Nippon Mania
Dans sa start-up située au coeur du 7eme arrondissement de Paris, seules
ses collaboratrices évoquent la dimension nippone de l'entreprise. « Le Japon
n'est pas exactement une passion. » Plutôt une spécialisation. Celle de ses
études de droit international qui s'achèvent par deux années chez Roussel-Uclaf
Japon, puis celle de sa carrière de manager aux Galeries Lafayette. Dix ans de
développement de la clientèle asiatique, de marketing relationnel oriental dopé
par l'arrivée d'Internet, « le média qui gomme les frontières », cela façonne
l'envie d'entreprendre. Dès 1999, au fond d'un bureau haussmannien, le germe de
Parissmooz fermente : difficile d'y renoncer. Quitte à se lancer, post-e-crack
2000, sans le soutien des Galeries qui jugent « trop déluré » ce projet de
city-guide japonisant. « L'idée d'organiser le shopping des touristes nippons a
séduit les marques de luxe, toujours en quête de visibilité auprès de cette
cible. » La cible, celle des "Office Ladies", jeunes femmes actives, 20-35 ans
à fort potentiel budgétaire, est en ligne de mire. Mais, pour développer un
business de co-branding des pages du site avec les marques de luxe, Parissmooz
devait avant tout prouver sa pertinence au Japon. Or, les moyens financiers
étaient modestes, le marché des dotcoms en plein retournement. Ne surtout pas
baisser les bras ! Nathalie Omori est une âme forte : « Quand on manque
d'argent, il faut redoubler d'idées ». Un an de poussées créatives.
Aujourd'hui, le site couvre 80 % de la cible. Soulagée, la dirigeante peut
enfin relever "la tête du guidon", et livrer quelques réflexions : « Au final,
on se rend compte que l'amélioration des visites sur le site tient à peu de
choses : la segmentation initiale, son architecture CRM et, surtout, la
correcte exploitation des données récoltées. » Simples et efficaces, ces
règles sont pour elle le gage du plein succès escompté pour 2002. « Le site
couvrira 100 % de la cible », promet-elle. Soit 300 000 "Office Ladies" en
route pour Paris via Parissmooz. Quant à parier sur l'avenir de son business
model, Nathalie Omori reste prudente : « Pendant les trois premiers mois
d'activité, chaque jour aurait pu être le dernier ». Elle en tire la leçon que
« sur Internet, rien n'est acquis définitivement. » Ses futurs challenges ? «
Poursuivre sans relâche l'amélioration du site, agréger les savoirs
transculturels afin d'évoluer en phase avec les attentes des internautes. » On
lui fait confiance.