Mystique et réaliste
Depuis son entrée chez Cortex à la fin des années 80 jusqu'à son poste chez Bertelsmann Services, Philippe Clogenson a vu se transformer tout un secteur de l'économie. Il n'en a pas perdu son âme pour autant.
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Il revient de vacances, bronzé. Sur son bureau de la Place Vendôme,
l'éternel portable, le PDA connecté et, un peu plus loin, un souvenir de son
passé de chef des ventes chez Xerox. Un presse-papiers représentant ces
marguerites qui équipaient certaines imprimantes. Un outil pour imprimer un
message. Le marketing direct n'est pas loin. Philippe Clogenson a 43 ans, et il
a connu la grande époque du marketing direct. Les années 80, celles des grands
anciens. Les Daniel Dusang, Jean-Paul Raynaud, Jack Chopin... Il fait le point.
« J'ai suivi l'évolution du marché. Au début, le monde du MD était celui de
sociétés familiales, montées par des autodidactes. Puis, j'ai vu l'arrivée des
financiers, celle des SSI et, enfin, les grands groupes industriels. » Diplômé
de l'Ipag, c'est par le biais d'un mémoire de fin de stage, passé chez American
Express, qu'il a connu le marketing direct. Il a parcouru les allées de la
SIMD, au début des années 80, pour finalement entrer, quelques années plus
tard, comme directeur commercial chez Cortex, société pionnière dans la
logistique du MD. Puis, c'est Axime Direct, qui deviendra Koba. Il y sera
directeur de marché, recruté par Pascal Bono en 1995. Mais, déjà, la profession
change, les financiers s'emparent de la plupart des sociétés historiques du MD,
notamment Marceau Investissement avec Bottin. Quelques années plus tard, c'est
au tour des SSI de s'implanter sur ce marché. SG2 rachète Sysmark, Axime
fusionne avec Sligos... Aujourd'hui, directeur général développement chez
Bertelsmann Services, il observe ce monde transformé, concentré. Fini les
pionniers, actuellement, ce sont les grands groupes qui le dominent. Avec une
culture industrielle. Il voit aussi le repositionnement des agences. « Les
rôles se redistribuent. Les agences subissent la pression en aval des SSI qui
s'occupent de création. En amont, ce sont les cabinets de conseil qui abordent
le MD au travers de la relation client. » Selon lui, les annonceurs approchent
le CRM de manière pragmatique. Fini le tout technologique. « Le client
recherche la société qui va régler son problème de relation au jour le jour,
celle qui mettra les mains dans le cambouis. » Il cite comme exemple UGC et sa
carte de fidélisation. « Ils auraient pu aller voir une agence et aborder le
problème par la création. En fait, ils ont d'abord pensé à gérer au quotidien
la relation client. Ils n'ont pas abordé ce problème par la technologie. » Les
choses ont donc changé. Le marché est dirigé par des industriels, des managers
qui connaissent le ticket d'entrée important du secteur de la relation client.
Mais, derrière l'apparence du business executive affairé, le regard étonné de
Philippe Clogenson laisse apparaître un ailleurs, un mystère. Sa passion pour
la voile d'abord, découverte à travers la course de l'Edhec en 1982 et 1983. Il
était chargé de rechercher des sponsors pour le bateau représentant son école
de commerce. Mais, surtout, sa foi catholique, réaffirmée il y a dix-sept ans,
après l'intervention d'une femme à la messe. « Elle nous a dit qu'elle vivait
l'Evangile au quotidien et elle nous a invité à des réunions de catéchèse pour
adultes. Je me suis dit : pourquoi pas ? » Depuis, il fait partie du Chemin
néo-catéchuménal. Un mouvement créé en 1962 par un peintre espagnol, présent
dans 80 pays dans le monde et regroupant un million de croyants de toutes
origines. Selon lui, « ce ne sont pas les sacrements qui attirent les gens. En
revanche, s'ils voient deux personnes très différentes témoigner de leur foi et
arriver à cheminer ensemble, ils se disent "là, il y a quelque chose". » Deux
fois par semaine, les membres de son groupe se rassemblent pour témoigner de
leur foi et redécouvrir les origines du christianisme. Et Philippe Clogenson de
conclure, « quand on remplit un CV, il y a souvent une rubrique "Autres
activités". J'y ai toujours indiqué que j'étais membre du Chemin. Et, dans tous
mes contacts avec des cabinets de recrutement, on m'a toujours dit que c'était
là que j'étais le plus convaincant. Il n'y a pas de décalage entre ma vie et ma
foi. »
Parcours
43 ans, marié, quatre enfants (8, 10, 13 et 15 ans). Ipag 83 et diplômé du CPA (93). Xerox (83) : chef des ventes. MIPS (87) : leaser/broker. Cortex (89) : directeur commercial. Axime Direct (95) : directeur de marché. Bertelsmann Services (97) : directeur général développement. Passionné de voile, c'est aussi un catholique pratiquant, membre depuis dix-sept ans du Chemin néo-catéchuménal.