charte du catalogue,
d'imprimeurs pour sa fabrication ou de prestataires logistiques pour les
envois. En revanche, le monde de la coiffure lui était inconnu. « Nous avons
démarré à trois personnes. Je me suis entouré d'une coiffeuse et d'un
commercial. Nous avons effectué une sorte de veille sur le terrain pendant un
an et demi avant de lancer notre premier catalogue en septembre 2001 », indique
le gérant d'Elistyl. Il suit dans un premier temps des stages de formation chez
les fournisseurs et réussit ainsi à tisser des relations avec les plus gros
laboratoires du secteur, à savoir L'Oréal Professionnel, Wella, Schwartzkopf et
Eugène Perma, qui à eux quatre détiennent environ 80 % du marché de la
fourniture professionnelle. Dans ce secteur d'activité, la vente se fait
traditionnellement en direct pour les grosses commandes et par l'intermédiaire
de grossistes pour les autres.
Chaque salon de
coiffure a tendance à privilégier une seule des quatre marques, afin de pouvoir
bénéficier d'avantages commerciaux. Le phénomène de concentration des
coiffeurs, apparu avec la montée en puissance des chaînes, a eu pour
conséquence un rapprochement des distributeurs qui sont passés d'une dimension
régionale à une dimension nationale. Reste que la vente continue à se faire de
manière traditionnelle par l'intermédiaire de commerciaux qui vont sur le
terrain démarcher leurs clients. Lorsque les salons se trouvent en rupture de
stocks sur quelques produits, ils ont la possibilité d'aller s'approvisionner
dans des magasins entrepôts non loin de chez eux. Dans ce contexte, aucune
activité de vente par correspondance n'avait encore essayé de percer.
Un marché à prendre
Il y a bien, depuis quelques
années, des mailings envoyés par certains distributeurs sur lesquels
apparaissent des listes de produits ainsi que des promotions. Mais rien qui
s'apparente vraiment à un catalogue. Il y avait donc un marché à prendre.
Elistyl commence à le conquérir avec succès. « Nous en sommes au troisième
catalogue et en sortons un nouveau en septembre. Nous sommes passés de 32 à 48
pages et de 1 200 à 1 500 références », se félicite Marcel Vidal. L'équipe
s'est étoffée d'un comptable et de deux commerciaux sédentaires. L'expérience
de la vente en magasin sur la ville de Lille a permis à Marcel Vidal de se
faire accepter par les fournisseurs. « Le ticket d'entrée est cher,
explique-t-il. Pour chaque fournisseur, la première commande doit être
supérieure à 30 000 euros et payée comptant. » Pour la famille Vidal, le risque
était gros sachant qu'elle n'avait bénéficié d'aucune aide financière. Après
avoir réalisé un chiffre d'affaires de 244 000 euros en 2001, quatre mois
seulement après avoir démarré l'activité, Elistyl pense atteindre en 2002 plus
de 763 000 euros de chiffre d'affaires, à raison de trois catalogues envoyés en
un an aux 52 700 salons de coiffure en activité dans l'Hexagone. L'entreprise
de Marcel Vidal peut déjà se targuer de compter plus de 2 000 clients répartis
sur toute la France. En plus du magasin, Elistyl dispose aujourd'hui d'un
entrepôt de 500 m2, toujours à Lille, avec un stock d'une valeur de 152 000
euros. Depuis, une levée de fonds a été opérée auprès de la société de capital
risque Nord Création, qui est entrée dans le capital. Un coup de pouce qui a
permis le lancement du troisième catalogue et un investissement en équipement
informatique, en l'occurrence un progiciel spécialisé dans la VPC. « Au départ,
notre informatique nous permettait juste d'effectuer la gestion commerciale et
celle du magasin. Dorénavant, nous pouvons également traiter les actions
marketing », précise Marcel Vidal.