Nouvelles Frontières mouille le maillot pour ses clients
La scène se passe dans le hall d'accueil du siège de Nouvelles Frontières,
avenue de Grenelle, le jour de l'interview de Michel Bré, le directeur de la
communication du voyagiste. Un jeune couple demande à voir la responsable du
service de ventes aux enchères du site web, pour lui faire part de son
mécontentement sur le principe de fonctionnement du service. Les deux amoureux
ont de quoi être déçus, un week-end romantique à Rome vient de leur filer sous
le nez, faute d'avoir pu surenchérir les derniers. Leurs reproches concernent
une information qui leur a été communiquée à la fin de l'enchère et qu'ils ont
mal interprétée, se retrouvant ainsi plantés à Paris à 48 heures du week-end.
Du côté de Nouvelle Frontières, on compatit au désarroi des jeunes gens, on
propose une solution de rechange, à Venise, mais à un prix plus élevé. Alors
forcément du côté des tourtereaux, on hésite. Surgit alors Michel Bré, qui
s'enquiert spontanément du problème. Et en deux coups de cuillères à pot, leur
offre l'aller-retour Paris-Venise au prix du Paris-Rome perdu, non sans leur
avoir rappelé les règles du jeu appliquées sur le site. Cet impromptu
réjouissant, mais au combien "one-to-onien", décrit à lui seul le soin
particulier avec lequel Nouvelles Frontières traite ses clients. Michel Bré
aurait voulu nous persuader des bien-fondés de ses arguments qu'il n'aurait pu
trouver mieux. Reste à savoir s'il aurait agi de même en notre absenc... Les
applications concrètes de la démarche one-to-one adoptée par Nouvelles
Frontières sont relativement récentes. Le tour-opérateur ne s'est doté d'une
base de données qualifiée qu'à partir de 1995, et encore n'a-t-elle été rendue
opérationnelle qu'en 1996. « Aujourd'hui, cette base compte 8 millions de
clients et les informations répertoriées y sont de trois ordres : les
réclamations, l'historique des opérations marketing envoyées aux clients, et le
suivi des réponses apportées par les services clients de l'entreprise »,
poursuit Michel Bré. C'est en fait sur la société J'y Vais, filiale du groupe,
que Nouvelles Frontières s'est fait la main, en instaurant notamment un service
courrier répondant systématiquement et de façon personnalisée à toute
réclamation ou demande d'information. « Cette filiale a servi de laboratoire
pour l'élaboration de notre stratégie one-to-one. Nous avons supprimé les
courriers stéréotypés, créé un service de 15 rédacteurs, et Jacques Maillot
comme moi-même répondons personnellement aux lettres qui nous sont adressées. »
Sur sa base de données, Nouvelles Frontières travaille environ 250 000
familles, soit 700 000 clients parmi lesquels deux catégories sont privilégiées
par NF : les 200 000 détenteurs de la carte de fidélité Initiale, attribuée
selon des critères RFM à partir d'un questionnaire (un client Initial est un
client qui réalise sur trois ans trois achats d'un montant minimum de 4 000 F),
et les bons clients que l'entreprise incite à devenir porteurs de la carte (200
000 également). Mais, depuis un an, le support sur lequel Nouvelles Frontières
fonde ses plus gros espoirs est son site Internet. Le groupe y a investi 10 MF
ces trois dernières années et a réalisé un CA de 150 MF en ligne en 1999.
Rénové au début du mois, le site contient deux services qui permettent à
Nouvelles Frontières de connaître les clients qui s'y rendent. Le premier est
la rubrique Club, où l'entreprise demande à l'internaute de lui laisser un
minimum d'informations. Le Club compte aujourd'hui 50 000 personnes. Le second
espace d'information est le service de ventes aux enchères. Il reçoit en
moyenne 50 à 70 000 participants par semaine, le serveur pouvant supporter
jusqu'à 120 000 joueurs par jours. La prochaine étape pour le site consiste à
créer un forum des "globe trotteurs", afin d'offrir aux internautes un espace
où ils pourront dialoguer.